Archive for mars, 2025

 L’EMBALLEMENT GUERRIER  : « PAS EN NOTRE NOM ! »

 Dans sa récente allocution, Emmanuel Macron a délibérément dramatisé la situation sécuritaire -non pas de l’Ukraine où le sort imposé au peuple par l’agresseur russe est effectivement effroyable-  mais de la France. C’est « la France » que la Russie menacerait et c’est notre « patrie » qui nous appelle à l’aide ! Et pour longtemps, puisque c’est toute « notre génération » qui ne connaîtrait plus de réduction des dépenses d’armements telle que celle qu’avait permise la fin de la guerre froide. Jusqu’ici, nous aurions été « innocents », c’est-à-dire naïfs, pour n’avoir pas vu que les 413 milliards d’euros (!) de la loi de programmation militaire française pour la période 2024-2030 n’était qu’une broutille face à ce que la très droitière Présidente de la Commission européenne appelle « un danger clair et immédiat qu’aucun d’entre nous n’a connu dans sa vie d’adulte » ! Heureusement que le Père de la Nation, « Chef des armées » est là pour nous protéger, nous et « nos alliés du continent européen » grâce à nos 290 têtes nucléaires, que lui et lui seul -précise-t-il pour nous rassurer !- peut décider de lancer sur les populations du pays ennemi ! Énorme !

Pourquoi une telle manipulation de l’opinion ? Pour lui faire accepter une nouvelle et dangereuse course aux armements (que même une éventuelle défense européenne hors OTAN ne nécessite nullement) ! Ne nous laissons pas entraîner dans ce piège aux conséquences imprévisibles ! Concentrons-nous sur deux impératifs : d’abord, aider l’Ukraine à défendre ses droits légitimes autrement qu’en prolongeant une guerre désastreuse, dont chacun convient qu’elle ne permettra pas de reconquérir les territoires scandaleusement annexés par la Russie. Et, parallèlement, travailler à créer les conditions de la reconstruction d’une architecture de sécurité du continent européen incluant nécessairement la Russie : un objectif aujourd’hui difficile à réaliser, mais plus indispensable que jamais ! 

Restons dans l’immédiat sur l’urgence absolue :  aider l’Ukraine, c’est agir sans tergiverser pour un cessez-le-feu réciproque suivi de pourparlers de paix. Rappelons que négocier avec Poutine ne veut pas dire entériner ses annexions. Rares sont les Etats qui reconnaîtront ces faits accomplis, totalement contraires au droit international. Ce dont il s’agit, pour l’heure, c’est d’arrêter les massacres et de prévenir toute récidive. À cette fin, les négociations devraient être ouvertes, outre les belligérants, aux pays européens et aux Etats-Unis, très impliqués dans le conflit, mais aussi aux pays du « Sud global » (Chine, Inde, Brésil, Afrique du Sud…) qui, à la fois proches de Moscou et opposés à cette guerre, pourront -pour cette raison- constituer le moyen de pression le plus efficace sur la Russie et, par là-même, la meilleure garantie de sécurité pour les Ukrainiens. Rappelons que le premier article du plan de paix proposé par Pékin (dès février 2023 !) stipulait :  « La souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de tous les pays doivent être effectivement garanties ». Les dirigeants occidentaux ont, deux ans durant, préféré ignorer ces offres de médiation pour privilégier l’option d’une « victoire » militaire. Il est intéressant de se reporter au discours tenu dans la même période (février 2023) par Emmanuel Macron (1) . Le Chef de l’Etat y détaillait la contribution de la France à l’effort de guerre, en soulignant : « Ça, c’est la stratégie assumée dès les premiers jours du conflit (…) et c’est ce que nous allons continuer et renforcer (…) Nous sommes prêts à un conflit prolongé ». Est-ce la difficulté d’ « assumer » aujourd’hui ce choix désastreux qui pousse le Président français et ses alliés européens à leur emballement guerrier ? Répondons-leur en toute clarté : « pas en notre nom ! »

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(1) 59ème Conférence de Munich sur la sécurité (17/2/2023)

13 mars 2025 at 4:35 Laisser un commentaire

GRAVE CRISE ENTRE PARIS ET ALGER : IL FAUT RÉAGIR ! 

« C’est la crise la plus grave entre l’Algérie et la France depuis l’indépendance ! » souligne l’historien Benjamin Stora, qui suit les relations entre les deux pays depuis cinquante ans. Il faut rappeler clairement à toutes et à tous l’origine véritable de cette situation déplorable. Ce n’est pas l’arrestation par Alger et le maintien en détention -intolérable, en effet- de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal : ce type de différend, en temps normal, se règle par voie diplomatique. Le problème de fond n’est pas davantage le refus d’Alger de réadmettre une poignée de ressortissants visés par des mesures d’expulsion de la part des autorités françaises : il s’agit là plutôt d’une conséquence de la crise que de sa cause. Si Alger a pris la décision, symboliquement très forte, de suspendre depuis sept mois la présence de son ambassadeur en France, c’est qu’existe entre les deux capitales un contentieux politique lourd, à savoir  la reconnaissance officielle, en juillet dernier, par Emmanuel Macron, du plan marocain d’autonomie concernant le Sahara occidental comme « seule base de règlement » de ce conflit emblématique (1).

Soulignons que cette position est contraire à celle de l’ONU comme à celle de l’Union européenne : l’une comme l’autre considère le Sahara occidental comme un « territoire non autonome dont le statut final sera déterminé par le résultat du processus de l’ONU en cours », c’est-à-dire l’organisation d’un référendum d’autodétermination. Pour sa part, la Cour internationale de justice a souligné dès 1975 que les éléments fournis parlé Maroc « n’établissaient aucun lien de souveraineté territoriale entre cet État et le Sahara occidental ». En écrivant que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », le Président français savait donc qu’il faisait prendre à la position française sur ce dossier ultra-sensible un tournant radical qui serait reçu en Algérie -par delà les autorités, dans la société elle même-  comme une provocation .

Comme si ce refroidissement sans précédent de nos relations avec l’Algérie ne suffisait pas, des ténors de la droite la plus dure se sont engouffrés dans la brèche ouverte par Macron. Ce fut notamment le cas du Président du Sénat, Gérard Larcher, qui, fin février, renouvela mot pour mot la provocation du Chef de l’Etat, d’abord au Maroc, puis carrément dans la partie occupée du Sahara occidental, que Larcher s’est empressé d’appeler par sa dénomination marocaine : « les provinces du Sud ». Après lui, Bruno Retailleau, suivi du Premier ministre par intérim -tous deux en mission de désamorçage du risque de censure de la part du RN- ont récité leur couplet anti-algérien aux relents colonialistes : dénonciation d’une « humiliation de la France »; ultimatum et menaces en cascade, de l’abrogation des accords bilatéraux de 1968 à la suppression de visas ou/et de l’aide au développement…

Face à cette irresponsabilité et cette indignité, il revient, une fois encore, aux citoyens et aux citoyennes de France de sauver l’honneur du pays en faisant vivre le respect, le dialogue et l’amitié avec le peuple algérien. 

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(1) Par pure coïncidence , cette volte-face de la France fut suivie par la conclusion de 40 accords entre le Maroc et Veolia, Alstom, TotalEnergie, Engie, etc…, pour une valeur de quelque 10 milliards d’euros.

6 mars 2025 at 2:48 1 commentaire

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