ISRAEL NE DOIT PAS PARVENIR À DETRUIRE L’UNRWA !
8 novembre 2024 at 6:48 Laisser un commentaire
En adoptant, le 28 octobre dernier, à une écrasante majorité, deux lois prétendant interdir d’ici à trois mois les activités « en territoire souverain » israélien (!) de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), le parlement israélien a commis une infamie sans précédent qu’il faut, coûte que coûte, mettre en échec.
Tout d’abord, rappelons que l’UNRWA n’opère pas en Israël. Si la décision de la Knesset évoque les activités de l’UNRWA « en territoire souverain » israélien, c’est que ses auteurs considèrent que Gaza et la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), font partie intégrante d’Israël ! Cette forme d’annexion implicite est en elle-même scandaleuse et inacceptable. L’obsession de longue date du pouvoir Israélien d’en finir avec l’UNRWA tient précisément au fait que cet organisme -crée au lendemain de la fondation de l’Etat d’Israël pour venir en aide aux Palestiniens chassés de leur terre, dans l’attente d’une « solution juste et durable » du conflit- rappelle en permanence, par son existence même, le « droit au retour » des réfugiés (résolution 194 de l’ONU) et le statut de puissance occupante de Tel-Aviv, ainsi que le fait que celle-ci se soustrait, en plus, à ses obligations de protection des populations soumises à cette occupation.
Si cette interdiction est mise en œuvre, elle aura des « conséquences dévastatrices », prévient le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Ghebreyesus, car il s’agira ni plus ni moins que de la destruction d’une « bouée de sauvetage irremplaçable pour le peuple palestinien ». Selon le grand quotidien de Genève, « Le Temps », Israël envisagerait de substituer à l’agence onusienne des « convois d’aide encadrés par des mercenaires ». Le journal précise qu’un millionnaire israélo-américain partirait favori pour diriger ce « projet pilote » où « se mêlent organismes privés, anciens barbouzes et technologies de reconnaissance faciale a grande échelle » ! (1)
Pour une fois, la réprobation de la décision de la Knesset est quasi-générale, y compris de la part de gouvernements européens hier encore prompts à suspendre leurs financements à l’UNRWA parce que douze de ses employés -sur 30 000 dont 13 000 à Gaza- étaient accusés, sans preuves, par Netanyahu d’avoir pris part à l’attaque du Hamas, le 7 octobre 2023. Ainsi, les lois anti-UNRWA sont-elles vues comme un « un précédent désastreux »par la Belgique; comme « une décision profondément troublante » par le Danemark; comme « une catastrophe humaine » par la Suède; comme « un précédent très grave » par l’Irlande, la Norvège, la Slovénie et l’Espagne, tandis que la France, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, le Portugal et l’Allemagne réaffirment leur soutien à l’agence de l’ONU, jugée indispensable. Mais la simple réprobation de la décision israélienne ne saurait suffire pour venir à bout du projet scélérat en cours, alors même que la situation à Gaza est apocalyptique, en particulier dans le nord où, alertent, dans un appel désespéré, 15 responsables des grandes agences humanitaires de l’ONU, « l’ensemble de la population est exposée à un risque imminent de mourir de maladie, de famine et de violence » ! Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a, pour sa part, fort pertinemment, évoqué la possibilité de porter l’affaire devant la Cour internationale de justice. Si ces circonstances extrêmes ne conduisent pas les alliés inconditionnels des autorités israéliennes à déroger à la règle de l’impunité, alors quoi et quand ?
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(1) Le Temps (30/10/2024)
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