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CES RÉFUGIÉS DE LA « NAKBA » QU’ISRAËL BOMBARDE !
À Gaza, où les atrocités s’enchaînent jour après jour, Israël conçoit « le droit de se défendre » comme un permis de cibler des ambulances, des hôpitaux ou une foule de civils dans des camps de réfugiés ! Arrêtons-nous sur ce dernier forfait, à propos duquel l’ONU a évoqué des « crimes de guerre ». En bombardant sauvagement, et à plusieurs reprises, le camp de réfugiés palestiniens de Jaballiya, puis celui de Maghazi, l’armée israélienne a, en effet, franchi un nouveau seuil dans la monstruosité de sa guerre aux populations de Gaza et, par là même, au peuple palestinien dans son ensemble. Il n’est pas superflu de revenir sur l’origine de ces « camps de réfugiés palestiniens » comme sur le calvaire permanent de leurs habitants, que seuls allègent les efforts exceptionnels déployés depuis 75 ans par les Nations unies et les initiatives de solidarité d’associations attachées à la dignité humaine (1).
Rappelons-le donc : ces camps existent du fait l’exode forcé de quelque 700 000 à 750 000 Palestiniens ayant perdu à la fois leur foyer et leurs moyens d’existence durant la guerre de 1948. C’est cette « Nakba » (« catastrophe »en arabe) qui conduisit à la construction dans l’urgence de camps de réfugiés en Cisjordanie (alors annexée par la Jordanie), dans la bande de Gaza (alors occupée par l’Egypte) et dans les pays arabes voisins (Jordanie, Liban et Syrie). Cette situation, qui ne devait être que temporaire, se prolonge jusqu’à nos jours, le « droit au retour » défendu par les Palestiniens et reconnu par les Nations unies (résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU) ayant toujours été récusé par Tel-Aviv. À ces premiers réfugiés se sont progressivement ajoutés plusieurs nouvelles générations. Ils se comptent désormais en millions, répartis en 8 camps à Gaza (dont Jaballiya, avec plus de 100 000 réfugiés, est le plus peuplé), 19 en Cisjordanie et une trentaine en Jordanie, au Liban et en Syrie.
Si les « camps » en question se sont, au fil du temps, transformés, la pauvreté, la précarité et la surpopulation y sont toujours extrêmes. Leurs habitants doivent leur survie à une agence des Nations unies spécialement créée à cet effet en 1949 : l’UNRWA, dont on ne saurait trop louer les services rendus aux populations les plus déshéritées du Proche-Orient. Comme le rappelle son Commissaire général à ceux qui ont tendance à l’oublier : c’est cet « Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient » qui, avec ses milliers de personnels palestiniens -enseignants, médecins, infirmiers, travailleurs sociaux…- gère l’éducation (plus d’un demi-million d’enfants scolarisés chaque jour dans ses 700 écoles), la santé (ses centres de santé dispensent des soins de santé primaires à quelque deux millions de personnes) et les programmes sociaux (notamment l’assistance alimentaire) dans tous ces camps. L’UNRWA accorde en outre des milliers de micro-crédits à des femmes pour créer ou pérenniser une entreprise et devenir financièrement indépendantes. En plus du massacre de tant d’innocents, ce sont nombre de ces réalisations vitales que l’armée israélienne est en train de réduire en cendres ! Puissent les dirigeants qui se réclament des « valeurs » de l’Occident et se disent « préoccupés » par le sort des populations civiles de Gaza tout en refusant d’appeler à un cessez-le-feu, mesurer les effets désastreux de leur hypocrisie !
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(1) Comme l’Association pour les jumelages entre les camps palestiniens et les villes françaises, créée il y a plus de 30 ans par le regretté Fernand Tuil.
POUR ENRAYER L’ENGRENAGE FATAL, CESSEZ-LE-FEU !
Quoi de plus urgent, de plus vital, que d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza ! Maintenant ! Vite ! Avec l’intensification dévastatrice des bombardements et le lancement irresponsable de l’offensive terrestre israélienne dans Gaza ; les tensions explosives entre Israël et le Hezbollah à la frontière libanaise ; le risque d’escalade avec l’Iran; la colère qui gronde dans tout le monde arabe, et, dans ce contexte hautement inflammable, le déploiement renforcé du dispositif militaire américain en plus des deux porte-avions déjà sur zone et de l’annonce par le Pentagone de la mobilisation de 2000 soldats : tous les ingrédients d’un embrasement du Proche-Orient et de ses retombées potentielles dans nos propres sociétés sont réunis. Tout dirigeant politique responsable devrait avoir pour priorité absolue de tenter tout ce qui est en son pouvoir pour enrayer cet engrenage fatal !
Telle n’est manifestement pas la position de la plupart des dirigeants européens, qui ont refusé de répondre à l’appel du Haut-Commissaire des Nations-unies aux droits de l’homme à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza ». Au Conseil européen du 26 octobre dernier, on a compté une petite poignée d’honorables exceptions à cette insensibilité : ce fut le cas de l’Espagne ou de l’Irlande, mais pas de la France, conformément au silence assourdissant d’Emmanuel Macron sur cette exigence primordiale lors de sa rencontre avec le Premier Ministre israélien ! Faute majeure sur le plan humanitaire, cette lâche concession à Netanyahu prive le Chef de l’Etat de toute influence sur la situation et illustre l’abandon progressif, à l’œuvre depuis une quinzaine d’années, des positions dites « gaullo-mitterandiennes » de Paris sur la cause palestinienne et les enjeux cruciaux du Proche-Orient en général. Sans même remonter à De Gaulle -soulignant lucidement après la guerre de 1967 : « Maintenant Israël organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation, qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions… »- ou à François Mitterrand -qui, tout ami d’Israël qu’il fût, sut, dans son célèbre discours de 1982 à la Knesset, briser deux tabous de l’époque en y mentionnant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et en y affirmant le droit du peuple palestinien à un État- , on se souvient des accents de vérité et de dignité de Jacques Chirac à Jérusalem, en 1996 .
Tout bascula avec Nicolas Sarkozy et sa diplomatie brouillonne, velléitaire et, sur le fond, alignée sur les positions dominantes en Occident. La suite est connue et elle n’est pas glorieuse. François Hollande ira jusqu’à dénoncer devant son ami « Benjamin » la « tentation de l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale des Nations unies ce qu’elle n’a pu obtenir par la négociation » ! On doit, certes, à la vérité de dire que , face à la (déjà) terrible guerre de Gaza de l’été 2014, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se distingua positivement de son Président en déclarant, quant à lui, que « le droit d’Israël à la sécurité est total, mais ne justifie pas qu’on tue des enfants et massacre des civils » … Mais, au plus haut niveau, force est de constater que la France s’est inscrite sans vergogne jusqu’à ces derniers jours dans la tendance générale à reléguer l’enjeu palestinien au rayon des « conflits gelés », voire des « affaires classées », quitte à répéter sans conviction des formules rituelles sur « la solution à deux États » -qui ne vaut qu’assortie d’initiatives fortes, au premier rang desquelles la suppression de la garantie d’impunité offerte depuis 56 ans aux occupants et aux colonisateurs des territoires de l’Etat à créer. Ce défi reste haute d’actualité. Mais, dans l’immédiat, est-ce trop demander à ceux qui ont , jusqu’ici, lamentablement laissé faire de crier enfin : CESSEZ-LE-FEU ?




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