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FAUT-IL BRÛLER LES ACCORDS DE SCHENGEN ?
L’enquête sur les attentats terroristes de Paris et Saint-Denis a révélé des failles dans la coopération policière en Europe. Il faut en tirer les leçons. Faut-il pour autant renoncer durablement à des droits fondamentaux et revenir sur des conquêtes emblématiques des citoyens européens ?
Le cas du fameux « PNR » est symptomatique à cet égard. Rappelons que le « Passenger Name Record » ( Registre des noms des passagers ) , pour lequel militent de longue date la Commission européenne et un certain nombre d’Etats membres , vise en fait à ouvrir aux services de renseignement et de police de l’Union européenne, l’accès non pas aux seuls « noms », mais à l’ensemble des données personnelles collectées par les compagnies aériennes auprès de tous leurs passagers circulant en Europe, vers l’Europe ou depuis l’Europe . Il s’agit , outre le nom de la personne, son adresse, son téléphone, la date et la destination du vol, l’itinéraire du voyage, les données de la carte de crédit, ou la nature des bagages transportés, d’informations intimes telles que le type de repas demandé -suivez mon regard…S’ajoute à cela la question des conditions d’utilisation ou de la durée du stockage de cette masse énorme de données privées. En outre, l’efficacité de ce système de surveillance généralisée est très discutable : selon un criminologue spécialisé dans la fraude identitaire, la méthode consistant à utiliser le vrai passeport d’une autre personne , non recherchée , et tenter de ressembler autant que possible à la photo, « ça va marcher plus de 99 fois sur 100 » ! (1) En tout état de cause, présenter le PNR comme LE moyen d’empêcher les attentats terroristes tient de la désinformation .
Plus généralement, les campagnes droitières en faveur du rétablissement durable des contrôles aux frontières nationales dans l’espace Schengen, ou de la réduction de cet espace à un « mini-Schengen » limité à un petit noyau d’Etats proches…au nom de la lutte contre le terrorisme relèvent de l’instrumentalisation sans vergogne des événements dramatiques qui bouleversent nos concitoyens. D’abord, parce que c’est oublier que les criminels du 13 novembre étaient nés et élevés en France ou en Belgique -pays qui ferait partie du « mini-Schengen » en question et avec lequel la coopération policière était jusqu’à présent « considérée comme bonne » (2) . Ensuite, parce que « 90% des personnes qui basculent dans le terrorisme le font par Internet » ( Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur -fin 2014 ) , ce qui relativise la question des frontières. Enfin, parce que l’espace Schengen dispose d’ores et déjà , avec le « Système d’Information Schengen » (le SIS puis le SIS II ) d’un fichier aux dimensions propres à donner le tournis (3) , amplement suffisant pour assurer la « traçabilité des personnes suspectes » ! (4) . Si l’existence de frontières physiques nationales empêchait tout franchissement clandestin, cela se saurait ! Ceux qui ont vécu les « événements » de 1968 se souviennent de la réapparition-surprise de Daniel Cohn-Bendit à Paris après son expulsion de France et son interdiction de séjour dans ce pays. Et pourtant, il n’y avait alors ni Schengen ni « laxisme » du gouvernement en matière de police ! Alors, oui aux mesures de sécurité ; non à la surenchère sécuritaire !
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(1) Christophe Naudin ( « Humanité » – 20/11/2015 )
(2) « Les Echos » – 20/11/2015
(3) Plus de 1,2 million de personnes selon la Commission Nationale Informatique et Liberté (CNIL) -Chiffres de 2009 !
(4) L’expression est d’Arnaud Danjean, ex-président de la sous-commission « sécurité-défense » du Parlement européen ( député « Les Républicains » – PPE )
DES ESPOIRS FRAGILES, MAIS DES ESPOIRS !
Qui l’eût cru : c’est du pays dont le leader est une source infinie de malheur pour tous les peuples de la région que nous arrive un espoir inattendu. Un espoir fragile, mais un espoir ! Il se peut que les élections législatives anticipées provoquées par Benjamin Nétanyahou en Israël le mois prochain nous réservent une bonne surprise…
Non seulement la réélection du pire gouvernement de l’histoire de ce pays est loin d’être évidente, mais il y a des chances sérieuses que ce soit une liste commune réunissant pour la première fois le Parti communiste israélien, ses alliés traditionnels du « Hadash » et les deux partis arabes d’Israël qui devienne la troisième force de la future Knesset ! Si cette prévision -crédible- des enquêtes d’opinion se réalise, ce sera un « tremblement de terre politique en Israël » souligne notre ami Ephraïm Davidi, l’un des dirigeants de ce parti admirable de droiture et de courage !
Faut-il que quelque chose (re)commence à bouger en profondeur dans cette société à nulle autre pareille pour qu’un ancien Président de la Knesset -et religieux affirmé- vienne publiquement apporter son soutien aux communistes , laïques, et alliés pour la circonstance à deux formations arabes ! Il est vrai qu’Avraham Burg, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait preuve depuis longtemps d’un grand attachement à la paix dans la justice et la dignité avec le peuple palestinien. Mais quand même : quel signe ! Ce n’est pas le seul. Ephraïm Davidi, de passage en France, nous a parlé d’événements tout aussi prometteurs sur le plan social : une puissante vague de syndicalisation, notamment parmi les jeunes travailleurs qualifiés; d’impressionnantes manifestations et de mouvements sociaux ,y compris à l’Université; une opposition farouche -et victorieuse- à la privatisation de l’eau, des chemins de fer ou de l’électricité…D’autres indices ne trompent pas: d’anciens officiers se sont rassemblés en nombre, la semaine dernière, à Hebron, pour protester contre l’occupation, tandis que des jeunes prennent le risque de subir 27 mois de prison plutôt que de partir à l’armée. Tout cela ne fait pas encore LE changement, mais on se remet bel et bien à espérer DES changements.
Le même sentiment se lisait sur le visage des Kurdes qui ont afflué en masse le week-end dernier devant le siège du Conseil de l’Europe, à Strasbourg, porteurs de plus de dix millions de signatures demandant la libération de leur leader Abdullah Ocalan, emprisonné en Turquie depuis 16 ans. C’est que la cause kurde vient de gagner la reconnaissance et la sympathie de l’opinion publique internationale ! Le monde entier a salué la résistance acharnée et finalement victorieuse des combattants et des combattantes de Kobané, en Syrie, contre les troupes criminelles, obscurantistes et fanatisées de Daech. Auparavant, ces mêmes forces avaient déjà conquis l’admiration générale en se portant au secours des 200 000 femmes Yézidis directement menacées par le groupe « État islamique » dans le Sinjar irakien. Or ces combattants et ces combattantes kurdes -reçues avec les honneurs, il y a quelques jours, à l’Elysée !- se reconnaissent dans le PKK d’Ocalan ! Il est donc permis d’imaginer que l’Union européenne finisse par retirer ce parti de la liste des « organisations terroristes », voire que le Président turc Erdogan consente enfin à passer des « pourparlers de paix » avec le leader kurde, qui s’enlisent depuis deux ans, à des actes concrets annonçant sa libération prochaine ! Là encore, il existe un fragile espoir .
A l’heure où ces lignes sont écrites, on ne sait s’il est possible d’en dire autant à propos de la recherche d’une solution durable à l’épouvantable conflit ukrainien, ou encore au sujet des difficiles mais décisives négociations de nos amis grecs avec les parrains de la « troïka »…




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