DEBAT SUR L’EURO: QUELQUES REPERES

22 août 2013 at 9:04 1 commentaire

wurtz-l-humanite-dimanche                    Des interrogations s’expriment: « Pourquoi essayer à tout prix de sauver l’euro ? Pourquoi un retour en arrière est-il tant un problème ? »
fw

Soyons clairs: nous ne cherchons pas à « sauver » l’existant ! Les transformations que nous préconisons en matière de politique monétaire européenne sont radicales ! Il ne s’agit pas moins que de libérer les pays membres de la toute-puissance des grandes banques, compagnies d’assurance, fonds de pension, hedge funds et autres « acteurs des marchés financiers »! Mesure-t-on l’enjeu de classe que constitue le fait que la Banque centrale européenne aurait pour mission, non plus d’attirer les « investisseurs » au prix d’une politique d’austérité salariale et de rationnement des dépenses publiques, mais celle d’utiliser son pouvoir de création monétaire pour financer, à taux quasi-nul et sur le long terme, le développement social et écologique ainsi que la réduction progressive des déséquilibres, notamment entre le nord et le sud de l’Europe? Si nous y parvenons, c’est une révolution ! Il va sans dire que c’est un combat qui suppose des luttes sociales et politiques d’envergure, des conquêtes de droits nouveaux, des rassemblements larges, des convergences avec d’autres peuples européens, et même la recherche d’alliés dans d’autres régions du monde qui aspirent à voir réformer le Système monétaire international dans son ensemble. Comme toute grande bataille,celle-ci n’est pas gagnée d’avance.Mais le niveau d’exaspération et la volonté de changement sont tels en Europe aujourd’hui qu’un objectif de cette nature peut devenir plus mobilisateur que jamais. Songeons que les syndicats allemands partagent notre projet de créer une banque publique européenne exclusivement dédiée au financement des investissements sociaux,ou encore que la Confédération européenne des syndicats s’est engagée dans une opposition ferme au traité budgétaire et à sa logique d’austérité. La donne change…

Question: ne serait-il pas plus facile de choisir le « retour en arrière » ? Rien n’est écrit d’avance, mais plusieurs données majeures sont connues et doivent nous faire réfléchir: en particulier le besoin vital de solidarité et de coopération entre Européens face à la puissance acquise par le capital financier, aux effets dévastateurs de la crise depuis 2008, et à cette triste évidence que , de nos jours, « la majorité des élites politiques ne voie pas d’issue hors de la soumission aux diktats des marchés financiers. »(1)

Or, comment risquerait de se traduire, dans ce contexte, un retour aux monnaies nationales, autrement dit un éclatement de la zone euro? En toute logique par une guerre économique exacerbée entre nations voisines, avec les conséquences sociales, idéologiques et politiques qu’on imagine. Pourquoi? Parce que ce sera à qui exportera le plus et importera le moins , et qu’à ce jeu, il y a, par définition, quelques « gagnants » et beaucoup de perdants ! Pour tenter de figurer parmi les « gagnants », chaque Etat sera ,en toute logique (ultra libérale), conduit à faire du zèle dans la course à la « compétitivité », dévaluant de plus en plus sa monnaie, réduisant toujours davantage ses « coûts du travail » et ses « dépenses excessives », appelant les salariés à la discipline et enrôlant son opinion publique dans cette croisade mortelle pour le progrès social, la démocratie et la solidarité. Où serait l’avantage? Certes,le pire n’est jamais sûr, mais peut-on faire courir ce risque à son peuple …et à l’Europe, qui n’a vraiment pas besoin d’une nouvelle poussée de nationalisme et de xénophobie?

Une France de gauche a, à cet égard, un devoir d’initiative. Elle peut prendre des mesures en rupture avec l’actuel consensus de la classe dirigeante européenne chaque fois qu’elles sont susceptibles de crédibiliser aux yeux, non seulement d’une majorité de Français mais de millions d’Européens , la perspective d’un autre euro et d’une « autre Europe ».

——
(1) Bernd Riexinger, co-président de la Linke,d’Allemagne (Economie et Politique,mai-juin 2013.)

Entry filed under: Actualité, BCE, Europe, France, Francis Wurtz, UE.

68 ANS APRES HIROSHIMA: « ARRETEZ LA BOMBE ! » SOMMES-NOUS DES « EUROSCEPTIQUES »?

Un commentaire Add your own

  • 1. Eva Mourot  |  22 août 2013 à 10:24

    Tout à fait clair ce texte et je remercie beaucoup ceux qui font en sorte que les choses évoluent dans ce sens déjà au niveau de l’Europe. Il y a une autre chose que je trouve très importante dans le fait que l’Europe existe, c’est la paix entre les peuples. Alors, changeons cette Europe pour que les peuples soient plus heureux et qu’il n’y ait pas d’injustices, mais ne retournons pas en arrière, ce serait trop grave.

    Réponse

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Trackback this post  |  Subscribe to the comments via RSS Feed


Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire à ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par courriel.

Rejoignez les 5 275 autres abonnés

Chronique européenne dans l’Humanité Dimanche

Intervention au Parlement européen (vidéo)

GUE/NGL : vidéo

août 2013
L M M J V S D
 1234
567891011
12131415161718
19202122232425
262728293031  

Archives

Articles les plus consultés

Catégories

Pages

Pages


%d blogueurs aiment cette page :