Archive for 19 Mai 2025
CACHEZ CES ALERTES RÉPÉTÉES QUE JE NE SAURAIS VOIR…
En l’espace de quelques jours, dans des pays connaissant des situations politiques apparemment aussi différentes que l’Allemagne du très réactionnaire Chancelier Merz, la Grande-Bretagne du travailliste Starmer et la Roumanie du conservateur Iohannis (à la présidence) et du social-démocrate Ciolacu (au gouvernement), se sont successivement produits des chocs politiques inédits, sur lesquels il est opportun de revenir.
5 mai, coup de théâtre au Parlement d’Allemagne : pour la première fois depuis la fondation de la République fédérale d’Allemagne, un Chancelier désigné, bénéficiant officiellement d’une majorité de députés, ne réussit pas à se faire élire au 1er tour. 18 membres issus de sa coalition ont décidé de transformer une pure formalité en camouflet politique retentissant. Pourquoi ?Rappelons que le contrat de législature conclu entre la CDU (droite) et le SPD (sociaux-démocrates) avait suscité un profond malaise chez une partie de ces derniers -notamment les jeunes- en raison de son orientation profondément inégalitaire, de sa fuite en avant militariste et de ses clins d’œil à l’extrême-droite en matière d’immigration. Certains de leurs représentants ont voulu agir en lanceurs d’alerte : réveillez-vous ! Il ne suffit pas de classer l’AfD « groupe extrémiste de droite avéré » pour enrayer la peste brune !
2 mai, séisme politique en Grande-Bretagne : les premières élections (partielles) depuis le retour au pouvoir des travaillistes, en juillet dernier, se sont soldées par un raz-de-marée d’extrême-droite, le parti « Reform UK » de Farage raflant la majorité des postes de conseillers locaux en jeu, s’emparant d’une agglomération de plus d’un million d’habitants et arrachant au Labour un poste de député malgré un mode de scrutin très favorable aux grands partis. Les raisons de cette désillusion manifeste de l’électorat populaire vis-à-vis du pouvoir ne sont que trop évidentes. Après 14 ans de politique conservatrice impitoyable, il attendait autre chose des travaillistes que des coupes budgétaires massives dans les aides aux plus vulnérables, compensées par « la plus forte augmentation du budget militaire depuis le fin de la guerre froide » (Starmer) ! Au feu !
4 mai, panique en Roumanie : cinq mois après l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle et de l’interdiction faite au candidat, d’extrême-droite, arrivé en tête, de se présenter à nouveau, un autre candidat d’extrême-droite triomphe à sa place. Pourtant, sur les points mis en avant par la plupart des responsables politiques roumains et européens pour expliquer ce vote, les deux nationalistes ne tiennent pas le même discours : le premier admirait Poutine, le second l’a qualifié de « criminel de guerre »; l’un combattait l’OTAN et l’UE, l’autre dit « ne pas voir l’avenir de (son) pays en dehors de cette alliance militaire » et ses élus européens siègent aux côtés de la « pro-européenne » Meloni…C’est qu’en fait, c’est avant tout la politique subie par la population roumaine qui fournit aux démagogues leurs arguments les plus convaincants. Avec un salaire moyen de 500 euros et des services publics plus que défaillants, « le risque de pauvreté et d’exclusion (est, en Roumanie) le plus important d’Europe » (Eurostat), tandis que l’ultra-militarisation du pays ( un bataillon multinational sous commandement français y est déployé ) lasse les habitants qui aspirent à vivre en paix. L’absence d’un vrai débat politique fait le reste. Gare au second tour, le 18 mai !
Puissent les forces de gauche permettre à notre propre pays d’échapper à ce funeste destin, en faisant enfin la démonstration qu’elles ont pris la mesure de l’enjeu.




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