L’UE ET LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME
21 juillet 2016 at 2:45 Laisser un commentaire
Pour l’Europe, « j’ai proposé une nouvelle impulsion. L’essentiel, c’est la protection des Européens » déclarait François Hollande dans son entretien télévisé du 14 juillet, quelques heures avant l’effroyable tuerie de la Promenade des Anglais. Mais quels sont , au fait, les compétences et les instruments dont dispose l’ Union européenne , à ce jour, dans ce domaine ? Et surtout, quelle est leur efficacité au regard de la tragédie de Nice ?
L’action européenne à cet égard date des suites du choc du 11 septembre 2001 . « L’Europe de la sécurité » s’est renforcée aux lendemains des attentats de Madrid du 11 mars 2004. Elle s’est notamment dotée d’un « coordinateur de la lutte contre le terrorisme ». Au départ, l’accent était mis sur le choix de l’UE de mener cette lutte contre le terrorisme « dans le respect de l’état de droit » . Une importance nouvelle était également accordée à « l’échange en matière de renseignements ». Enfin, on insistait officiellement sur « la nécessité de lutter contre les facteurs susceptibles d’alimenter le terrorisme (…) par l’action politique, la prévention des crises, le règlement des conflits, l’aide au développement, la coopération, la formation… » (1) Par la suite, les pressions en faveur de réponses de plus en plus sécuritaires (et militaires) au fléau terroriste n’ont cessé de s’accentuer tandis que se multipliaient les attaques dans de nombreuses villes d’Europe : Londres, Copenhague, Paris, Saint-Denis, Bruxelles…
Il existe désormais , au sein d’Europol ( Office européen de police ) un « Centre européen de lutte contre le terrorisme » destiné à faciliter l’échange d’informations entre les Etats membres. La lutte contre le phénomène dit des « combattants étrangers » y prend une place grandissante. Il s’agit du contrôle systématique de ressortissants européens repérés au moyen d’indicateurs de risques et souhaitant quitter l’espace Schengen afin de s’engager dans les rangs de Daesh. A l’extension des gigantesques fichiers du « Système d’information Schengen » ( signalement de personnes recherchées ou placées sous surveillance ) et d’ « Eurodac » ( base de données centrale informatisée d’empreintes digitales ) se sont ajoutés le déploiement dans différentes régions du monde, en particulier l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du SIV (« Système d’information sur les visas » ) ainsi que la création du RAN ( « Radicalisation Awereness Network ») , centre de lutte contre la radicalisation. Une unité spéciale est chargée de centraliser les signalements de sites web incitant au terrorisme en vue de les bloquer. Par ailleurs, un « corps européen de garde-frontières et de garde-côtes » doit voir le jour. Quant à la fameuse directive PNR ( qui contraint les compagnies aériennes à fournir aux autorités les données des passagers pour tous les vols vers ou depuis l’UE ), elle est définitivement adoptée. Et pourtant…
Au vu des premiers éléments de l’enquête sur l’attentat du 14 juillet, l’on ne peut manquer de s’interroger sur la pertinence de cette fuite en avant sécuritaire. Rappelons que le tueur de Nice vivait en France. Selon ses voisins, « il buvait de l’alcool, mangeait du porc et n’avait rien à voir avec la religion ». Il était , d’après le Procureur, « totalement inconnu » des services de renseignements. Aucun des impressionnants dispositifs prévus n’était susceptible de prévenir son acte. Alors, on continue ou on s’interroge ?
——–
(1) Pierre Sellal, Représentant permanent de la France auprès de l’Union européenne, devant la délégation pour l’UE du Sénat (17/11/2004).
Entry filed under: 13 Novembre, Actualité, Allemagne, Angela Merkel, attentats, Ayrault, Erdogan, Etats-Unis, Europe, France.
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed