LES ENNEMIS DE NOS ENNEMIS SONT-ILS NOS AMIS ?
7 avril 2022 at 9:04 Laisser un commentaire
Les images qui nous parviennent d’Ukraine sont insoutenables. Nul besoin d’être un partisan de l’OTAN pour être révolté par la cruauté de la guerre russe contre ce pays ! Il suffit pour cela d’être attaché au droit international le plus élémentaire et d’avoir un peu de cœur ! Pourtant, les circonstances tragiques de ce conflit offrent aux thuriféraires de « l’Occident » (merci M Poutine !) une occasion rêvée de tenter de réhabiliter la vieille logique des 2 « camps » : quiconque ne se retrouve pas dans l’un est sommé de faire allégeance à l’autre. L’Union européenne est, à cet égard, dans l’œil du cyclone : toute critique entamant l’unité de la « famille occidentale » est assimilée à de la complaisance envers le Kremlin .
C’est le retour aux mœurs détestables de la guerre froide ou encore du début des années 90, quand s’opposer à la guerre du Golfe vous classait parmi les soutiens à Sadam Hussein ! Le « camp occidental » est si verrouillé que la timide réserve formulée par Emmanuel Macron à propos du qualificatif dont Joe Biden a affublé son homologue russe passerait presque pour de l’impertinence. Y compris les dirigeants de l’UE qui se voulaient naguère si attachés à « l’autonomie stratégique » de l’Europe placent désormais, comme au bon vieux temps, le « Chef du monde libre » sur un piédestal . C’est si vrai que, fin mars, le Président américain a participé à la réunion du…Conseil européen. Les deux principaux sujets à l’ordre du jour de ce sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE étaient l’alourdissement des sanctions contre la Russie (qui ne coûtent pas cher à Washington) et le renforcement de la sécurité énergétique de l’Europe (qui lui rapporte gros). En prime, a été réaffirmée à cette occasion « la coopération solide entre l’OTAN et l’UE ».
Il faut espérer que ces pressions ne réussiront pas à altérer la pensée critique ni à instaurer une quelconque autocensure parmi nos concitoyens et concitoyennes ! Ainsi, ne laissons pas la légitime aspiration des Européens à veiller à leur sécurité face à un pouvoir russe, plus que jamais vécu comme une menace, se traduire par une folle course aux armements réclamée par Washington et le complexe militaro-industriel. Rappelons que, d’ores et déjà, les dépenses militaires des seuls pays de l’UE sont 4 fois supérieures à celles de la Russie. En cas d’agression, ils auraient largement les moyens d’assurer, en coopération, leur défense commune.
Plutôt que de se lancer dans une nouvelle orgie d’armements et de s’abriter sous l’illusoire « parapluie nucléaire » américain, les Européens seraient bien inspirés d’approfondir sérieusement leur politique de prévention des tensions et des conflits sur le continent ! Et, de ce point de vue, l’OTAN s’est davantage révélée comme pourvoyeuse de crises que comme facteur de confiance -cet ingrédient indispensable à la construction d’une paix durable. Les ennemis de nos ennemis ne sont pas toujours nos amis
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