Posts filed under ‘Chypre’

TROIS SUCCES DE 2015 A CONFORTER EN 2016 !

wurtz-l-humanite-dimanche2015 restera dans les mémoires comme une année noire . La vie internationale a vu se succéder les pires traumatismes : les monstruosités de « Daech » ( groupe « Etat islamique » ) ; la tragédie syrienne et l’embrasement du Moyen Orient; le drame des réfugiés ; la folie répressive du dictateur turc contre le peuple kurde ; la prolongation de la dangereuse crise ukrainienne; l’acharnement des institutions européennes et occidentales contre le peuple grec…

Il y a eu, pourtant, durant cette même année, quelques avancées qu’on peut légitimement qualifier d’ historiques -comme l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ; l’accord de Paris sur le climat ; ou encore, à mes yeux, l’annonce par l’Organisation Mondiale de la Santé de l’éradication , hautement symbolique , de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest . Il convient d’autant moins de négliger ces espoirs qu’ils appellent beaucoup de persévérance -en 2016 et après- pour être pleinement et durablement concrétisés .

Ainsi, l’aboutissement de douze années de négociations difficiles (en raison des obstacles accumulés de part et d’autre ) entre les représentants de la communauté internationale et l’Iran constitue-t-il en soi un succès très prometteur. Il montre que la résolution des crises internationales les plus complexes passe plus que jamais par la voie de la diplomatie , alors que toutes les aventures militaires menées par ailleurs, durant la même période, ont conduit sous nos yeux à l’échec et au chaos. Mieux, le fait que l’Iran soit à présent associé aux pourparlers sur la Syrie -avec l’accord du grand rival saoudien- laisse espérer l’amorce d’un tournant positif dans la recherche d’une solution politique à ce terrible conflit. Mais, pour autant, fait-on tout ce qu’il faut pour aider l’actuel Président iranien à asseoir son autorité face à ses adversaires ultra-conservateurs, plus que réticents à la politique d’ouverture de Hassan Rohani ? D’importantes élections ont lieu en Iran d’ici trois mois : or, cinq mois après l’accord de Vienne, les sanctions internationales contre Téhéran ne sont toujours pas levées et le peuple n’a toujours rien vu des changements tant espérés. Attention: danger !

La même vigilance s’impose à propos de la COP 21. On ne peut que se réjouir que, pour la toute première fois, 195 pays si différents aient réussi à s’accorder sur un objectif ambitieux et des principes essentiels en matière de lutte contre les dérèglements climatiques ! Mais le revers de la médaille de cette universalité, c’est l’étendue des compromis qu’il a fallu accepter pour l’obtenir. Le résultat final dépendra donc des rapports de force que les mobilisations multiformes réussiront à construire pas à pas. Il faut y veiller !

Enfin, il était émouvant de voir l’explosion de joie provoquée dans les pays les plus touchés par Ebola par la confirmation que cette épidémie, qui a causé plus de 12 000 morts , avait été « vaincue ». Et de fait, il s’agit d’un espoir considérable! Mais , à supposer que le virus d’Ebola s’avère effectivement terrassé, on ne sera sûr d’en avoir fini avec ce type de pandémie que lorsque l’Afrique sera libérée de la grande pauvreté et bénéficiera partout de systèmes de santé dignes de ce nom. On en est loin. Beaucoup d’actions en vue, donc, pour que les fruits tiennent la promesse des fleurs !
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J’AI APPRIS AVEC TRISTESSE LE DÉCÈS BRUTAL DE DENIS PIETTON, DIPLOMATE EXEMPLAIRE, QUE REGRETTERONT TOUS LES AMIS DU PEUPLE PALESTINIEN QUI ONT PU APPRECIER SA DROITURE ET SON COURAGE POLITIQUE COMME CONSUL GENERAL DE FRANCE A JERUSALEM DANS LES ANNEES 2000. IL A FAIT HONNEUR A SON PAYS.

24 décembre 2015 at 10:53 Laisser un commentaire

DIALOGUE PROMETTEUR ENTRE CHYPRIOTES GRECS ET TURCS

wurtz-l-humanite-dimancheIl y avait beaucoup d’attention et d’émotion, le 21 octobre dernier, dans la salle du groupe de la « Gauche Unitaire Européenne » (GUE-NGL ) au Parlement européen : pour la première fois, deux leaders politiques parmi les plus représentatifs de chacune des deux grandes communautés -grecque et turque- de Chypre y dialoguaient ensemble, trois heures durant, avec des dizaines de représentant-e-s de la société chypriote dans toute sa diversité.

L’initiative de cette belle rencontre revient au parti AKEL, le très influent parti communiste de la République de Chypre. Travailler au rapprochement des différentes composantes de la population chypriote est une constante de la stratégie de cette formation, majoritairement -mais non exclusivement- composée de Chypriotes grecs. Elle tire en partie son audience exceptionnelle de son combat , ininterrompu depuis l’invasion turque de 1974, en faveur de la réunification du pays et de l’égalité politique entre ses communautés , séparées depuis 41 ans.

Ce parti est membre de notre groupe GUE-NGL depuis l’entrée de la République de Chypre dans l’Union européenne, en 2004. Les habitants de la partie occupée, eux, ne peuvent pas, en revanche, envoyer de député à Strasbourg et Bruxelles, car leur entité échappe à la souveraineté de la République de Chypre. L’événement , cette fois, était donc la présence conjointe, au Parlement européen, du Secrétaire général d’AKEL, Andros Kyprianou, et du Président du Parti républicain turc, de la partie Nord de l’île, Mehmet Ali Talat, qui fut, jusqu’en 2010, le premier dirigeant de la communauté chypriote turque.

Pour qui a suivi, en ce temps-là, l’actualité de cette île politiquement ultra-sensible au cœur de la Méditerrannée , Monsieur Talat n’est pas un inconnu. C’est lui qui négocia, sous l’égide des Nations-Unies, de 2008 à 2010, avec le Président -communiste- de la République de Chypre, Demetris Christofias, pour tenter de parvenir à un accord ouvrant la voie à une réunification de Chypre. Tâche éminemment complexe ! D’abord, en raison des différends accumulés qui touchent à des problèmes clés : répartition du territoire; partage du pouvoir; structure du futur Etat; garanties démocratiques; droits des réfugiés sur leurs propriétés situées dans « l’autre » partie de l’île; relation à l’Union européenne et à ses règles; questions économiques; enjeux sécuritaires…Ensuite, et surtout, du fait de l’opposition de la puissance occupante -l’Etat turc , ses colons et …ses quelques 40 000 soldats présents sur ce petit territoire- à toute idée d’émancipation de son « bébé » ( dixit Erdogan ! ) . Au terme de leur mandat respectif, Christofias et Talad n’en parvinrent pas moins à un ensemble de « Convergences » sur des points majeurs .

Gelées depuis cinq ans, suite à la victoire des nationalistes dans la partie Nord de l’île, les négociations reprennent aujourd’hui avec l’arrivée à la tête de la communauté chypriote turque d’un nouveau leader , Mustafa Akinci, visiblement favorable à la réunification en même temps qu’apparemment décidé à résister à l’obsession hégémoniste du Président turc. C’était donc le bon moment pour rappeler l’acquis des négociations en 2010 , comme base de départ pour de nouvelles avancées, qu’on espère, cette fois, décisives et incontournables, y compris pour le dangereux maître d’Ankara.

29 octobre 2015 at 11:32 Laisser un commentaire

REFONDATION DE L’EUROPE, AN 1 ?

wurtz-l-humanite-dimanche Il y a un avant et un après 5 Juillet 2015. Le séisme politique qui vient de se produire en Grèce -et de se propager à toute l’Europe !- vient de loin. Chacun pouvait -à moins de se voiler la face- constater au fil des dernières années que la construction européenne s’enfonçait sous nos yeux dans une crise existentielle. Le fossé ne cessait de s’élargir entre la petite caste dirigeante des institutions actuelles et la majorité des citoyens. Le caractère intenable , à terme, d’un tel hiatus était si évident que même le Président de la Commission européenne avait, le jour de son investiture, en 2014, évoqué , en parlant de son mandat de cinq ans, de « Commission de la dernière chance ».

Pour une partie de la gauche -en particulier le Parti communiste français, le Front de gauche et le Parti de la Gauche européenne ( dont Alexis Tsipras fut vice-président jusqu’à son élection )- il était de longue date évident qu’une « refondation » de toute la construction européenne était la seule issue positive à cette dramatique impasse. Il était clair pour tous que cette transformation radicale ne pourrait se frayer son chemin qu’au travers d’affrontements politiques extrêmement durs avec les tenants du pouvoir, tant au niveau des institutions européennes qu’à celui des Etats membres. Nul ne s’attendait à ce que ce combat -car c’en est nécessairement un , eu égard aux enjeux colossaux qui opposent les tenants de l’ordre libéral aux partisans d’une alternative progressiste- aboutisse à un illusoire « grand soir ». Il connaîtra , disions-nous, des succès et des revers et avancera par des ruptures progressives, plus ou moins profondes. Où et comment émergeraient les secousses capables d’ébranler le molosse , nul ne pouvait le prédire. Il revenait à chaque force politique favorable à cette issue « d’encourager les citoyens à contester les fondements de classe et de domination des peuples qui ont fait de l’Union européenne ce qu’elle est progressivement devenue ». (1) Après, rien n’était écrit d’avance : l’expérience nous apprend que l’étincelle a souvent lieu là où on ne l’attendait pas.

Ce fut encore une fois le cas cette fois-ci avec, dès le scrutin européen de mai 2014, l’irruption foudroyante de Syrisa, puis sa victoire historique du 25 Janvier 2015 et enfin la révélation des qualités de véritable homme d’Etat de gauche du nouveau Chef du gouvernement grec -« personnage tout à fait exceptionnel en ce sens qu’il essaie, avec une grande force, de tenir ses promesses » ! (2) Admirable peuple grec qui, après avoir su éviter les pièges mortels qui lui étaient tendus , en choisissant de porter au pouvoir une authentique force de gauche, vient de résister aux innombrables sirènes de la capitulation en votant NON ! Chacun en est conscient : la nouvelle étape ouverte par cette belle victoire de la démocratie sur la loi de l’argent et la morgue des puissants s’annonce encore plus impitoyable que la précédente. Quiconque aspire à un vrai changement en Europe a désormais vis-à-vis de ce peuple et de ses dirigeants un immense devoir de solidarité. N’oublions pas qu’en se mobilisant pour leurs droits et leur dignité, nos amis grecs sont au tout premier rang d’un engagement qui nous concerne tous . Il dépend des Européens dans leur ensemble de faire de 2015 l’An 1 de la refondation de l’Europe.

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(1) « Refonder l’Europe -Contribution au débat et à l’élaboration par les communistes d’un nouveau projet européen » (16/11/2013)
(2) Costa-Gavras, grand cinéaste franco-grec (« Le Monde » – 5/7/2015)

9 juillet 2015 at 9:24 Laisser un commentaire

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