Archive for 2 novembre 2023
POUR ENRAYER L’ENGRENAGE FATAL, CESSEZ-LE-FEU !
Quoi de plus urgent, de plus vital, que d’obtenir un cessez-le-feu à Gaza ! Maintenant ! Vite ! Avec l’intensification dévastatrice des bombardements et le lancement irresponsable de l’offensive terrestre israélienne dans Gaza ; les tensions explosives entre Israël et le Hezbollah à la frontière libanaise ; le risque d’escalade avec l’Iran; la colère qui gronde dans tout le monde arabe, et, dans ce contexte hautement inflammable, le déploiement renforcé du dispositif militaire américain en plus des deux porte-avions déjà sur zone et de l’annonce par le Pentagone de la mobilisation de 2000 soldats : tous les ingrédients d’un embrasement du Proche-Orient et de ses retombées potentielles dans nos propres sociétés sont réunis. Tout dirigeant politique responsable devrait avoir pour priorité absolue de tenter tout ce qui est en son pouvoir pour enrayer cet engrenage fatal !
Telle n’est manifestement pas la position de la plupart des dirigeants européens, qui ont refusé de répondre à l’appel du Haut-Commissaire des Nations-unies aux droits de l’homme à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza ». Au Conseil européen du 26 octobre dernier, on a compté une petite poignée d’honorables exceptions à cette insensibilité : ce fut le cas de l’Espagne ou de l’Irlande, mais pas de la France, conformément au silence assourdissant d’Emmanuel Macron sur cette exigence primordiale lors de sa rencontre avec le Premier Ministre israélien ! Faute majeure sur le plan humanitaire, cette lâche concession à Netanyahu prive le Chef de l’Etat de toute influence sur la situation et illustre l’abandon progressif, à l’œuvre depuis une quinzaine d’années, des positions dites « gaullo-mitterandiennes » de Paris sur la cause palestinienne et les enjeux cruciaux du Proche-Orient en général. Sans même remonter à De Gaulle -soulignant lucidement après la guerre de 1967 : « Maintenant Israël organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation, qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions… »- ou à François Mitterrand -qui, tout ami d’Israël qu’il fût, sut, dans son célèbre discours de 1982 à la Knesset, briser deux tabous de l’époque en y mentionnant l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et en y affirmant le droit du peuple palestinien à un État- , on se souvient des accents de vérité et de dignité de Jacques Chirac à Jérusalem, en 1996 .
Tout bascula avec Nicolas Sarkozy et sa diplomatie brouillonne, velléitaire et, sur le fond, alignée sur les positions dominantes en Occident. La suite est connue et elle n’est pas glorieuse. François Hollande ira jusqu’à dénoncer devant son ami « Benjamin » la « tentation de l’Autorité palestinienne d’aller chercher à l’Assemblée générale des Nations unies ce qu’elle n’a pu obtenir par la négociation » ! On doit, certes, à la vérité de dire que , face à la (déjà) terrible guerre de Gaza de l’été 2014, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, se distingua positivement de son Président en déclarant, quant à lui, que « le droit d’Israël à la sécurité est total, mais ne justifie pas qu’on tue des enfants et massacre des civils » … Mais, au plus haut niveau, force est de constater que la France s’est inscrite sans vergogne jusqu’à ces derniers jours dans la tendance générale à reléguer l’enjeu palestinien au rayon des « conflits gelés », voire des « affaires classées », quitte à répéter sans conviction des formules rituelles sur « la solution à deux États » -qui ne vaut qu’assortie d’initiatives fortes, au premier rang desquelles la suppression de la garantie d’impunité offerte depuis 56 ans aux occupants et aux colonisateurs des territoires de l’Etat à créer. Ce défi reste haute d’actualité. Mais, dans l’immédiat, est-ce trop demander à ceux qui ont , jusqu’ici, lamentablement laissé faire de crier enfin : CESSEZ-LE-FEU ?




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