L’UE ET LE CLIMAT : METTRE CARTES SUR TABLE !
10 août 2018 at 11:28 Laisser un commentaire
Incendies terrifiants et meurtriers depuis la Grèce jusqu’en Suède; canicule suffocante de la Méditerranée au cercle polaire; brasiers géants de la Californie à l’Australie…Cet été aura cruellement rappelé aux sceptiques et aux inconscients que la lutte contre le changement climatique n’est pas un luxe ou un supplément d’âme, mais une exigence vitale à l’échelle de la planète. L’UE -3ème émettrice de gaz à effet de serre (10%)- partage officiellement cette analyse. Pionnière dans les années 90, elle dit vouloir toujours se montrer exemplaire en la matière. Qu’en est-il ?
Lors de la COP 21, en 2015, les Etats membres de l’UE s’étaient fixé collectivement une feuille de route jusqu’en 2030 . Celle-ci correspondait à une BAISSE moyenne des émissions d’environ 0,9% par an entre 2014 et 2030 -ce que des spécialistes avaient déjà jugé inférieur de moitié à ce qui serait nécessaire pour respecter l’ambition affichée par l’accord de Paris : limiter le réchauffement à 2 degrés, voire 1,5. Près de trois ans ont passé et le constat est alarmant : les pays de l’UE ont, en moyenne,…AUGMENTÉ leurs émissions de 1,8% en 2017 par rapport à 2016. La France, qui, comme les autres pays riches de l’UE, était censée faire plus d’efforts que la moyenne, a vu ses émissions croître de 3,2% ! (Chiffres d’Eurostat). Inacceptable ! L’une des conditions les plus cruciales à remplir pour respecter l’accord de Paris était d’agir au niveau de la production énergétique en renonçant au charbon d’ici 2030. A cet égard, c’est le cas de l’Allemagne, première consommatrice d’énergie de l’UE (et 6ème dans le monde), qui fait hurler d’indignation : à une douzaine d’années à peine de l’échéance, les combustibles fossiles entrent toujours pour 51% dans sa production d’électricité et pour… plus de trois quarts dans sa consommation d’énergie en général ! (Source: « Connaissance des énergies »). Irresponsable !
Enfin, les émissions de gaz ne connaissant pas de frontières, la mobilisation pour sauver le climat doit être partie intégrante de l’action internationale de l’UE. Surtout après la décision réellement criminelle de Donald Trump de retirer son pays -1er pollueur du monde par habitant- de l’accord de Paris. Est-ce le cas ? Malheureusement pas. Certes, on notera pour s’en réjouir certaines initiatives positives. Par exemple, le mois dernier, avec un sommet UE-Chine prometteur en matière de collaboration sur le changement climatique, les énergies propres et un transport aérien moins carboné. De même, le rôle joué par l’UE dans l’adoption de l’amendement contraignant dit « de Kigali » au protocole de Montréal pour la protection de la couche d’ozone a été légitimement salué : cet accord obligera les pays développés à réduire leur production et leur consommation de HFC (1) en 2019. Mais, dans le même temps, les nombreux accords de libre-échange dont l’UE a pris l’initiative ont des effets clairement néfastes sur le climat, comme l’ont fait remarquer, il y a juste un an, à Emmanuel Macron, les 9 experts missionnés par le gouvernement lui-même sur l’accord UE-Canada, le CETA. Quant au « Fonds vert pour le climat » destiné à aider les pays du sud, où en sont les engagements concrets des Européens ?
Il est grand temps de mettre cartes sur table en toute transparence sur toutes les dimensions de ce enjeu majeur pour nos générations: le climat est un défi taillé sur mesure pour une « Europe » prenant ses responsabilités et tournée vers l’avenir.
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(1) Hydrofluocarbones , dont l’utilisation dans les appareils de réfrigération et de climatisation ou les aérosols accélère le changement climatique.
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