HAMAS, 2006 : CES SIGNAUX QU’ON N’A PAS VOULU VOIR

7 décembre 2023 at 5:55 Laisser un commentaire

Le 25 janvier 2006 , tous les Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est étaient appelés aux urnes pour élire leurs députés. J’étais l’un des quelque 900 observateurs internationaux chargés de s’assurer du bon déroulement du scrutin. J’avais été affecté à Gaza (pas encore sous blocus) . Parmi les observateurs européens, comme parmi les autres délégations croisées -dont celle conduite par l’ex-Président des Etats-Unis, Jimmy  Carter- , tous furent ravis de l’atmosphère sereine et même festive de l’événement avant d’être abasourdis, à l’annonce de la victoire du Hamas à l’échelle de l’ensemble des trois territoires .

Une semaine plus tard, au Parlement européen, le chef de la diplomatie de l’UE, le socialiste espagnol Javier Solana (qui fut…Secrétaire général de l’OTAN pendant les bombardements occidentaux sur Belgrade) tira les leçons du tremblement de terre politique qui venait de secouer les territoires palestiniens. Dans son discours, un fait majeur avait retenu mon attention : à aucun moment, le dirigeant européen ne se posa la question des causes de ce séisme. L’idée que cette radicalisation d’une partie de la population palestinienne, longtemps acquise au « processus de paix », était l’expression d’une désillusion massive, que seule une rupture effective avec la politique d’occupation permettrait d’enrayer, ne l’effleura pas.

 Il se contenta d’adresser aux dirigeants du Hamas appelés à constituer le futur gouvernement palestinien, « s’ils veulent obtenir l’aide de l’Union européenne », trois mises en garde : « abandonner la violence »; adopter une politique « compatible avec (celle) que le Parlement et l’Union européenne maintiennent depuis les accords d’Oslo de 1993 », ce qui passe, en particulier, par « la reconnaissance explicite qu’Israël est une réalité avec laquelle il faut dialoguer et parvenir à un accord »; reconnaître « tous les accords que l’Autorité palestinienne a signés au cours des dernières années ». Il se serait agi là  d’exigences légitimes à l’égard du Hamas si elles avaient été accompagnées, à l’adresse des Palestiniens eux-mêmes, de réponses fortes aux frustrations exprimées par le vote d’une majorité d’entre eux. En particulier l’engagement d’agir fermement pour obtenir d’israël la relance d’un « processus de paix » digne de ce nom, celui d’Oslo de 1993 étant mort avec l’assassinat de Rabin en 1995 ? Il n’en fut rien.

Je lui répondis -et je ne fus pas le seul- que « 10 ans après l’espoir, l’exaspération est à son comble devant la poursuite de l’occupation, le développement des colonies, la construction du mur, les assassinats ciblés, les arrestations, le maintien en détention des prisonniers, les violences quotidiennes, les dégradations des conditions de vie en raison du bouclage des territoires. Quant à  l’Etat palestinien et à Jérusalem, l’Autorité palestinienne passe pour avoir beaucoup accepté et très peu obtenu. Que faire dès lors ? A coup sûr, comme vous l’avez dit, faire pression sur le Hamas. Mais que dites-vous aux autorités israéliennes ? Je n’ai rien entendu à ce propos. Nous devons aussi montrer clairement que, pour nous, il n’y a pas de droit international à géométrie variable(…) Sachons entendre les cris d’alarme qui montent des sociétés au bord du désespoir ! ». C’était il y a 17 ans…

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