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LE « BREXIT » EN PLEIN BROUILLARD
La confusion la plus totale règne au 10, Downing Street…Depuis le vote en faveur de la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, il y a…18 mois, non seulement rien n’est réglé, mais une incroyable pagaille paralyse le gouvernement de Londres . Un jour, la Première Ministre, Theresa May, semble rechercher un accord amiable avec l’UE ; le lendemain, son ministre des Affaires Étrangères, le fantasque Boris Johnson, annonce une rupture absolue avec Bruxelles. Parfois, c’est la Cheffe du gouvernement elle-même qui se contredit à trois jours d’intervalle. Ce fut notamment le cas sur la très épineuse question du statut futur de l’Irlande du Nord. Cette province irlandaise, aujourd’hui rattachée au « Royaume-Uni » mais étroitement liée à la République d’Irlande (pays membre de l’UE) depuis l’accord de paix historique de 1998, va-t-elle à nouveau voir se fermer la frontière avec l’Irlande quand la Grande-Bretagne aura quitté l’UE ? Non, répond Theresa May le 4 décembre dernier, dans un document officiel, car elle bénéficiera d’un « alignement règlementaire complet » sur l’UE. Oui, corrige May Theresa le 7 décembre dans un autre document officiel, « la totalité du Royaume-Uni, y compris l’Irlande du Nord, quittera l’Union douanière et le marché unique européen (et) ne sera plus sous la juridiction de la Cour européenne de Justice » !
C’est que la Grande-Bretagne tout entière est aujourd’hui divisée sur la question du « Brexit ». Une courte majorité semble désormais pencher en faveur du maintien du pays dans l’UE. Beaucoup rêvent d’un nouveau référendum corrigeant le premier. Mais cela est politiquement indéfendable. Un récent rapport interne du gouvernement britannique -caché aux parlementaires mais qui a fuité dans la presse- a accentué cette ambiance de chaos en tablant sur un affaiblissement sensible de l’économie du pays, du fait du « Brexit », dans les années à venir. La réplique des partisans les plus durs de la sortie de l’UE à ce risque est le projet diabolique de transformer le pays en paradis fiscal propre à séduire les partisans de « l’optimisation » des taxes et des impôts. Un coup de poker redoutable pour les pays voisins comme pour les classes populaires britanniques, qui seraient les premières à être sacrifiées sur l’autel de cette course à l’ hyper-compétitivité .
Pour le moment, nous n’en sommes par là. Les négociateurs britanniques en sont toujours à négocier une période de transition de près de deux ans après la sortie de l’UE . Durant cette période, Londres s’engagerait à continuer de respecter toutes les règles européennes sans plus avoir aucune voix au chapitre -ni ministre ni commissaire ni parlementaire européen- afin de tenter de digérer d’ici fin 2020 leur grand saut dans l’inconnu…Quant au type de relations , notamment économiques, que les Britanniques entendent entretenir avec leurs futurs ex-partenaires européens, il est, pour l’instant, comme le reste, en plein brouillard, si ce n’est de réclamer le beurre et l’argent du beurre : les avantages du « grand marché » sans l’accueil des « étrangers » européens ; sans contribution au budget de l’UE; et sans avoir à respecter des normes environnementales ou sociales européennes (jugées encore trop élevées ! ) …Peut-être en saurons-nous davantage après le discours de référence de Theresa May annoncé comme imminent. De quoi faire réfléchir ceux qui pensent qu’ « il n’y a qu’à » sortir de l’UE pour changer notre avenir.
CRITIQUER NETANYAHOU ? PLUS QU’UN DROIT, UN DEVOIR !
Il y a quelques jours, la presse faisait état d’un rapport confidentiel adressé au Conseil européen par l’ensemble des chefs de mission diplomatique des pays de l’UE à Jérusalem-Est et à Ramallah . Dressant un véritable réquisitoire contre « la politique israélienne déjà ancienne de marginalisation économique, politique et sociale des Palestiniens à Jérusalem », ce document rappelait fort justement que « la question du futur statut de la ville est au coeur du processus de paix au Moyen-Orient (et qu’) aussi longtemps que cette question ne sera pas résolue, il sera impossible d’espérer une paix durable fondée sur la solution à deux Etats ». Or, soulignaient les diplomates européens, les gouvernements israéliens conduisent, depuis 1967, à Jérusalem, une politique de « déportation silencieuse » en révoquant par milliers les permis d’habitants palestiniens afin d’y garantir une « majorité juive substantielle » et exercent depuis une quinzaine d’années « une répression constante sur l’organisation d’une vie politique palestinienne à Jérusalem-Est ». Les chefs de mission diplomatique préconisaient en conséquence un certain nombre d’initiatives européennes, parmi lesquelles des mesures plus efficaces pour distinguer « les produits des colonies » des produits israéliens, et, plus généralement, les territoires occupés du territoire israélien internationalement reconnu. Ils appelaient aussi les gouvernements européens à soutenir les « défenseurs des droits de l’homme à Jérusalem-Est » -dont ils saluaient « la non-violence et un fort sens de la solidarité »- et à sanctionner les « colons violents » désirant se rendre dans un pays de l’UE. Merci à nos diplomates pour leur rigueur et leur esprit de responsabilité !
Question : sont-ils, pour avoir rédigé ce rapport, tout comme les directeurs d’un certain nombre de journaux de gauche ou de droite, pour avoir consacré une large place à ce texte initialement confidentiel, qualifiables d’antisémites ? Absurde ! Critiquer la politique du gouvernement israélien -sur la base des résolutions des Nations Unies !- est un droit fondamental dont l’exercice n’a évidemment rien à voir avec le grave délit que représente le racisme, anti-juif en l’occurrence ! Assimiler l’un à l’autre relève d’une manipulation outrageante ! C’est pourtant ce type de procès en sorcellerie que subit depuis de longues années le fondateur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Pascal Boniface. Le livre qu’il vient de consacrer à l’évocation de ce harcèlement hallucinant laisse pantois : de la diffamation destinée à porter atteinte à l’honneur de sa personne à la tentative de « couler » le centre de recherches qu’il dirige, et de l’insulte publique jusqu’à la menace de mort anonyme, Pascal Boniface paie au prix fort son positionnement courageux sur le conflit du Proche-Orient (1).
J’ai dit que la critique de la politique de Netanyahou relevait d’un droit fondamental. En réalité, plus qu’un droit, c’est un devoir ! Un devoir auquel les dirigeants européens se sont délibérément soustraits alors même que leurs propres diplomates les alertent en fait annuellement depuis 2005 (!) sur la stratégie de torpillage de toute perspective de création d’un Etat palestinien. Ne les imitons pas. Réagissons ! C’est le sens de notre solidarité avec Pascal Boniface aujourd’hui.
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(1) voir : Pascal Boniface « antisémite »! (Max Milo Editions) Préface de Michel Wieviorka.
BON ANNIVERSAIRE, HANS MODROW !
Hans Modrow, ancien Premier Ministre de RDA (novembre 1989-mars 1990) entré dans l’Histoire comme artisan de la gestion pacifique des lendemains de la chute du mur de Berlin, vient de fêter ses 90 ans. C’est l’occasion de rendre hommage à un homme que j’ai le privilège de connaître depuis près d’un demi-siècle et dont la droiture ne s’est jamais démentie .
Ce fut le cas dès le début de sa carrière de premier dirigeant du parti SED de la région de Dresde, où son attitude tranchait singulièrement avec celle d’autres « apparatchiks » de l’époque. Comme je lui faisais remarquer, alors qu’il venait d’être investi de hautes fonctions, combien j’appréciais le respect qu’il témoignait aux employés des administrations placées sous sa responsabilité, il eut cette réplique prémonitoire : « Je me conduis avec les gens que je croise pendant mon ascension de telle manière que je puisse encore les regarder dans les yeux le jour où je perdrai ma position ». Et, de fait, me promenant avec lui dans les rues de Berlin-Est aux lendemains de la la fin de la RDA, je fus frappé par la déférence et même la cordialité que lui témoignaient les passants, « après » comme « avant ».
Dans les années 80, sa franchise sur les dysfonctionnements du système lui valut d’être popularisé dans la presse de la République Fédérale d’Allemagne comme un « contestataire de la ligne Honecker » (alors 1er Secrétaire du SED). Cette « promotion » contribuera à nourrir toujours plus le ressentiment que lui vouait sa direction nationale. Ironie de l’Histoire : c’est la chute du mur qui empêchera Honecker de faire tomber Modrow ! En effet, à l’occasion des cérémonies du 40ème anniversaire de la création de la RDA -en octobre 1989, donc à la veille de l’ouverture de la frontière- , Hans Modrow souhaita me voir et me confia avec gravité : « Demain, je vais avoir la visite d’une centaine d’inspecteurs envoyés par Berlin. Ils sont chargés de passer au peigne fin tous mes champs d’activités pour me mettre en accusation… » Mais « Berlin » n’en eut pas le temps. Au contraire, c’est au pestiféré de Dresde que l’équipe dirigeante fera appel pour prendre les rênes d’un navire prenant l’eau de toutes parts. Modrow réussira, avec tout l’esprit de responsabilité qui l’a toujours caractérisé, à gérer sans effusion de sang la phase si délicate séparant la fin du régime de la réunification.
« Je voulais une réunification entre égaux », dira-t-il, mais dut se résoudre à ce qui s’apparentera à une annexion. Cette profonde frustration -et le climat de revanche impitoyable que fit régner le pouvoir de Kohl à l’encontre des « vaincus »- n’empêcheront pas Hans Modrow de poursuivre son action dans les nouvelles conditions. En particulier, en contribuant à l’émergence du « Parti du socialisme démocratique », le PDS, dirigé par Gregor Gysi, et dont Modrow sera le Président d’honneur, comme il le sera, plus tard, de « Die Linke ».
Quelques années -et deux procès politiques (gagnés)- plus tard, Hans Modrow fera partie des premiers élus de l’Allemagne unifiée au Parlement européen, où il gagna une large estime. Désormais « retraité », l’infatigable acteur politique écrit des livres, tient des conférences, parcourt le monde…et continue de susciter des événements : à la réception donnée à l’occasion de ses 90 ans, les ambassadeurs des deux Corées ont tenu à poser ensemble à ses côtés ! Sacré bonhomme. Bon anniversaire, Hans Modrow !




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