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L’IMPUNITÉ POUR NETANYAHU OU LA PAIX AU PROCHE-ORIENT : IL FAUT CHOISIR !
(Article paru dans l’Humanité du 4/10/2024)
Il faudrait avoir l’insensibilité de Netanyahu pour la population civile de Gaza, de Cisjordanie ou du Liban pour ne pas éprouver de la solidarité à l’égard de la société civile israélienne face au traumatisme provoqué par le massacre et la prise d’otages du Hamas, le 7 octobre dernier, qui, en plus de la cruauté de l’acte en lui-même, a ravivé le souvenir des pogromes.
Le pouvoir israélien, lui, a instrumentalisé ce crime et cette tragédie pour justifier plus de 40 000 morts -très majoritairement des civils- à Gaza et, plus généralement, l’apocalypse infligée par son armée à plus de 2 millions de personnes dont des centaines de milliers d’enfants, enfermés dans une prison à ciel ouvert, privés de l’essentiel -eau, nourriture, médicaments, logement- , terrorisés par les bombes et la dévastation de leur lieu de vie. Il a refusé d’appliquer la résolution de l’ONU du 10 juin dernier, pourtant portée par les Etats-Unis et adoptée -pour la première fois, sans aucune opposition- par le Conseil de sécurité, qui prévoyait le cessez-le-feu, la libération des otages et la reconstruction de Gaza.
L’acceptation de ce plan aurait non seulement permis de mettre un terme à la guerre de Gaza mais, par là même, de stopper les tirs de roquettes du Hezbollah . Le problème est que Netanyahu a besoin de la guerre pour conserver le pouvoir, empêcher toute perspective d’une « solution à deux États » et assouvir sa véritable ambition à moyen terme : réoccuper Gaza, annexer la Cisjordanie et dominer toute la région. La même raison l’a conduit à refuser, fin septembre, la trêve de 21 jours avec le Hezbollah proposée par Washington et Paris, appelant a contrario son armée à « poursuivre les combats avec toute la force nécessaire », non sans taxer au passage l’ONU -où il est isolé- d’antisémitisme !
Ce qui n’empêche pas la Maison Blanche de saluer l’assassinat du chef du Hezbollah ni de poursuivre les livraisons d’armes nécessaires aux aventures meurtrières du régime d’extrême-droite ni d’exercer des pressions sur la Cour pénale internationale pour qu’elle renonce à délivrer des mandats d’arrêt contre les deux principaux dirigeants de son allié stratégique. On connaît la suite, mais pas la fin…La violence inouïe de son « règlement de comptes » avec Hassan Nasrallah et des bombardements sans fin sur le Liban -au mépris de la population de ce pays théoriquement souverain- alimentera inévitablement la radicalisation des victimes et la soif de vengeance. Jusqu’où cette escalade irresponsable mènera-t-elle la région ?
Une conclusion s’impose : entre la poursuite de l’impunité garantie au régime le plus hors-la-loi de l’histoire d’Israël et la recherche d’une paix durable au Proche-Orient, il va falloir choisir.
GAZA, LIBAN : L’EFFROYABLE RANÇON DE L’IMPUNITÉ !
« Nous nous dirigeons vers une longue guerre », déplorait la semaine dernière à l’ONU le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, « mais personne ne semble capable d’arrêter Netanyahu, pas même les Etats-Unis ». Non ! L’impuissance a bon dos. Les terrifiantes bombes « bunker buster » utilisées dans les frappes dantesques de ces derniers jours sur Beyrouth et le Sud-Liban provenaient toutes des Etats-Unis. Leurs dirigeants les ont livrées sans relâche, en pleine connaissance de l’usage qui en serait fait, tant à Gaza qu’au Liban ! Le veto protecteur systématique de Washington au Conseil de sécurité pour faire échec à toute tentative d’enrayer l’escalade de la « dévorante machine de guerre israélienne »(« L’Orient-Le Jour ») n’a fait que nourrir l’arrogance et l’irresponsabilité de la « seule démocratie du Moyen Orient » ! Si leur créature échappe aujourd’hui à ses parrains en risquant d’entraîner toute la région dans une guerre totale dont Washington ne voulait pas, il ne s’agit ni plus ni moins que de l’effroyable rançon de l’impunité garantie, en l’occurrence, à la pire équipe de criminels de guerre qu’Israël ait connues.
Cette nouvelle guerre aux développements potentiellement dévastateurs est le résultat d’un an de tolérance sans limite face aux incommensurables exactions de l’armée israélienne à Gaza dont le bilan monstrueux est à rappeler sans cesse ! Plus de 40 000 morts identifiés -dont 16 756 enfants !- ; d’innombrables disparus « présumés morts sous les décombres » ; 100 000 blessés -dont 6168 enfants (Chiffes de l’ONU) ! Une situation humanitaire alarmante : population au bord de la famine; privation délibérée d’eau, de nourriture, de médicaments; dénuement total; exode massif sans fin à la recherche éperdue d’un refuge qui n’existe pas…Rien ne pouvait excuser un tel acharnement barbare contre une écrasante majorité de civils, coupables d’aucun crime ! Et pourtant…
Autant la population israélienne mérite notre solidarité face au traumatisme durable provoqué par l’ignoble massacre et les prises en otage d’innocents par le Hamas le 7 octobre, autant cette déshumanisation, par Israël, du peuple de Gaza, significativement traité d’ « animaux vivants » par le ministre de la défense, exigeait-elle d’emblée des sanctions internationales exemplaires, à commencer par l’arrêt immédiat des livraisons d’armes à Israël et la suspension des relations économiques privilégiées (comme celles induites par l’accord d’association Union européenne-Israël) . Au lieu de cela, Washington, Londres et Berlin ont multiplié les pressions sur la Cour pénale internationale pour éviter la délivrance des mandats d’arrêt demandés par le Procureur de la CPI contre Netanyahu et son ministre de la défense ! Même la simple reconnaissance de l’Etat de Palestine fut jugée « prématurée » sinon « déplacée » par les principaux États occidentaux, à la notable exception d’une poignée de pays européens, mais pas de la France ! Il ne s’agit pourtant que de revenir à la condition essentielle de la sécurité de tous les pays de la région : le respect des droits fondamentaux de chaque peuple, et donc, la fin de l’occupation des territoires palestiniens !
Ils rétorqueront qu’Israël a « le droit de se défendre contre le terrorisme ». Assurément . Mais, que n’ont-ils entendu à temps, à ce propos, les avertissements répétés d’un Abraham Burg, ancien Président de la Knesset : « Les bombes ne font pas la guerre au terrorisme (…) La question que je me pose, c’est si Israël a fait assez en sorte qu’un enfant qui a deux ans aujourd’hui ne se fasse pas exploser dans 15 ou 20 ans ». C’était en 2003 (1)
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(1) Interview au Haaretz (14/11/2003)




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