LE « BREXIT » EN PLEIN BROUILLARD
22 février 2018 at 11:47 Laisser un commentaire
La confusion la plus totale règne au 10, Downing Street…Depuis le vote en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, il y a…18 mois, non seulement rien n’est réglé, mais une incroyable pagaille paralyse le gouvernement de Londres . Un jour, la Première Ministre, Theresa May, semble rechercher un accord amiable avec l’UE ; le lendemain, son ministre des Affaires Étrangères, le fantasque Boris Johnson, annonce une rupture absolue avec Bruxelles. Parfois, c’est la Cheffe du gouvernement elle-même qui se contredit à trois jours d’intervalle. Ce fut notamment le cas sur la très épineuse question du statut futur de l’Irlande du Nord. Cette province irlandaise, aujourd’hui rattachée au « Royaume-Uni » mais étroitement liée à la République d’Irlande (pays membre de l’UE) depuis l’accord de paix historique de 1998, va-t-elle à nouveau voir se fermer la frontière avec l’Irlande quand la Grande-Bretagne aura quitté l’UE ? Non, répond Theresa May le 4 décembre dernier, dans un document officiel, car elle bénéficiera d’un « alignement règlementaire complet » sur l’UE. Oui, corrige May Theresa le 7 décembre dans un autre document officiel, « la totalité du Royaume-Uni, y compris l’Irlande du Nord, quittera l’Union douanière et le marché unique européen (et) ne sera plus sous la juridiction de la Cour européenne de Justice » !
C’est que la Grande-Bretagne tout entière est aujourd’hui divisée sur la question du « Brexit ». Une courte majorité semble désormais pencher en faveur du maintien du pays dans l’UE. Beaucoup rêvent d’un nouveau référendum corrigeant le premier. Mais cela est politiquement indéfendable. Un récent rapport interne du gouvernement britannique -caché aux parlementaires mais qui a fuité dans la presse- a accentué cette ambiance de chaos en tablant sur un affaiblissement sensible de l’économie du pays, du fait du « Brexit », dans les années à venir. La réplique des partisans les plus durs de la sortie de l’UE à ce risque est le projet diabolique de transformer le pays en paradis fiscal propre à séduire les partisans de « l’optimisation » des taxes et des impôts. Un coup de poker redoutable pour les pays voisins comme pour les classes populaires britanniques, qui seraient les premières à être sacrifiées sur l’autel de cette course à l’ hyper-compétitivité .
Pour le moment, nous n’en sommes par là. Les négociateurs britanniques en sont toujours à négocier une période de transition de près de deux ans après la sortie de l’UE . Durant cette période, Londres s’engagerait à continuer de respecter toutes les règles européennes sans plus avoir aucune voix au chapitre -ni ministre ni commissaire ni parlementaire européen- afin de tenter de digérer d’ici fin 2020 leur grand saut dans l’inconnu…Quant au type de relations , notamment économiques, que les Britanniques entendent entretenir avec leurs futurs ex-partenaires européens, il est, pour l’instant, comme le reste, en plein brouillard, si ce n’est de réclamer le beurre et l’argent du beurre : les avantages du « grand marché » sans l’accueil des « étrangers » européens ; sans contribution au budget de l’UE; et sans avoir à respecter des normes environnementales ou sociales européennes (jugées encore trop élevées ! ) …Peut-être en saurons-nous davantage après le discours de référence de Theresa May annoncé comme imminent. De quoi faire réfléchir ceux qui pensent qu’ « il n’y a qu’à » sortir de l’UE pour changer notre avenir.
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