NETANYAHOU : L’IMPUNITÉ ALIMENTE L’ESCALADE
31 mars 2023 at 6:19 Laisser un commentaire
Chaque année, le 30 mars, les Palestiniens commémorent la « Journée de la Terre ». Cette journée de lutte fait référence à une puissante grève des Palestiniens d’Israël qui eut lieu ce même jour en 1976 pour protester contre la confiscation de 2500 hectares de terre en Galilée par le gouvernement de l’époque. L’armée réprima dans le sang cet acte de résistance avec une violence inouïe : c’est cette tragédie, et la cause à laquelle elle est intimement liée -la défense de leur terre au sens le plus large- , qui réunissent en cette journée l’ensemble des Palestiniens.
C’est la proximité de ce moment emblématique -et du début du ramadan…- qu’a choisie la coalition d’extrême-droite au pouvoir en Israël pour voter, à la Knesset, le 21 mars dernier, l’annulation de la loi ordonnant en 2005 l’évacuation de quatre colonies de Cisjordanie. Cette décision est ouvertement provocatrice. Il s’agit, en effet, de revenir 18 ans en arrière, quand le pourtant très réactionnaire chef du gouvernement d’alors, Ariel Sharon, partisan du « Grand Israël », s’était senti contraint de faire un geste vis-à-vis de ses parrains occidentaux , dans un contexte de fortes pressions internationales contre la prolifération des colonies dites « sauvages », car établies sans autorisation préalable des autorités .
Parmi les rares ministres qui s’étaient alors opposés à Sharon figurait un certain Benjamin Netanyahou. Celui-ci entend signifier aujourd’hui qu’il se sent assez fort pour casser la timide concession de son lointain prédécesseur. Les colons évacués en 2005 pourront donc se réinstaller sur des terres privées palestiniennes. Parmi eux figure une députée proche du ministre suprémaciste Ben Gvir, en charge de…la Sécurité nationale et de la Cisjordanie ! Le ministre des finances, l’ultra-orthodoxe Smotrich, s’était, quant à lui, illustré deux jours plus tôt dans une « cérémonie » aux allures de meeting d’extrême-droite, à Paris, par son abjecte sortie raciste sur le thème : « Il n’y a pas de Palestiniens. Ils n’ont ni histoire, ni culture ». Pour avoir prouvé le contraire, près d’une centaine d’entre eux sont morts depuis le début de l’année…
L’impunité alimente l’escalade : Netanyahou -ce personnage massivement contesté dans la rue par la population israélienne, fut salué dès son investiture comme son « ami depuis des décennies » par Joe Biden , avant d’être reçu en grande pompe par Emmanuel Macron, une semaine après le funeste assaut de l’armée israélienne sur le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, en Cisjordanie, qui avait fait onze victimes.
Même le putsch judiciaire que tente Netanyahou en soumettant la Cour suprême -seul contrepoids institutionnel du pays- à sa majorité parlementaire ne suffit pas aux dirigeants occidentaux pour se décider enfin à réagir au danger : celui d’une immunité totale pour Netanyahou et d’une voie libre aux pires ambitions de sa coalition raciste et ultra-nationaliste en matière d’occupation, de colonisation et d’annexion. La France est, paraît-il, « extrêmement préoccupée » par la situation en Israël, exactement -au mot près- comme les Etats-Unis…Aveugles ou complices, jusqu’où ?
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