UE- BIÉLORUSSIE : TIRER LES LEÇONS DU FIASCO UKRAINIEN

28 août 2020 at 5:53 Laisser un commentaire

Je ne sais si Alexandre Loukachenko est « le dernier dictateur d’Europe », mais il est incontestablement un autocrate. Si la majorité de la population lui a longtemps su gré de lui assurer la satisfaction de ses besoins fondamentaux, il est aussi, de longue date, sévèrement critiqué par un nombre croissant de ses concitoyens pour ses atteintes répétées à leurs droits démocratiques .

L’UE a exercé jusqu’ici à l’égard de ce régime une diplomatie à géométrie variable. Tantôt, elle le mettait à l’index quand il était jugé trop proche de Moscou, dont il dépend économiquement. Tantôt elle levait les sanctions lorsqu’il prenait ses distances avec Poutine et flattait l’Occident dont il convoitait le marché et les capitaux. «   Je crains que des considérations économiques et géopolitiques prennent le dessus sur le droits de l’homme » déclarait en 2016 l’opposant Ales Bialatski -un temps, l’un des  interlocuteurs privilégiés de Bruxelles-   , ajoutant qu’il s’agissait d’une « approche qu’on pourrait qualifier de cynique » (1). De fait, dictateur ou pas : « Il a démontré (…) qu’il n’était pas une marionnette de Moscou » soulignait en 2015 un diplomate européen (2).

Aujourd’hui, la puissance de la contestation populaire change la donne. Les dirigeants européens les plus russophobes (ceux de Pologne et des Pays baltes en tête) caressent l’espoir de l’arrivée prochaine au pouvoir à Minsk d’un allié sûr, capable d’élargir vraiment la zone d’influence de « l’Europe » au détriment de Moscou, voire d’ouvrir la voie à une nouvelle extension de l’OTAN.

L’on ne saurait trop conseiller aux Chefs d’Etat et de gouvernement des « 27 » de ne pas céder aux sirènes de ceux qui semblent n’avoir tiré aucune leçon du fiasco ukrainien. A l’époque, c’était déjà sous la pression de ces chauds partisans d’une nouvelle « guerre froide » que l’UE avait créée le « Partenariat oriental ». Ce Pacte visait ni plus ni moins qu’ à disputer à Moscou l’influence dans les ex-Républiques soviétiques, quitte à répandre dans ces pays l’illusion d’une aide substantielle si ce n’est la perspective d’une adhésion à l’UE et à l’OTAN. C’est ainsi qu’on somma les Ukrainiens de choisir entre un accord avec la Russie -vers où penchait l’Est du pays- et une alliance avec « l’Europe », qui tentait la partie occidentale de cet État aux aires culturelles variées sinon contradictoires. On connaît la suite. Un précédent dévastateur à ne renouveler à aucun prix !

Plusieurs signes semblent laisser espérer une attitude plus prudente, cette fois-ci, de la part de certains des principaux dirigeants européens. Ainsi, Emmanuel Macron et  Angela Merkel se sont-ils prononcés pour une « coordination » entre l’UE et la Russie en vue de contribuer à une solution politique à la situation et semblent avoir recueilli un avis favorable de Moscou pour une médiation de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). Dès lors que serait exclue toute instrumentalisation de cette organisation paneuropéenne à des fins de concurrence EST-OUEST, cette initiative pourrait, en effet, s’avérer utile et positive. Acceptons-en l’augure.

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(1) Entretien sur « Euractiv » (février 2016)
(2) Le Monde (11/10/2015)

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