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LA PALESTINE, ENCORE ET TOUJOURS !
Pas une semaine ne se passe sans exactions de la part de l’armée ou des colons israéliens en Palestine : à Gaza; en Cisjordanie; à Jérusalem-Est ! Les attaques sont si continues qu’elles sont banalisées, tant par la plupart des dirigeants que par les grands médias européens. Pour sortir de cette insupportable inertie, informer encore et toujours nos concitoyennes et concitoyens sur le quotidien du peuple palestinien est une exigence de vérité et un devoir de solidarité. C’est surtout la condition à remplir pour faire apparaître au grand jour l’effondrement moral des alliés honteux de Netanyahu et de ses semblables afin de les placer face à leurs responsabilités. Bref rappel :
Plus de deux mois après l’ accord de « Cessez-le-feu » à Gaza et l’adoption du « Plan de paix » adoubé par le Conseil de sécurité de l’ONU, les bombardements israéliens se poursuivent, causant plus de 350 morts palestiniens, tandis que l’aide humanitaire reste dramatiquement insuffisante. Contrairement aux engagements du « Plan » en question, dont la deuxième phase prévoyait le retrait total de l’armée occupante, le pouvoir israélien a annoncé que celle-ci se maintiendrait sur la « ligne jaune », privant la population de 50% d’un territoire surpeuplé. Quant à la « force internationale » censée assurer sous peu la sécurité des Gazaouis, nul ne connaît sa composition ni ses règles d’engagement. Ne laissons pas, peu à peu, oublier le génocide des Gazaouis ni la destruction d’un territoire au patrimoine vieux de 5000 ans, objet de spéculations obscènes sur son avenir. Comme le soulignait après le cessez-le-feu un appel publié par « Times of Israël » sous le titre « Des personnalités juives et israéliennes exigent des sanctions contre Israël »: « Le risque de revenir à une réalité politique d’indifférence face à l’occupation et au conflit permanent est trop grand ». (1)
Cela vaut pour les Palestiniens et Palestiniennes de Cisjordanie dont le sort est occulté depuis des mois par l’enfer de Gaza. Le Secrétaire général des Nations unies vient de sonner l’alarme à propos du doublement en un an (et du quadruplement en trois ans) de la construction de colonies israéliennes sur ce territoire, soit un record de près de 50 000 logements supplémentaires construits en 2025, et destinés à menacer toujours plus la viabilité d’un futur État de Palestine ! Plus de 500 000 colons vivent aujourd’hui en Cisjordanie occupée et y sèment une violence en augmentation « alarmante » selon Antonio Gutteres ! Et nos grandes démocraties occidentales se taisent et regardent ailleurs.
Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël en violation absolue du droit international, n’échappe pas aux forfaits commis dans le reste de la Cisjordanie. Le dernier en date est la pénétration de force des occupants dans les bureaux de l’Agence de l’ONU chargée du soutien aux réfugiés palestiniens -l’UNRWA- dans la partie palestinienne de la ville, le 8 décembre dernier. Furieuses d’assister au renouvellement du mandat de 3 ans à cette Agence par un vote massif de l’Assemblée générale des Nations unies, les autorités occupantes ont saisi du matériel de l’UNRWA et retiré le drapeau onusien pour le remplacer par le drapeau israélien !
La solidarité avec le peuple palestinien, c’est maintenant !
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(1) Times of Israël (23/10/2025)
EUROPE : NOUVEAU « RÈGLEMENT DE LA HONTE »
En pleine période de célébration de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tandis que Donald Trump prédisait à l’Europe la perspective d’un « effacement civilisationnel » en raison de sa politique migratoire, prétendument trop laxiste, les représentants du Parlement européen et ceux des Etats membres étaient, quant à eux, en train de négocier le contenu final d’une nouvelle réforme migratoire scélérate, durcissant encore les règles existantes, qui ne brillaient pourtant pas par leur humanité.
Il s’agit d’un règlement destiné à remplacer un texte de 2008, qualifié à l’époque par toutes les organisations de défense des droits humains de « directive de la honte ». Celle-ci prévoyait notamment l’harmonisation des lois des pays de l’Union européenne sur la durée de rétention des demandeurs d’asile, le temps de statuer sur leur sort : un titre de séjour ou l’expulsion. La durée maximale de rétention autorisée (qui était alors de 32 jours en France) fut portée… à 18 mois .
17 ans plus tard, le nouveau texte témoigne d’une radicalisation tous azimuts. D’abord, il s’agit cette fois, non d’une directive -modifiable, partiellement, par les parlements nationaux- , mais d’un règlement, directement applicable tel quel dans le droit national. Ensuite, la durée maximale de rétention (passée entre-temps en France à 90 jours) pourrait désormais être prolongée légalement jusqu’à 2 ans ! Enfin, tous les moyens sont bons pour faciliter « le retour » des personnes ayant demandé sans succès l’asile dans un pays de l’Union européenne. Le « retour » où ? Pas nécessairement le pays d’origine de la personne concernée. Ainsi est-il prévu la création de « centres de retour », hors de l’Union européenne, vers lesquels pourraient être expulsées des personnes en séjour irrégulier dans l’attente de leur renvoi dans leur pays d’origine ! La Grande-Bretagne avait inauguré cette pratique scandaleuse -et très coûteuse- par un accord avec le Rwanda; la « post-fasciste » Georgia Meloni tente, contre la décision de la justice italienne, d’en faire autant avec l’Albanie. « Ce projet consacrerait la déresponsabilisation de l’Union européenne et de ses Etats membres, qui s’affranchirait entièrement du respect des droits fondamentaux, indispensable dans toute mesure de privation de liberté dans un État de droit » a souligné l’association « France, terre d’asile », qui qualifie ce texte d’ « attaque sans précédent contre les droits fondamentaux des personnes étrangères » (1).
Le règlement impose, en outre, aux Etats membres la mise en place de mesures pour détecter les personnes séjournant irrégulièrement sur leur territoire, au risque de voir s’étendre le profilage racial et les traitements discriminatoires, alerte la Cimade. Quant aux pays du Sud qui bénéficient de longue date de préférences commerciales -comme celle d’exporter leurs produits de base vers l’Union européenne sans avoir à acquitter de droits de douane ou des taxes très réduites- , ils ont été avertis que ces préférences seraient, à partir du 1er janvier 2027, conditionnées à leur coopération en matière de contrôle migratoire et de réadmission de leurs ressortissants expulsés d’Europe. Enfin, sur la tragédie des migrants naufragés en Méditerranée : pas un mot.
Pourquoi de telles régressions éthiques de la part d’une Europe si fière de ses « valeurs » ? C’est le Commissaire européen à la migration, Magnus Brunner, lui-même, qui nous l’explique : « Nous devons regagner la confiance des citoyens » ! (2) En s’alignant sur l’extrême-droite ? Trump appréciera.
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(1) Communiqué du 18/11/2025
(2) Interview à Euronews (2/12/2025)
ALERTE ROUGE : LA SOLIDARITÉ INTERNATIONALE EN PÉRIL !
« Pour les ONG françaises de solidarité internationale, la chute historique de l’aide publique au développement a conduit cette année à l’arrêt de 1300 projets de coopération, qui touchent directement 15 millions de bénéficiaires dans le monde et se traduit par le licenciement de 10 000 personnes chargées de mener à bien ces projets ! Et ces chiffres sont sans doute déjà dépassés à l’heure qu’il est ! » Le constat d’Olivier Bruyeron , président de « Coordination Sud » -qui représente plus de 180 organisations de solidarité internationale- est accablant. Après une première coupe à la hache de 39% dans le budget de 2025 par rapport à 2024, l’adoption du projet de budget 2026 du gouvernement conduirait à une chute de plus de 50% de la mission « Aide publique au développement » des ONG -soit quelque 3 milliards d’euros- en l’espace de deux ans ! Cette fragilisation sans précédent des organisations de la société civile , encore accentuée par le licenciement forcé de nombre d’acteurs et d’actrices de la solidarité, se traduira inévitablement par un lourd déficit de soutien aux populations les plus vulnérables.
Cette régression aux conséquences dévastatrices sur le terrain est en contradiction radicale avec les engagements solennels du Président de la République comme avec les votes unanimes des députés et des sénateurs ! Ainsi, le 4 août 2021, le Parlement adoptait, sans aucune voix contre, une « loi de programmation » (planifiant des dépenses sur plusieurs années) relative au « développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales ». Quant au Chef de l’Etat, il s’est adressé aux Françaises et aux Français, le 5 mai 2023, pour leur expliquer pourquoi « la France doit donner l’exemple » en la matière : « En luttant contre la pauvreté dans le monde, rappelait-il fort justement, nous luttons contre les causes profondes des guerres (…), nous incarnons nos valeurs (…), nous investissons dans notre sécurité collective ». Et d’annoncer « plus de moyens pour les pays vulnérables » ! Depuis, le nouveau mantra de l’Elysée est l’ode à la militarisation de la société jusqu’au « sacrifice de ses enfants »…
Ce lâche abandon, calqué sur celui de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne en plus de celui, particulièrement féroce, des Etats-Unis, a d’ores et déjà un coût humain colossal. Coordination Sud relève que « Les coupes américaines seules pourraient entraîner plus de 1,6 million de morts liées au VIH et 550 000 à la malnutrition » selon le New York Times. D’après une enquête menée par l’Organisation mondiale de la santé auprès de 108 pays, les baisses enregistrées ont eu pour conséquence « une réduction pouvant atteindre 70% des services essentiels : soins maternels, vaccination, préparation et réponse aux urgences, surveillance des maladies ». Plus de 50 Etats signalent aussi des pertes d’emplois dans le secteur de la santé et l’interruption de programmes de formation (1). On frémit en imaginant l’étendue du désastre supplémentaire imputable à la France et à l’Europe…
C’est dire s’il faut relayer avec force l’alerte rouge lancée par les organisations de solidarité internationale, jusqu’à rendre intenable l’irresponsable position de nos décideurs.
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(1) ONU Info: « Aide internationale en recul : l’OMS plaide pour un financement durable de la santé » (3/11/2025)




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