Archive for 21 septembre 2023

UKRAINE : UNE PAIX NÉGOCIÉE EST-ELLE POSSIBLE ?

 La guerre en Ukraine « se prolongera en 2024, voire 2025 » a estimé le général Jacques Langlade de Montgros, responsable de la direction du renseignement militaire français. Sceptique dès le mois de juillet dernier quant aux effets de la « contre-offensive  » ukrainienne, il a averti que « ce conflit est une guerre d’usure s’inscrivant résolument dans le temps ». Les dirigeants européens semblent avoir intégré cette perspective dans leur stratégie. Leur seul espoir est de réduire cette durée en livrant à Kiev des armements toujours plus  « performants » et des munitions en quantité toujours accrue, autrement dit en intensifiant l’escalade militaire jusqu’à  -escomptent-ils-  faire capituler l’ennemi. 

Le problème est que ce pari, lancé il y a…17 mois, s’est traduit jusqu’ici, non par un rapprochement de l’issue de la guerre mais par son éloignement. Lorsqu’il s’écria, le 25 avril 2022, (avec un lapsus révélateur) :  « Nous croyons que nous pouvons gagner cette guerre… », puis, se reprenant : « nous croyons qu’ils peuvent gagner cette guerre,… s’ils ont les bons équipements », le ministre américain de la défense, le  général Austin, avait-il envisagé  que 500 jours, 500 000 victimes et 150 milliards de dollars d’ « équipements » plus tard, aucun des deux belligérants ne semble  près de « gagner » ? Où faudrait-il fixer la limite de cette fuite en avant ? Faute de « victoire » décisive et de reconquête de « tous les territoires occupés », au bout de quelle durée de combats  meurtriers , de quel nombre de morts et de blessés, de quels seuils de l’escalade des armements, acceptera-t-on de considérer que cette stratégie est une impasse ?  A partir de quel type d’incident admettra-y-on qu’il est temps de dire STOP, avant que ne se produise, par exemple en Crimée de la part des Ukrainiens ou dans une zone frontalière d’un pays membre de l’OTAN de la part des Russes, le « dérapage » de trop ?Il est déplorable qu’aucun dirigeant européen -y compris français- n’ose déclarer ce que le Chef d’état-major des armées des Etats-Unis, le général Milley, l’officier le plus haut gradé du pays, 

 lui-même, avait affirmé dès novembre dernier, quitte à contredire son ministre et son Président : « Il peut y avoir une solution politique où, politiquement, les Russes se retirent, c’est possible » ! Comment faire pour tenter cette chance ? Voilà la question que les dirigeants occidentaux devraient se poser. La ministre française des Affaires étrangères, Madame Colona, a fait mine d’y répondre en demandant naïvement à son homologue chinois de « convaincre Poutine de retirer ses troupes d’Ukraine »…Ce n’est évidemment pas ainsi que la paix peut advenir.

 Pour que les nombreux pays du « Sud global » qui se sont dits prêts à user de leur influence pour travailler à une solution politique du conflit -Chine, Inde, Brésil, Indonésie, Union africaine, Arabie saoudite, Turquie…- puissent faire pression efficacement sur la Russie, encore faut-il que les pays occidentaux acceptent de répondre à l’aspiration légitime, non pas de Poutine, mais du peuple russe tout entier : bénéficier de garanties de sécurité à ses frontières, ce qui pose la question cruciale de l’OTAN, en particulier en Ukraine. Respect de la souveraineté de l’Ukraine et garanties de sécurité pour tous les pays de la région, y compris la Russie: voilà deux principes-clés d’une solution politique. Vivement un cessez-le-feu -sans entériner les conquêtes territoriales russes- pour arrêter le massacre et ouvrir enfin, par les négociations, l’espoir d’une paix durable !

21 septembre 2023 at 6:13 Laisser un commentaire


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