Archive for 6 mars 2014
DE L’INTÉRÊT DE BIEN CHOISIR SES ELU(E)S EUROPÉENS
Les votes émis le 26 février dernier par la majorité des députés au Parlement européen devraient faire réfléchir quiconque hésite encore sur le choix à faire lors des élections du25 mai prochain! La question posée ce jour-là concernait un service public de premier plan: les transports ferroviaires.
Depuis 1991,soit près d’un quart de siècle, les forces libérales à l’œuvre à la Commission européenne et au Parlement de Strasbourg s’acharnent à casser ce qu’elles appellent le « monopole public » du rail dans chaque État membre. Se heurtant à de fortes résistances,notamment de la part des organisations syndicales de cheminots, mais aussi de certains États,sensibles aux conséquences en matière économique et d’aménagement du territoire d’un démantèlement de leur opérateur national,les obsédés de l’ouverture à la concurrence se sont résignés à procéder par étapes, « paquet » de directives par « paquet » de directives.
Le premier d’entre eux, en 2001,puis le deuxième, en 2004,s’attaquèrent à « l’accès au réseau de fret »: l’ouverture à la concurrence ne concernait que les trains de marchandises. Le troisième,en 2007, cibla, quant à lui, « l’ouverture du marché » pour le transport de voyageurs , mais seulement sur les lignes internationales. Enfin, le quatrième de ces « paquets » de directives et de règlements, qui vient donc d’être soumis aux parlementaires européens la semaine dernière (avant de l’être,prochainement, au Conseil, c’est à dire aux gouvernements), concernait l’ouverture totale des transports ferroviaires (internationaux et nationaux) à la concurrence d’ici 2019, ainsi que la séparation effective entre la gestion du réseau (les rails) et la prestation des services (les trains).
Plusieurs milliers de cheminots, venus de toute l’Union européenne à l’appel de la Fédération européenne des travailleurs des transports (FET-CES), s’étaient donné rendez-vous pour l’occasion dans la capitale alsacienne. Cette mobilisation , après bien d’autres, n’a pas empêché 386 députés (contre 206 et 78 abstentions) d’avaliser ce très mauvais coup contre le service public. Le texte adopté impose par exemple la présence d’au moins trois opérateurs concurrents dans un pays comme la France, avec tout le cortège de conséquences , tant en matière sociale que sur le plan du service rendu, liées à la course à la « compétitivité » qui s’ensuivrait. Or, la vérité obligé à le souligner: parmi les 386 coupables figuraient « naturellement » les élus UMP, mais aussi, hélas,l’essentiel des parlementaires socialistes, à l’exception de représentants de « l’aile gauche », qui se sont abstenus.
Quelles leçons tirer de cette énième expérience désolante , à quelque 80 jours du renouvellement de l’assemblée de Strasbourg? La première, c’est que « oublier » d’aller voter le 25 mai prochain, c’est offrir une prime à tous les obsédés de l’Europe libérale. Car, retenons cela : contrairement à une idée reçue selon laquelle « le Parlement européen n’a aucun pouvoir », si 50% des députés +1 s’opposaient à une directive du type de celles dont nous parlons, celles-ci seraient caduques! Si les électrices et les électeurs votaient en fonction de leurs attentes, cette majorité serait atteinte et même dépassée! Certes , cela ne suffit pas pour refonder l’Europe. Il n’en demeure pas moins que se priver de ce levier relève de l’autoflagellation !
Le second enseignement à retenir de la journée noire de ce 26 février, c’est qu’il vaut mieux y regarder à deux fois avant de choisir le bulletin à glisser dans l’urne,le 25 mai prochain… Qui peut contester, à cet égard, qu’il y a, au Parlement européen, un groupe politique qui n’a, de toute son existence, jamais dévié de son orientation résolument sociale: la « Gauche unitaire européenne », représenté en France par le Parti communiste ,et plus généralement le Front de gauche, et soutenu dans toute l’UE par le Parti de la Gauche Européenne (PGE) et son candidat à la présidence de la Commission, notre ami grec, leader du parti Syrisa, Alexis Tsipras. Ce groupe est donné en nette progression dans les enquêtes d’opinion. Reste à concrétiser cet espoir.
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