LA BCE « EN QUÊTE D’IDEES » ? EN VOICI !
11 avril 2013 at 7:24 1 commentaire
« La BCE en quête d’idées pour stimuler l’activité » titrait « Le Figaro » sur cinq colonnes, vendredi dernier. « Nous réfléchissons à 360 degrés » aurait confié Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne. Il y a de quoi réfléchir, en effet! La zone euro s’enfonce dans le chômage et la récession, la désindustrialisation s’accélère et crée des dommages structurels, l’exaspération des peuples atteint des niveaux jamais vus depuis les débuts de la construction européenne.
C’est dans ce contexte que M. Draghi cherche des idées: nous lui en livrons volontiers quelques unes. La première tombe sous le sens: puisque même le Fonds monétaire international reconnait s’être trompé en sous-évaluant les effets des politiques d’austérité sur l’activité économique, arrêter les mesures de restrictions budgétaires, la chasse aux dépenses sociales, les pressions à la baisse du « coût du travail », à plus forte raison les coups de massue de la « troïka » parait être une décision de bon sens! Donner de l’air à l’économie passe d’abord par la fin de l’écrasement de la consommation populaire.
Mais nous n’éluderons pas l’autre dimension du problème: le financement des entreprises et tout particulièrement des petites et moyennes -qui, nous dit-on, tarraude le président de la Banque centrale européenne. Il s’agit effectivement d’un enjeu directement lié à ceux de l’emploi et de la croissance. Nombre de PME , déjà fragilisées par les effets de la perte de pouvoir d’achat des ménages, rencontrent en plus de graves difficultés à obtenir les crédits dont elles ont besoin, soit pour investir, soit pour régler des problèmes de trésorerie.
Où est le problème? Les banques manquent-elles d’argent à prêter aux PME? Non, elles obtiennent de la BCE toutes les « liquidités » qu’elles souhaitent, et à des taux de plus en plus faibles : 1000 milliards d’euros (l’équivalent de trois fois le budget de la France!) à 1% entre novembre 2011 et février 2012 ! Le taux,entretemps, est passé à 0,75% et il est probable qu’il baisse encore. Mais « la BCE constate que ses mesures ne se transmettent pas à l’économie réelle » découvrent désormais les économistes libéraux. Leurs confrères communistes alertent depuis longtemps: « En France, seuls 22% des prêts bancaires vont à l’économie réelle (entreprises et particuliers); 78% des montants concernent des opérations financières de marché » notait Paul Boccara l’an dernier! D’où l’idée d’un « crédit sélectif »: d’autant meilleur marché qu’il sert à développer l’emploi, et à l’inverse, d’autant plus cher qu’il est destiné à des opérations financières. Encore le bon sens! A condition d’accepter de déplaire au monde de la finance…
Monsieur Draghi, en évoquant ses réflexions « à 360 degrés » sur les « meilleures mesures possibles » , a pris la précaution de préciser « conciliables avec nos règles institutionnelles », autrement dit les traités actuels. En vertu de ces blocages délibérés, la zone euro s’interdit , on le sait, de faire bénéficier les Etats membres du pouvoir de la BCE de créer de la monnaie , autrement dit de fournir des prêts quasi-gratuits et pratiquement sans limite aux Etats, les libérant ainsi de toute soumission aux marchés financiers pour le financement de leur développement! On s’interdit même de ramener le taux de change de l’euro (par rapport au dollar) à un niveau correspondant au développement économique réel de la zone euro et pas seulement de l’Allemagne, ce qui libèrerait ces pays d’une sorte d’impôt caché et indû sur leurs exportations! Aussi serait-il utile de ne pas laisser M. Draghi « réfléchir » tout seul. Ce débat concerne chaque citoyen. Et c’est urgent.
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1.
Louis Boël | 11 avril 2013 à 5:34
100% d’accord Francis ! Mais à qui faut-il envoyer ce message? Si tu as une (ou des) adresse(s), merci de les communiquer: nous les citoyens lambda n’avons pas facilement accès aux adresses utiles (ou alors, il s’agit de « voies de garage » …