Archive for juin, 2024

EUROPE : CE QUI PEUT CHANGER AVEC LE « FRONT POPULAIRE »

Comme pour les autres chapitres du « Contrat de législature » du nouveau « Front populaire », les passages concernant la politique européenne de celui-ci sont le fruit de compromis collectivement assumés par les différentes composantes de la gauche. Le fait qu’un tel résultat a pu être atteint dans un domaine aussi sensible en dit long sur la conscience -unanime- de l’enjeu politique sans précédent de ces élections de la part de toutes les formations politiques concernées. Ce texte les engage toutes. Les seules questions qui vaillent sont finalement de savoir si les mesures préconisées répondent à trois « R »: sont-elles en rupture avec les politique suivies jusqu’ici ou envisagées par les autres partis ? Sont-elles réalistes dans le contexte des rapports de force en Europe ? Sont-elles rassembleuses en France ?

Elles sont à l’évidence des actes de rupture. Un seul exemple : le refus de l’austérité. Rappelons que les règles budgétaires très strictes du « Pacte de stabilité » avaient été suspendues du fait de la pandémie en mars 2020 pour une durée indéterminée. L’an dernier, les 27 gouvernements ont mené d’âpres négociations entre les partisans d’un retour à la « discipline » budgétaire et à l’austérité -au premier rang desquels la coalition au pouvoir en Allemagne- et les défenseurs, au Sud de l’Europe, d’une orientation plus favorable à la croissance et aux investissements publics, notamment ceux qu’exige l’urgence climatique. Face au forcing de Berlin, beaucoup comptaient sur la détermination de Paris. Bruno Le Maire n’avait-il pas qualifié le Pacte de stabilité d’ « obsolète »? Fin décembre dernier, ce bras de fer -qui aurait pu déboucher sur un début de changement prometteur- se conclut en définitive par le ralliement de la France à l’essentiel des thèses austéritaires allemandes. La messe fut dite : par delà quelques fioritures, le vieux Pacte « obsolète » était de retour. On connaît la suite…Récuser les « contraintes austéritaires » du pacte budgétaire, tout en recherchant l’équilibre entre les dépenses et les recettes grâce, notamment, à une profonde réforme fiscale visant le capital et les grandes fortunes : telle est la rupture que propose la gauche unie. Cet objectif est réaliste sur le plan européen, précisément parce que nombreux sont les pays de l’UE où la même aspiration populaire s’exprime : rappelons que plus d’une personne sur cinq, dans l’UE, est menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale (Eurostat 2023).  Il est, enfin, rassembleur en France car il répond à une double urgence : l’amélioration du pouvoir d’achat et le retour de services publics correctement financés. C’est une belle bataille, constructive et emblématique, en perspective. 

Autre acte de rupture avec la droite et l’extrême-droite, tant en France qu’en Europe : la relance du « Pacte vert » européen pour la défense de l’environnement et du climat, que nos adversaires ont entrepris de déconstruire. Elle est réaliste, car elle répond à une urgence perçue par le plus grand nombre. Elle est rassembleuse, car elle s’accompagne des financements nécessaires pour ne pas pénaliser les classes populaires. Il en va de même pour notre choix de la défense d’une agriculture paysanne et d’un prix rémunérateur pour les productions (plutôt que des aides aléatoires et notoirement insuffisantes) ; ou encore de notre opposition aux traités de libre-échanges comme de notre engagement en faveur d’une ré-industrialisation de l’Europe, notamment dans les domaines stratégiques : ces changements sont au cœur des attentes de notre peuple et « parlent » à des millions d’Européennes et d’Européens. Sur les enjeux européens aussi, un succès du nouveau « Front populaire » permettrait d’amorcer une « bifurcation » salutaire !

28 juin 2024 at 5:53 Laisser un commentaire

 LE NOUVEAU « FRONT POPULAIRE » SUIVI DE PRÈS EN EUROPE

La déferlante d’extrême-droite a touché une bonne partie de l’Union européenne, à la notable exception des pays scandinaves. Le cas de la Suède est particulièrement intéressant. Les mal nommés « Démocrates de Suède »  -un parti d’origine néonazie et adepte de la théorie xénophobe du « grand remplacement »- sont, avec 13,2%, en recul pour la première fois depuis la création de ce parti il y a 36 ans ! À l’inverse, le Parti de gauche de notre ami Jonas Sjöstedt (+4,2%, à 11%) et les Verts (qui, avec leurs 13,8%, dépassent désormais l’extrême-droite) sont les vainqueurs de ce scrutin. Cette lueur d’espoir se confirme au Danemark, où le « Parti du peuple danois », d’extrême-droite, s’effondre à 6,4% (contre 26,6% il y a 10 ans), tandis que la formation nationaliste concurrente, les « Démocrates danois », recule à son tour. Il est intéressant de noter que le zèle anti-immigration de la Première ministre sociale-démocrate n’a pas été payant : avec 15,6%, son parti enregistre le pire résultat de son histoire depuis plus de 125 ans et se fait dépasser par le « Parti populaire socialiste », de gauche (17,4%, en progression de 4,2% sur 2019). Scénario analogue en Finlande, où les « Vrais Finlandais », qui siègent au Parlement européen aux côtés des « Frères d’Italie » de Giorgia Meloni, recueillent 7,6%, perdant 6,2% sur 2019 et 12,4 % sur les législatives de 2023, tandis que « l’Alliance de gauche » fait un bond en avant remarquable de 10,4%, dépassant, avec 17,3%, les sociaux-démocrates. Des expériences à étudier attentivement…

Le reste de l’Europe n’a, en revanche, pas échappé, certes dans des proportions inégales, à la dangereuse poussée brune. En Italie, Giorgia Meloni peut se targuer de sortir de ce scrutin avec « le gouvernement le plus fort de tous ». En Espagne, non seulement les ultras de « Vox », héritiers du franquisme, se renforcent comme troisième force du pays, certes à un étiage encore limité (10,4%), mais un nouveau mouvement, intitulé « la fête est finie »,  dirigé par un  jeune youtubeur d’extrême-droite (3,9%), qui se veut « un destructeur », a fait irruption dans un paysage politique en crise. En Allemagne, l’AfD -ouvertement raciste et nostalgique du 3ème Reich- dépasse, avec ses 15,9%, tous les partis de la coalition au pouvoir et se place en tête dans les « nouveaux Länder ». En Autriche, le FPÖ d’extrême-droite est devenu la première force politique du pays. Etc…Quant à la France…

Dans ce contexte hautement toxique , l’évolution rapide et inattendue de la situation, au sein des gauches françaises, retient l’attention parmi les forces progressistes européennes. Il y a quelques jours encore, l’image marquante renvoyée par Paris était celle d’une extrême-droite hégémonique -la plus importante délégation nationale de tout le futur Parlement européen- et de plusieurs gauches divisées sinon « irréconciliables ». La capacité de celles-ci, dans toutes leurs composantes, à prendre (enfin)  la mesure du danger, à dépasser leurs divergences et à s’unir sur un « programme de rupture » à même d’offrir une vraie alternative a fait forte impression. Le fait que, en plus des  partis, les organisations syndicales dans leur diversité, ainsi que la Ligue des droits de l’homme comme les principales ONG se retrouvent dans ce nouveau « Front populaire » apparaît comme un événement de dimension  quasi-historique. Comme le note « Il Manifesto » : « La gauche a réalisé un exploit auquel peu de gens auraient cru il y a encore quelques jours ». Nombreux sont nos amies et amis européens qui croisent les doigts. Ne les décevons pas ! 

20 juin 2024 at 3:04 Laisser un commentaire

LA FRANCE SONNÉE, L’EUROPE DÉSTABILISÉE 

Après les résultats catastrophiques aux élections européennes enregistrés en France, suivis du coup de « roulette russe » d’Emmanuel Macron, nombreux sont les dirigeants européens à être déstabilisés à l’idée que l’un de ses principaux pays fondateurs , l’un de ses poids lourds politiques,   économiques, démographiques, diplomatiques et militaires puisse basculer à brève échéance dans le camp de l’extrême-droite ! Après l’Italie de Meloni et la Hongrie d’Orban, sans oublier les gouvernements finlandais, suédois, slovaque, néerlandais…auxquels participent ou que soutiennent des forces brunes, non seulement l’AfD allemande dépasse chacun des trois partis de la coalition au pouvoir dans la plus grande nation européenne, mais voilà qu’après l’humiliante défaite de « Macron l’Européen », la France menace de plonger à son tour dans le déshonneur et l’inconnu. Les « élites » européennes sauront-elles enfin, le couteau sur la gorge, tirer les enseignements de ce fiasco annoncé qu’elles refusaient de voir ? On peut, hélas, en douter.

Il était prévu que, les 27 et 28 juin prochains,  se tienne un « Conseil européen » réunissant les 27 Chefs d’Etat ou de gouvernement, avec, à son ordre du jour des sujets majeurs, tels que la guerre russo-ukrainienne; les questions liées à la sécurité et à la défense européennes; les mesures à rendre pour stimuler la « compétitivité » de l’économie européenne (sic); les relations internationales et le « prochain cycle institutionnel »,  autrement dit les négociations sur les nominations à venir à la tête du Conseil européen, de la Commission européenne et de la diplomatie européenne. Les choix majoritaires des 27 gouvernements dans ces différents domaines devaient constituer le « programme stratégique » pour les cinq prochaines années. Le séisme politique du 9 juin bouleversera à coup sûr, sinon l’ordre du jour, du moins les discussions restreintes menées en coulisses.

Problème : les enjeux internationaux ne connaissent, eux, aucune trêve. Sur ce point, les 27 poursuivront leur agenda prévisionnel. On observera tout d’abord que le désastre au Proche-Orient (Gaza, Cisjordanie, Liban) n’y figure pas, malgré les liens étroits et privilégiés qu’entretient l’Union européenne avec l’Etat d’Israël, dont la poursuite de l’occupation , de la colonisation et des guerres contredit sans relâche, en toute impunité, le droit international ! Encore et toujours cet insupportable parti-pris du « deux poids-deux mesures » que seul un petit nombre d’Etats membres (mais pas la France) a commencé à remettre en cause en reconnaissant l’Etat de Palestine. 

Par ailleurs, sur l’attitude à adopter pour tenter de mettre fin à la cruelle et meurtrière agression russe contre l’Ukraine, l’impasse est totale. Le choix de la recherche d’une « victoire » par l’escalade militaire n’offre aucune perspective crédible d’une issue rapide et juste à cette catastrophe, jour après jour plus dévastatrice et plus dangereuse. 

Travailler vraiment à une solution politique juste et durable des conflits hideux qui nous traumatisent et enlaidissent le monde permettrait en outre, à l’inverse de l’actuelle militarisation des esprits, de réorienter les regards et les attentes vers les urgences sociales et climatiques, la promotion des biens publics, des biens communs, des biens collectifs, et, ce faisant,  de contribuer à tarir les sources des courants d’opinion réactionnaires qui ont atteint le seuil d’alerte en France comme sur tout le continent. 

13 juin 2024 at 9:19 Laisser un commentaire

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