LE MONDE SOLIDAIRE AVEC LA PALESTINE !
17 Mai 2024 at 5:58 Laisser un commentaire
143 pour; 9 contre; 25 abstentions : ce score sans appel est celui du vote de l’Assemblée générale des Nations unies, le 10 mai dernier, constatant « que l’Etat de Palestine remplit les conditions requises pour devenir membre » de l’ONU et qu’il « devrait donc être admis à l’Organisation » ! Certes, on est dans le registre du symbole, l’Etat en question étant, indépendamment du résultat de ce vote, loin d’être créé. Mais, en politique -particulièrement dans les relations internationales- il y a des symboles qui portent loin. Rappelons que pour devenir membre à part entière de l’ONU (elle n’a, pour l’heure et depuis 2012, que le statut d’ « État non membre observateur »), la Palestine doit obtenir l’accord d’une majorité des deux-tiers au sein de l’Assemblée générale sur proposition de 9 membres du Conseil de sécurité (dont ses 5 membres permanents : USA, Chine, Russie, Grande Bretagne et France) . En recueillant le soutien de près des trois-quarts des Etats membres de l’ONU, la Palestine affirme donc spectaculairement la légitimité de sa demande et, « a contrario », l’illégitimité du veto américain, principal obstacle au saut qualitatif voulu par l’essentiel de la « communauté internationale ». Au moment où le peuple palestinien subit la pire agression depuis la « Nakba » de 1948, on comprend qu’il s’agit d’un enjeu politique de taille !
Il n’est, dès lors, pas inintéressant de détailler les votes intervenus dans ce contexte inédit. Ainsi, parmi les 9 pays (soit moins de 5% des 193 Etats membres de l’ONU…) ouvertement opposés à la candidature palestinienne, on compte -outre Israël, les Etats-Unis et la petite cohorte habituelle des affidés de Washington (Micronésie, Nauru, Palaos et Papouasie-Nouvelle Guinée)- trois pays : l’Argentine du trumpiste Miley et…deux Etats de l’Union européenne : la Hongrie d’Orban et la République tchèque, dont la ministre de la défense s’était déjà illustrée en octobre dernier en appelant son pays à quitter l’ONU, coupable d’avoir adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu humanitaire à Gaza !
Quant aux abstentionnistes, parmi lesquels -aux côtés de la Grande-Bretagne ou de l’Ukraine- on notera pas moins de 11 pays de l’Union européenne, dont l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Suède, la Finlande et plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, ils ne semblaient pas fiers de leur isolement puisque plusieurs d’entre eux se sont crus obligés de préciser que leur vote « ne doit pas être interprété comme un soutien (…) aux pratiques qui violent le droit international et le droit international humanitaire » (Lettonie) ou d’insister sur leur soutien à la solution à deux Etats (Suède, Roumanie)…Même un allié traditionnel des Etats-Unis comme l’Australie a, cette-fois, tenu à marquer son soutien à la Palestine.
Cette majorité écrasante reflète l’ampleur de l’exigence de justice des opinions publiques, dans toutes les régions du monde, face à ce que l’ambassadeur de la Palestine à l’ONU a appelé les tentatives visant à « effacer (son peuple) de la géographie et de l’histoire ». Ce vote, souligna-t-il, ratifie l’idée, fondamentale, qu’un État palestinien « n’est pas un obstacle à la paix, mais la seule voie qui y mène ». Cette évidence, longtemps répétée comme un slogan sans consistance dans la plupart des chancelleries occidentales, et tenue pour secondaire par maints dirigeants arabes adeptes des « accords d’Abraham », s’impose aujourd’hui comme un défi concret, singulièrement complexe mais visiblement incontournable.
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