An coeur de l’été et en pleine « affaire Benalla », le « deal » très trumpien conclu entre le Président de la Commission européenne et le locataire de la Maison blanche, le 25 juillet dernier, n’a pas suffisamment retenu l’attention en France. Il représente pourtant un triple scandale.
D’abord en raison des objectifs conjoints consignés dans le communiqué commun et rappelés comme autant d’engagements réciproques par le Président américain à l’issue de la rencontre. Il est question de « Zéro subvention » sur de nombreux biens industriels -ce qui peut viser le financement public de secteurs chargés de « services d’intérêt économique général » (les services publics) !- et de « Zéro barrière non tarifaire », autrement dit de la disparition de toute forme de règlementation du commerce extérieur telle que les licences ou les quotas destinée à maîtriser un tant soit peu les échanges ! Quelles normes environnementales, sanitaires, phytosanitaires , techniques, sont-elles censées faire partie de ces « barrières » à supprimer ? Veut-on ressusciter, en l’aggravant, feu le traité de libre-échange transatlantique, un TAFTA-bis en pire ? !
Ensuite, cet accord pose un grave problème de démocratie. La Commission se veut la « gardienne des traités européens ». Or, ceux-ci n’autorisent nullement le Président de la Commission à prendre ce type d’initiative unilatérale sans disposer d’un mandat explicite du Conseil -c’est-à-dire des représentants des 28 gouvernements- (article 207 du traité sur le fonctionnement de l’UE). Sans doute encouragé par Angela Merkel à obtenir par tous les moyens de Donald Trump qu’il renonce à taxer les importations de voitures européennes -dont 60 % sont allemandes-, M. Juncker s’est accordé des pouvoirs qu’il n’a pas. Ce n’est pas acceptable !
Enfin, en s’inscrivant servilement dans la ligne du « America first » de Trump, le « compromis » signé par le Président de la Commission constitue un fiasco stratégique pour l’Union européenne. Les exemples de cette soumission sont légion. Ainsi, l’UE avait-elle fixé un préalable à tout accord futur : Washington devait d’abord annuler la hausse punitive des droits de douane sur l’acier et l’aluminium européens. « Nous n’allons pas à ces négociations avec un pistolet braqué sur la poitrine » avait fièrement annoncé le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Résultat : Juncker a finalement accepté que ces sanctions ne soient levées qu’en cas de succès des négociations à venir. Autre exemple : il aura suffi que le Président des Etats-Unis élève la voix contre les achats jugés excessifs de gaz russe plutôt qu’américain pour que Juncker s’engage, aux dires de Trump, à ce que l’UE achète « massivement » du gaz (deux fois plus cher) aux producteurs d’outre-Atlantique ! Pire : Trump était en grande difficulté auprès de ses électeurs influents du Midwest, dont les grandes exploitations agricoles étaient directement touchées par les mesures de rétorsion de la Chine à la guerre commerciale déclenchée par le leader de l’Occident. Juncker lui sauve la mise -sur le dos des Chinois- en promettant que l’UE importera plus de soja des Etats-Unis…Trump : 1; UE : zéro ! Ces compromissions honteuses doivent être dénoncées et mises en échec .
2 août 2018 at 4:18
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