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« INDÉPENDANTISME FRANÇAIS » ? GARE AUX AMBIGUÏTÉS !

Un vent mauvais souffle sur le monde : celui du « chacun pour soi » poussé plus ou moins loin selon les circonstances et les rapports de force. C’est aux Etats-Unis qu’il atteint son paroxysme. On aurait grand tort de sous-estimer la portée de ce poison sous prétexte qu’il est déversé par un milliardaire aux allures de clown triste. En réalité, plus Trump multiplie ses outrances au nom de l’ « America first » , plus il consolide son emprise sur un électorat déstabilisé par un système en crise profonde dont il se sent exclu.

L’Europe n’est pas l’Amérique. Pourtant, force est malheureusement de constater que , par delà les cas, souvent cités, de la Pologne de Kachinsky, de la Hongrie d’Orban, et désormais de l’Autriche du FPÖ, nos plus vieilles démocraties sont elles-mêmes de plus en plus contaminées par cette idéologie toxique, distillée tantôt de manière grossière, tantôt sur un mode plus sournois. Le « Brexit » offre l’illustration la plus spectaculaire de cette dérive « à plusieurs vitesses ». D’une part, la xénophobie franche et brutale : pendant la campagne pour la sortie de l’UE, et depuis le vote de juin 2016, ce fléau n’a cessé de se banaliser en Angleterre, comme s’en est alarmée l’ONU (1). De l’autre, le repli égoïste, encouragé par l’annonce bassement racoleuse -et totalement mensongère- qu’avait osé faire Boris Johnson, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères, selon laquelle la sortie de l’UE permettrait àLondres de réaliser une économie de 350 millions de Livres Sterling par semaine -…au profit du système de santé britannique ! Enfin, la forme la plus « soft » de cet « hyper-souverainisme » était représentée par le slogan trompeur : « Take Back Control » ( « Reprendre le contrôle » ). En fait de recul des « contraintes extérieures », ce sont avant tout les normes -environnementales ou sanitaires- auxquelles sont soumises (malgré tout) les entreprises de l’UE ou les régulations financières (encore) imposées aux banques européennes depuis la crise de 2008 qui sont appelées à sauter ! « Au slogan America first, le Royaume-Uni répond Britain first (…) Ce libéralisme-là est sans foi ni loi » vient de noter un économiste bien au fait de ce monde sans pitié (2).

Et dans notre pays ? Si nous n’en sommes pas à « la France d’abord », le « chacun pour soi » y progresse à grands pas : qui ne sent reculer l’esprit de solidarité, l’ouverture aux autres, l’attachement aux coopérations, le sens du multilatéralisme…Aussi, tout responsable politique en mesure d’exercer une influence positive dans ce domaine devrait, me semble-t-il, s’abstenir de toute ambiguïté susceptible de conforter, à son corps défendant, ces dangereux penchants. A cet égard, j’avoue ressentir un malaise en entendant Jean-Luc Mélenchon -après une série d’autres formules malheureuses- se définir comme « indépendantiste français », surtout quand cette expression s’accompagne d’un commentaire plutôt équivoque dans le contexte actuel : « La ligne politique et mes objectifs n’ont rien à voir avec ceux du FN et des nationalistes » -qui en doute ?-… « Mais tous ces gens rament pour moi d’une certaine manière, en contribuant à la construction d’un champ culturel de nos mots d’ordre » ! (3) Je suis de ceux qui restent convaincus que pour « capitaliser positivement » la légitime colère des Français à l’égard de l’actuelle politique et l’actuel fonctionnement de l’UE, la logorrhée de l’extrême droite n’est pas un point d’appui à saisir, mais un dangereux obstacle à vaincre. Dans la crise des repères où nous sommes, l’ambiguïté peut être un poison mortel.

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(1) Voir « Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale » – France 24 (31/8/2016)
(2) Olivier Passet (Xerfi Canal – 15/12/2017)
(3) Interview aux « Echos »(12/12/2017)

22 décembre 2017 at 7:23 Laisser un commentaire

L’EPHEMERIDE CRIMINEL DE L’INVITÉ DU 14 JUILLET

« Rien ne nous séparera jamais, les Etats-Unis sont des alliés pour la vie. La présence de Donald Trump ici est le signe d’une amitié qui traverse le temps » avait déclaré non sans grandiloquence Emmanuel Macron, le 14 Juillet dernier, en accueillant son sulfureux invité d’honneur. Six mois plus tard, le Président de la République, tout en retenue, s’est contenté de juger « regrettable » la décision, contraire au droit international et lourde de conséquences, de son homologue nord-américain de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël -un acte condamné par une communauté internationale, pour une fois quasi unanime. Trump mérite-t-il tant d’indulgence et de complaisance de la part de la France ? Retour sur l’éphéméride criminel du 45ème Président des Etats-Unis.

25 janvier (soit cinq jours après son investiture) : il signe un décret interdisant l’entrée aux USA aux ressortissants de sept pays à dominante musulmane ;
3 février : il lance le détricotage de la régulation financière mise en place après la crise de 2008, quitte à accroître encore le risque d’une nouvelle tempête bancaire et boursière mondiale;
27 février : il annonce une « hausse historique » du budget militaire américain de …54 milliards de dollars (l’équivalent de tout le budget militaire de la Russie) ! « Quand j’étais jeune, se justifie-t-il, tout le monde disait que nous ne perdions jamais de guerres (…) Maintenant, nous ne gagnons jamais de guerre ». (France Inter 28/2/2017)
2 avril : il déclare ne pas exclure une attaque nucléaire, y compris sur l’Europe . « Je ne me priverai jamais d’aucune de mes options », explique-t-il, ajoutant, sans vergogne : « Pourquoi les Etats-Unis fabriquent-ils des armes nucléaires si c’est pour ne pas les utiliser » !
1er juin : il retire son pays -premier émetteur mondial par habitant, et de loin, de gaz à effet de serre- de l’Accord de Paris sur le climat, signé en 2015 par 195 pays.
16 août : après de violents affrontements à Charlottesville, en Virginie, il renvoie dos à dos des nazillons suprémacistes blancs -responsables de la mort violente d’une jeune femme- et  les manifestants antiracistes . (Fin novembre, il récidive en retweetant des vidéos antimusulmans d’un groupuscule d’extrême-droite britannique.)
19 septembre : à La tribune et des Nations-Unies, il menace de « détruire totalement la Corée du Nord ».
-12 octobre : il décide de retirer les Etats-Unis de l’Unesco (Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture) accusée de « partis pris anti-israéliens ».
-13 octobre : il annonce sa décision de refuser de « certifier » l’Accord encadrant le programme nucléaire iranien obtenu en 2015 à l’issue de douze ans de négociations par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que l’Allemagne -accord pourtant scrupuleusement respecté par Téhéran selon l’Agence Internationale de l’Energie Atomique.
-6 décembre, donc : il provoque les Palestiniens ainsi que le monde arabe et musulman en violant les résolutions de l’ONU sur Jérusalem .
« Ce sont les Lumières, avec leur recours à la raison et à la démarche scientifique qui sont à l’origine de l’énorme amélioration du niveau de vie au cours des deux siècles et demie qui ont suivi. Ce sont aussi les Lumières qui ont suscité notre engagement contre les préjugés », rappelait récemment le Nobel américain d’économie, Joseph Stiglitz, ajoutant : « Trump veut revenir sur tout cela (…) Le temps est venu d’agir contre Donald Trump ! » Un bon conseil à méditer à l’Elysée.

14 décembre 2017 at 9:56 Laisser un commentaire

CLIMAT : 7 ENJEUX-CLÉS A SUIVRE DE PRÈS !

La 23ème Conférence des Nations-Unies sur les changements climatiques termine ses travaux à Bonn (Allemagne) ce 17 novembre. L’objectif était de faire le point des mesures déjà prises et de celles qu’il reste à prendre de toute urgence pour espérer tenir les engagements de la « COP 21 », l’Accord de Paris de 2015. Où en sommes-nous à cet égard ? L’on peut  s’en faire une idée à partir d’un rapide coup de projecteur sur 7 enjeux-clés mis en lumière dans la dernière période.

Tout d’abord, le cri d’alarme de l’ONU : à moins d’un changement de braquet dans la réduction des émissions de CO2 de la part des grands pollueurs en retard sur leurs engagements (USA, Union européenne, Japon, Canada…), il ne sera bientôt plus possible d’atteindre l’objectif de limitation à 2 degrés, en moyenne, du réchauffement climatique. Un ultime sursis à mettre à profit pour agir !

C’est le moment choisi par Donald Trump pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l’Accord de Paris. Heureusement, de grands Etats américains comme la Californie, de grandes villes et même de grandes entreprises des USA ont annoncé le maintien voire l’accroissement de leurs efforts.
L’Union européenne, troisième émettrice de CO2, manque elle-même d’ambition en la matière : 40% de baisse des émissions de gaz à effet de serre en 2030 (par rapport à 1990). Il faudrait une diminution de 50% ou plus pour respecter l’Accord de Paris. Or, à ce stade, même l’objectif de 40% est compromis. L’Autriche, la Belgique, le Luxembourg et l’Irlande sont particulièrement en faute. Il est temps de placer leurs dirigeants devant leurs responsabilités.
Le « marché du carbone » instauré il y a plus de dix ans dans l’UE pour inciter l’industrie à  réduire ses émissions a prouvé son inefficacité : les entreprises concernées reçoivent des sortes de « permis à polluer » dans certaines limites (correspondant en principe à l’objectif de réduction des émissions de CO2). Si elles restent en deçà de ces limites, elles peuvent vendre leurs quotas à des entreprises qui les dépassent. Cette « régulation » n’a pas fonctionné. A revoir !
Le cas de l’Allemagne est à relever : avec la Pologne, elle concentre la moitié des émissions provenant des 300 centrales à charbon d’Europe. Sans la fermeture à court terme des 20 centrales les plus polluantes outre-Rhin, Berlin ne pourra pas respecter ses engagements vis à vis de l’Accord de Paris. Une expérience qui a dû peser dans la décision annoncée par Nicolas Hulot de reporter la fermeture de centrales nucléaires en France.
On n’entend guère parler d’un engagement majeur de l’Accord de Paris : celui des pays les plus industrialisés (premiers responsables du réchauffement climatique) de verser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 aux pays en développement (premières victimes de ce phénomène) pour contribuer à leurs dépenses indispensables pour se protéger et s’adapter. Un débat à relancer !
La Banque mondiale estime (en plus de cette « aide ») que « des milliers de milliards de dollars » (!) d’investissements liés au climat sont nécessaires dans les pays du sud d’ici 2030. Les secteurs concernés sont l’agriculture et l’agroalimentaire; l’adduction d’eau et l’assainissement; le bâtiment; les transports urbains; les énergies renouvelables. Un immense chantier de coopérations à suivre !
La bataille du climat : en enjeu de civilisation !
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En apprenant sa disparition, j’ai revu Jack Ralite, comme un poisson dans l’eau, au milieu de la plus extraordinaire manifestation culturelle et démocratique qu’il m’ait été donné de connaître : « Chile crea » à Santiago, en juillet 1988, où des intellectuels et des artistes par milliers s’étaient donné rendez-vous pour crier avec leurs mots un puissant NO à Pinochet !

16 novembre 2017 at 4:47 Laisser un commentaire

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