DES « FRAPPES CIBLEES », C’EST LA GUERRE !
12 septembre 2013 at 4:17 1 commentaire
La presse alsacienne rappelait fort opportunément, ces jours-ci, une page d’histoire peu connue (mais dont j’ai personnellement entendu maintes fois le récit durant mon enfance par celles et ceux qui l’ont vécue dans leur chair). (1) Il y a 70 ans,presque jour pour jour, le 6 septembre 1943, les habitants d’un faubourg de Strasbourg proche de la frontière allemande, le quartier de Neudorf, ont eu la stupéfaction de constater qu’au martyre de l’occupation militaire nazie et au traumatisme de l’annexion au troisième Reich venait subitement de s’ajouter le choc d’un intense bombardement…par l’aviation américaine. 574 bombes, dont certaines à fragmentation, furent larguées sur un petit périmètre, tuant 194 personnes et détruisant 175 immeubles. Certains crurent à une « bavure ». Hélas,durant toute une année, d’autres bombardements américains – quatre exactement- ont terrifié la population strasbourgeoise, faisant au total plus de 1000 victimes et anéantissant un cinquième des immeubles de l’agglomération. Comment expliquer ce dramatique paradoxe: une armée occidentale terrorisant une population victime de l’agression hitlérienne ?
Les forces américaines ne projetaient évidemment pas de s’en prendre à des innocents, qu’elles avaient, au contraire, pour mission d’arracher aux griffes des nazis. Leurs « frappes ciblées » – sur des voies ferrées, des dépôts de pétrole, des usines stratégiques…- devaient affaiblir l’ennemi et, par là même hâter le retour à la paix dans la liberté. Ce n’est pourtant pas ainsi qu’elles furent vécues par la population. D’abord, parce qu’aucune cible visée n’est « hors sol »: il s’ensuit les tristement fameux « dégâts collatéraux ». Mais il y a plus grave encore: très au-delà des victimes directes de telles « frappes », c’est toute une population qui en est meurtrie et en conserve une blessure durable. Dans le cas déjà cité, les témoins de ces épreuves se rappellent encore avec émotion au soir de leur vie « la violence du choc, le sifflement des bombes, les cratères profonds comme des lacs, les débris de verre, les cadavres jonchant le sol, les cercueils de fortune, la poussière dense du ciment qui s’engouffre dans les bouches et a raison du soleil… »(2) Il y a, dans ces souvenirs douloureux, une leçon de vie à méditer. Y compris en ce moment même où il est tant question d’ « intervention militaire limitée » (John Kerry) ou de « riposte proportionnée, limitée, ciblée »(François Hollande) pour « punir » un tyran et venir en aide au peuple…
On objectera que comparaison n’est pas raison. C’est parfaitement vrai: 2013 n’est en rien 1943! Des actes peut-être difficiles à éviter hier quand il s’agissait de terrasser coûte que coûte le nazisme ne peuvent se justifier aujourd’hui face à une guerre civile qui n’a pas de solution militaire. On croit « punir » un despote cynique et cruel, mais on risque d’ envenimer encore les souffrances du peuple, voire d’embraser la région. On sait trop bien de nos jours dans quels engrenages immaitrisables peut nous entrainer une intervention prétendument « limitée » pour ne pas proscrire sa banalisation.
Appelons donc les choses par leur nom: des « frappes ciblées », c’est la guerre !
(1)Valérie Walch (DNA 6/9/2013) présentant le livre de Richard Seiler: »Objectif Strasbourg »(Editions de la Nuée Bleue.)
(2) ibidem
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1.
jacques levillain | 13 septembre 2013 à 3:02
A sotteville les rouen les avions americains ont bombardés la gare de triage, volants trop hauts pour un lacher précis ils ont touchés les quartiers d’habitations résultat 600 victimes civiles;