SCHRÖDER : UNE REFERENCE ?
29 octobre 2012 at 9:36 Laisser un commentaire
Pressé de dire si « la baisse du coût du travail (était) sortie du radar » du gouvernement, Pierre Moscovici vient de lâcher: « Il y aura un véritable agenda de compétitivité dans les tout prochains mois.Ce n’est pas long!Gerhard Schröder a attendu quatre ans. »Déjà,le 27 septembre dernier,sur France 2, le Premier Ministre lui-même a eu cette sortie plutôt insolite: « Schröder a eu besoin de deux mandats pour faire ses réformes,nous le ferons dès maintenant! ». Le dé-constructeur de l’Etat social allemand serait-il devenu une référence,même partielle,du gouvernement?Sur un sujet aussi sensible,l’ambiguité n’est pas permise.
Rappelons donc,une fois de plus,quelques uns des ingrédients de l’ « Agenda 2010 » lancé outre-Rhin,il y a une dizaine d’années,par le précurseur du « choc de compétitivité ».
D’abord,à propos des retraites: l’âge légal y est porté progressivement à 67 ans. Les cotisations augmentent et les pensions diminuent (à 46% du salaire!).A côté du régime de base,par répartition,est crée un fonds d’épargne-retraite par capitalisation.Un certain nombre d’avantages fiscaux des retraités sont rabotés.
Dans le même temps,le marché du travail subit les coups de massue des « lois Hartz ».En vertu de ces » réformes « ,un chômeur doit accepter tout poste qui lui est proposé par l’agence pour l’emploi,fût-ce avec un salaire inférieur à son indemnité-chômage.Des « mini-jobs » sont institués,ultra-précaires et payés moins de 400€ par mois ,les entreprises concernées étant,en outre,éxonérées de cotisations sociales sur ces « emplois ».Quant aux travailleurs âgés,ils sont particulièrement dans le collimateur : chômeurs,ils n’ont droit à une allocation qu’à la condition d’avoir travaillé durant un an au cours des deux dernières années écoulées.La durée du versement de l’allocation- chômage passe,elle,de 32 à 12 mois.Passé ce délai,les chômeurs de longue durée,à la place des 57% du dernier salaire qui leur étaient accordés jusqu’alors,ne perçoivent plus qu’une sorte de RMI de 345€ -cette allocation de survie pouvant être réduite si le conjoint travaille,si le patrimoine excède 13000€ ou si la famille proche a des économies…
Inutile de dire que,si le nombre des chômeurs reconnus a sensiblement baissé depuis la mise en oeuvre de cette purge,la précarité et la pauvreté,elles,ont explosé dans l’ « économie la plus compétitive d’Europe »!L’Office allemand des statistiques chiffre à un quart de la population du pays (!) le nombre de personnes menacées de pauvreté avant transferts sociaux .Il situe même à 36% la proportion de retraités exposés au même risque! Même les enfants ne sont pas épargnés:à Berlin,un sur trois vit dans la pauvreté.Avoir un emploi ne suffit plus pour se libérer de cette oppression: ils sont officiellement plus de 20% parmi les salariés des entreprises de plus de dix employés à être classés parmi les pauvres.2,5 millions d’entre eux cumulent deux postes de travail pour vivre.En 2010,un salarié sur quatre gagnait en Allemagne moins que le SMIC horaire français; 1,4 millions d’entre eux touchaient moins de…5€ par heure. Certes,tous les Allemands ne partagent pas ce sort: les 10% les plus fortunés d’entre eux se partagent nettement plus de la moitié des richesses du pays,tandisque les 50% les plus pauvres en détiennent 1%,soit quatre fois moins qu’avant l’ouragan Schröder.
Aussi ne peut-on qu’attendre d’un gouvernement de gauche qu’il cesse franchement et définitivement de voir dans une telle hécatombe des droits sociaux la moindre source d’inspiration.
Entry filed under: Actualité, Allemagne, Angela Merkel, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche.
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