QUE PEUT CHANGER LE MANDAT D’ARRÊT CONTRE NÉTANYAHU ?
28 novembre 2024 at 4:39 Laisser un commentaire
La décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’émettre un mandat d’arrêt contre le Premier Ministre israélien et son ex-bras droit dans la guerre contre les Palestiniens est d’une importance capitale. Ceux qui, aujourd’hui, tentent d’en minimiser la signification et l’impact sont les mêmes qui ont exercé, depuis des mois, des pressions inouïes, assorties de menaces, sur la CPI et ses représentants dans l’espoir de les faire renoncer à l’émission de ces mandats. Le futur chef de la majorité au Sénat américain vient même d’annoncer le vote prochain d’une loi visant à sanctionner la CPI ! C’est dire s’ils mesurent la portée de sa décision.
Certes, dans l’immédiat, celle-ci n’empêchera pas directement Netanyahu, assuré du soutien indéfectible de Washington, de poursuivre la guerre. Et sans doute ne sera-il pas arrêté de si tôt. Elle limitera, en revanche, considérablement ses déplacements, comme c’est déjà le cas du Président russe, mais là n’est pas l’essentiel. Bien plus déplaisant pour l’intéressé va être son nouveau « statut » de paria de la communauté internationale, non plus seulement aux yeux de l’Assemblée générale des Nations unies, mais à ceux de la Justice internationale. Circonstance aggravante : son cas est sans précédent dans la mesure où jamais, depuis sa création en 1998, la CPI -reconnue par 124 États !- n’avait réclamé l’arrestation d’alliés des dirigeants occidentaux et particulièrement des Etats-Unis. Devant le monde entier, l’intouchable est placé devant ses responsabilités. Et pour quelles incriminations : « crime de guerre consistant à utiliser la famine comme méthode de guerre » et « crimes contre l’humanité » tels que des « attaques intentionnellement dirigées contre la population civile » ! Il y a situation plus glorieuse ! Se défendre en accusant le Procureur Karim Kahn, les trois juges et la CPI tout entière d’ « antisémitisme » et en se disant victime d’un « procès Dreyfus » (Netanyahu) ou en prétendant « mener une guerre morale » (Gallant) n’est pas un signe de force…
Le contexte mondial dans lequel ce pouvoir scélérat d’extrême-droite exerçait impunément ses forfaits va nécessairement changer. Ceux des dirigeants arabes qui piaffaient d’impatience de pouvoir normaliser leurs relations avec Israël, sans aucun règlement de la question palestinienne en retour (Accords d’Abraham), vont devoir y réfléchir à deux fois. Le peuple palestinien, ces « animaux humains » (Gallant) et les peuples qui lui sont proches retrouveront un peu d’espoir en constatant cette rupture spectaculaire avec l’insupportable « deux poids-deux mesures » auquel les puissances dominantes les ont habitués. Quant à l’Union européenne, mis à part ses brebis galeuses, la Hongrie d’Orban en tête, elle aura du mal à continuer de fermer les yeux sur les violations flagrantes et répétées aux droits humains les plus élémentaires de leur partenaire privilégié.
En France même, la porte est désormais ouverte à une relance d’un débat de fond de grande ampleur -sans tabou ni complaisance- sur les conditions d’une paix juste et durable au Proche-Orient, qui passe par une remise en cause générale et radicale de la politique de Netanyahu et de ses semblables, par tous les moyens disponibles, hormis la guerre et le terrorisme. Ce débat ne vise pas la société israélienne -il lui appartient de prendre ses responsabilités- mais des dirigeants dont la place est désormais à La Haye.
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