PROCHE-ORIENT : QUELLE « PAX AMERICANA » BIDEN PREPARE-T-IL ?
30 novembre 2023 at 4:28 1 commentaire
« Une solution à deux Etats est le seul moyen de garantir la sécurité à long terme des peuples israélien et palestinien » et la crise actuelle « la rend plus impérative que jamais » : le fait que le Président des Etats-Unis rappelle dans un article du « Washington Post » cette exigence a, à première vue, de quoi nous réjouir, mais le grand flou de son plan interroge sérieusement . S’agit-il d’un simple exercice rhétorique sans lendemain, comme la plupart des dirigeants occidentaux nous y ont habitués depuis 20 ans ? Ou faut-il y voir, au contraire, l’annonce d’un authentique projet du locataire de la Maison Blanche ? Mais alors, de quel projet s’agit-il ? Le Président américain dit vouloir faire en sorte que Gaza ne soit « plus jamais utilisé comme base pour le terrorisme ». Aussi, une fois le Hamas , sinon éliminé, du moins chassé du pouvoir, il suffirait de réunir la bande de Gaza et la Cisjordanie « sous une même structure de gouvernance -à terme, une Autorité palestinienne revitalisée ». En clair, cela reviendrait à rendre cette nouvelle « Autorité palestinienne » responsable de la stabilisation de la société sans que soit tarie la principale source de la déstabilisation de la région : l’occupation israélienne des territoires palestiniens (et toutes les pratiques odieuses et humiliantes qui l’accompagnent ) -un enjeu central pas même évoqué dans l’article de Biden.
Quant à l’autre obstacle crucial à une coexistence pacifique des deux peuples comme à la réalisation de la « solution à deux États » -à savoir les colons- , Joe Biden l’effleure à peine en menaçant d’interdire de visas les plus « extrémistes » d’entre eux, mais sans aborder l’essentiel du problème : le devenir des colonies elles mêmes, dont la prolifération vise précisément à empêcher l’établissement d’un État palestinien viable !
Plus généralement, on ne trouve dans le texte du Président américain aucune référence aux résolutions des Nations-Unies portant sur les frontières du futur État (celles du 4 juin 1967), sur le futur statut de Jérusalem (l’Est sous souveraineté palestinienne, l’Ouest sous souveraineté israélienne), sur la question des réfugiés, sur la souveraineté aérienne des Palestiniens au-dessus de leurs territoires, sur les conditions de la future coopération sécuritaire entre les deux Etats, etc…
Reste enfin à clarifier le sens donné par Biden à ce qu’il appelle « une autorité palestinienne revitalisée ». De fait, rares sont aujourd’hui les Palestiniens contestant l’urgence de changements majeurs tant dans le fonctionnement que dans la direction de cette « Autorité » . À quelle « figure » du peuple palestinien pense-t-il , qui ait la confiance de la majorité des Palestiniens et soit capable de « revitaliser » l’Autorité palestinienne ? À cet égard, un nom émerge : Marwan Bargouthi, à l’autorité inégalée dans toute la société palestinienne. Il s’est toujours dit « en quête d’une coexistence pacifique entre les Etats égaux et indépendants que sont Israël et la Palestine, fondée sur le retrait complet d’Israël des territoires occupés en 1967 ». Qui partage ces principes doit œuvrer à faire libérer « le Mandela palestinien » en prison depuis 20 ans en Israël. S’il en a la volonté politique, le Président des Etats-Unis en a les moyens. Mais comment l’espérer de la part d’un dirigeant qui refuse de demander un cessez-le-feu immédiat à Gaza ?
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1.
Bichon | 10 décembre 2023 à 2:32
On peut néanmoins s’interroger de part la géographie de ce territoire de la viabilité de 2 états sur un aussi petit territoire comme le préconisent les accords d’Oslo. Personnellement il me semble qu’une solution à un seul état multiconfessionnel serait plus viable. Il faudrait pour cela qu’Israël change sa constitution qui proclame un état juif, ce qui, aujourd’hui, crée de fait un apartheid avec d’un côté les citoyens juifs et les autres (souvent musulmans mais aussi chrétiens) et à côté des territoires palestiniens ressemblant au Township d’Afrique du sud et servant de réservoir de main d’œuvre bon marché. Ce changement n’empêcherait pas que figure dans la constitution un droit d’accueil des juifs persécutés du monde qui fût à l’origine de la création de l’état d’Israël mais tous les citoyens de ce nouvel état seraient égaux en droit ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Cela peut paraître un horizon bien lointain aujourd’hui mais ce n’est pas plus compliqué qu’une solution à 2 états qui risque fort de ne pas fonctionner. La solution à un seul état est d’autant plus logique que les palestiniens d’aujourd’hui sont issus pour une bonne part d’entre eux de juifs convertis à l’islam du temps de la conquête arabe. Je rappelle que les sémites sont des peuples qui parle des langues sémitiques dont l’hébreu et l’arabe, les arabes de la péninsule arabique sont aussi des sémites.