LES « MOUTONS NOIRS » DE 2005 ONT FAIT DES PETITS…

27 Mai 2010 at 8:49 Laisser un commentaire

29 mai: cela fait cinq ans qu’une majorité de Françaises et de Français a rejeté le projet de Traité constitutionnel européen,à l’issue d’un débat démocratique exceptionnel.Jacques Chirac avait alors cru pouvoir prédire que ce choix allait faire de ces rebelles à l’Europe libérale les « moutons noirs » de l’Europe.Cinq ans plus tard,ce qui apparaitrait plutôt,c’est que ces moutons noirs ont fait des petits…Cette Europe-là ne passe plus.Ses défauts essentiels,que nous dénoncions hier,sautent aux yeux aujourd’hui-malheureusement au travers de douloureuses épreuves imposées au plus grand nombre.

Prenons la question fondamentale de l’hyper-dépendance aux marchés financiers,symbolisée par une Banque centrale européenne (BCE)conçue pour les séduire au détriment du développement social.Aujourd’hui,chacun peut voir où conduit l’irresponsabilité d’un système européen qui interdit toute « entrave » à la libre circulation des capitaux et refuse tout financement du développement social qui court-circuiterait ces marchés.Le Commissaire européen Michel Barnier reconnait lui-même que le marché des « produits dérivés »-ces produits financiers sophistiqués qui sont au coeur de la financiarisation débridée du capitalisme mondialisé – représente une force de frappe colossale,à savoir 600 000 milliards de dollars,soit près de 20 fois…l’équivalent du PIB (ensemble des richesses produites en une année) de l’Union européenne et des Etats-Unis réunis! Or,précise-t-il, »80% (de ces produits financiers)échappent à tout contrôle »! C’est bien pourquoi nous demandons que la BCE,par création monétaire,finance à des conditions favorables une partie des dépenses publiques de développement social des Etats membres,réduisant d’autant le pouvoir exorbitant et dangereux des marchés financiers.

La même observation vaut pour la conception et le fonctionnement du « grand marché » européen.Nous n’avons cessé de dénoncer sa règle d’or:la « concurrence libre et non faussée »qui conduit chaque Etat membre à tenter d’enfoncer le voisin au nom de la course à la « compétitivité »:c’est à qui attirera le mieux les « investisseurs » ou ravirra le plus de parts de marché à l’export,en écrasant ses coûts salariaux et en abaissant toujours plus l’impôt sur les sociétés.Aujourd’hui,même l’ancien Commissaire européen Mario Monti,véritable croisé de la concurrence,doit en convenir: »le grand marché prend l’eau(…)Il existe une vraie contestation. »Tirons-en les leçons! La raison d’être d’une Union est la coopération pour le développement mutuel,non la guerre économique pour la domination.

Enfin,nous remettons depuis toujours en cause un vice démocratique majeur de l’actuelle construction européenne:celui qui consiste à soustraire au choix des citoyens des décisions stratégiques -en particulier économiques- qui déterminent leur avenir.Nous ne voulons pas d’une BCE  indépendante,d’une Commission inaccessible,d’une Cour de Justice toute-puissante,le tout découlant d’un modèle libéral gravé dans le marbre des traités.Voilà encore un trait constitutif de l’actuelle Europe qui montre aujourd’hui,au grand dam de nombre d’Européens,jusqu’où il peut pousser le déni de souveraineté populaire si l’on n’y met le holà.De la prétention à imposer un examen préalable du budget de chaque Etat, à Bruxelles,avant son adoption par le Parlement national concerné jusqu’au projet de faire inscrire dans chaque Constitution nationale l’obligation de réduire les déficits publics -au nom d’une « culture de la stabilité » que Madame Merkel juge « non négociable »-, voilà de quoi faire réfléchir aux transformations nécéssaires du modèle europén actuel bien des gens qui avaient,un moment,cru que,pour le traité de Lisbonne,c’était la démocratie citoyenne qui n’était pas négociable…

Oui,la contestation de ce modèle enfle à vue d’oeil.Reste l’essentiel:mener la bataille d’idées sur ce qu’il faut changer et comment le faire.Mais les choses bougent à cet égard aussi.Des tabous tombent en série.Et surtout,des consciences progressent:le récent  positionnement de la Confédération des syndicats allemands (DGB) en est une très encourageante illustration(1).Ce n’est,à coup sûr,pas le moment de baisser les bras.

Chronique pour l’Humanité  Dimanche  27/05/2010

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(1)
« les finances publiques doivent être découplées des marchés financiers.C’est la raison pour laquelle nous avons besoin d’une banque publique européenne pour les emprunts publics.Elle achète les emprunts d’Etat, les place en garantie à la Banque centrale européenne et obtient pour cela de l’argent frais bon marché de la BCE. Elle dirige cet argent assorti de bas taux d’intérêt vers les Etats membres. »

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Schuman, réveille-toi : ils sont devenus fous ! HALTE AU POISON NATIONALISTE!

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