Posts filed under ‘energie’

IL FAUT SAUVER LES EFFORTS DIPLOMATIQUES SUR LA SYRIE !

wurtz-l-humanite-dimancheAssiste-t-on au torpillage délibéré de la mince mais inespérée chance de construction d’une transition politique en Syrie , seule issue à cette guerre atroce dont se nourrit Daech ? En exécutant le dignitaire chiite Nimr Al-Nimr , opposant résolu mais pacifique au régime féodal d’Arabie saoudite, Ryad pouvait-il ignorer que sa provocation à l’encontre de la communauté chiite en général et de l’Iran en particulier allait jeter de l’huile sur le feu des lourds contentieux qui opposent les deux puissances rivales du Proche-Orient et , partant, les deux courants de l’Islam que celles-ci prétendent représenter ?

Tout se passe comme si le nouvel homme fort de la dynastie wahhabite , obsédé par le retour de l’Iran sur la scène internationale, redoutait qu’un règlement politique de la crise syrienne ne permette par trop à Téhéran de mettre le pied à l’étrier . Or, pour qui voulait enrayer la dynamique diplomatique en marche, le temps pressait : le 25 janvierprochain, le représentant spécial de l’ONU en Syrie, Staffan de Mitsura, devait réunir à Genève des émissaires du régime de Damas et de l’opposition pour explorer la possibilité d’aboutir à un gouvernement de transition !  La « communauté internationale » -en l’occurrence les États qui travaillent depuis des semaines à créer les conditions d’une négociation susceptible d’ouvrir la voie à une hypothétique solution politique au conflit syrien- ne peut laisser s’évanouir le timide espoir de paix qu’elle vient tout juste de faire naître !

Rappelons les progrès prometteurs enregistrés à cet égard au cours des dernières semaines . Le 30 octobre 2015, une première session de la Conférence de Vienne réunit , sous l’égide de l’ONU, 17 pays parmi lesquels  les pays occidentaux, la Russie, l’Iran ( une « première » ! ), l’Arabie saoudite et la Turquie ! Tous appellent à un cessez-le-feu ( sauf concernant le groupe « Etat islamique » !) dans toute la Syrie, à l’ouverture de négociations entre le pouvoir de Damas et l’opposition, et à la tenue d’élections. Il demeure évidemment de profondes divergences entre les protagonistes de cet accord, notamment sur le sort de Bachar Al-Assad, mais un cap majeur est franchi. Le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry , a même déclaré qu’il n’insistait pas sur le changement de régime. Quant à la France, elle a renoncé à faire du départ d’Al-Assad un préalable. Ce sera, le moment venu, aux Syriens d’en décider.

Le 14 novembre, les mêmes se retrouvent dans la capitale autrichienne. Cette fois, ils s’accordent sur une feuille de route pour une transition politique en Syrie : « cessez-le-feu » ,  » processus mené par les Syriens » qui établira « d’ici six mois » un calendrier pour rédiger une nouvelle Constitution », « élections libres » dans les 18 mois…On imagine l’empressement de l’Arabie saoudite, « parrain » officieux des djihadistes « modérés » du Front al-Nosra, branche d’Al-Qaeda en Syrie, à s’engager dans ce processus…Enfin, le 18 décembre dernier, le Conseil de sécurité des Nations-Unies adopte à l’unanimité la résolution sur une sortie de crise en Syrie . Après quatre ans et demi de guerre sans merci, ce fut une avancée historique ! La véritable bataille pour la paix pouvait enfin commencer. C’est tout ce fragile édifice que la provocation de Ryad menace aujourd’hui .

On attend de Paris, qui s’est, jusqu’ici, suffisamment compromis avec le régime saoudien, devenu, au prix d’une escadrille de « Rafales », son allié privilégié dans la région, qu’il pèse de tout son poids, et sans perdre de temps, pour obtenir de Ryad la fin d’une escalade irresponsable et le retour à la table des négociations.

14 janvier 2016 at 12:58 Laisser un commentaire

TROIS SUCCES DE 2015 A CONFORTER EN 2016 !

wurtz-l-humanite-dimanche2015 restera dans les mémoires comme une année noire . La vie internationale a vu se succéder les pires traumatismes : les monstruosités de « Daech » ( groupe « Etat islamique » ) ; la tragédie syrienne et l’embrasement du Moyen Orient; le drame des réfugiés ; la folie répressive du dictateur turc contre le peuple kurde ; la prolongation de la dangereuse crise ukrainienne; l’acharnement des institutions européennes et occidentales contre le peuple grec…

Il y a eu, pourtant, durant cette même année, quelques avancées qu’on peut légitimement qualifier d’ historiques -comme l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien ; l’accord de Paris sur le climat ; ou encore, à mes yeux, l’annonce par l’Organisation Mondiale de la Santé de l’éradication , hautement symbolique , de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest . Il convient d’autant moins de négliger ces espoirs qu’ils appellent beaucoup de persévérance -en 2016 et après- pour être pleinement et durablement concrétisés .

Ainsi, l’aboutissement de douze années de négociations difficiles (en raison des obstacles accumulés de part et d’autre ) entre les représentants de la communauté internationale et l’Iran constitue-t-il en soi un succès très prometteur. Il montre que la résolution des crises internationales les plus complexes passe plus que jamais par la voie de la diplomatie , alors que toutes les aventures militaires menées par ailleurs, durant la même période, ont conduit sous nos yeux à l’échec et au chaos. Mieux, le fait que l’Iran soit à présent associé aux pourparlers sur la Syrie -avec l’accord du grand rival saoudien- laisse espérer l’amorce d’un tournant positif dans la recherche d’une solution politique à ce terrible conflit. Mais, pour autant, fait-on tout ce qu’il faut pour aider l’actuel Président iranien à asseoir son autorité face à ses adversaires ultra-conservateurs, plus que réticents à la politique d’ouverture de Hassan Rohani ? D’importantes élections ont lieu en Iran d’ici trois mois : or, cinq mois après l’accord de Vienne, les sanctions internationales contre Téhéran ne sont toujours pas levées et le peuple n’a toujours rien vu des changements tant espérés. Attention: danger !

La même vigilance s’impose à propos de la COP 21. On ne peut que se réjouir que, pour la toute première fois, 195 pays si différents aient réussi à s’accorder sur un objectif ambitieux et des principes essentiels en matière de lutte contre les dérèglements climatiques ! Mais le revers de la médaille de cette universalité, c’est l’étendue des compromis qu’il a fallu accepter pour l’obtenir. Le résultat final dépendra donc des rapports de force que les mobilisations multiformes réussiront à construire pas à pas. Il faut y veiller !

Enfin, il était émouvant de voir l’explosion de joie provoquée dans les pays les plus touchés par Ebola par la confirmation que cette épidémie, qui a causé plus de 12 000 morts , avait été « vaincue ». Et de fait, il s’agit d’un espoir considérable! Mais , à supposer que le virus d’Ebola s’avère effectivement terrassé, on ne sera sûr d’en avoir fini avec ce type de pandémie que lorsque l’Afrique sera libérée de la grande pauvreté et bénéficiera partout de systèmes de santé dignes de ce nom. On en est loin. Beaucoup d’actions en vue, donc, pour que les fruits tiennent la promesse des fleurs !
————————————-
J’AI APPRIS AVEC TRISTESSE LE DÉCÈS BRUTAL DE DENIS PIETTON, DIPLOMATE EXEMPLAIRE, QUE REGRETTERONT TOUS LES AMIS DU PEUPLE PALESTINIEN QUI ONT PU APPRECIER SA DROITURE ET SON COURAGE POLITIQUE COMME CONSUL GENERAL DE FRANCE A JERUSALEM DANS LES ANNEES 2000. IL A FAIT HONNEUR A SON PAYS.

24 décembre 2015 at 10:53 Laisser un commentaire

GAZ POLLUANTS : UN TRIPLE SCANDALE EUROPÉEN

wurtz-l-humanite-dimancheLa décision « abracadabrantesque » prise à Bruxelles le 28 octobre dernier d’accorder aux constructeurs automobiles le droit de dépasser de 110% les normes européennes en matière d’émission de gaz polluants par les véhicules automobiles a provoqué un légitime tollé . Au point que Ségolène Royal a cru nécessaire -à moins d’un mois de la COP 21- de promettre qu’une prochaine réunion des ministres européens « remettra les choses au clair ». Il y a de quoi ! Il s’agit, en fait, d’un triple scandale qui met en lumière des tares structurelles de l’actuelle Union européenne.

Le premier d’entre eux saute aux yeux : en réponse aux pressions des grands constructeurs, l’ « Europe » légalise la triche en matière de pollution automobile ! Rappelons les faits : bien avant que n’éclate l’incroyable « Affaire Volkswagen » -en fait, au moins depuis 2013- , l’Union européenne sait pertinemment que 90% des constructeurs ne respectent qu’en apparence le plafond d’émission de gaz polluants fixé par une directive européenne de… 2007 -et ce grâce à leurs tests « bidons » réalisés en laboratoire, dans des conditions qui ont peu à voir avec celles que rencontreront les futurs clients. Ce n’est qu’après la révélation du pôt-aux-roses « VW » que les dirigeants européens se sont décidés à rappeler à l’ordre les tricheurs. Par des sanctions ? Non : ils devront simplement se mettre en règle d’ici 2017 ( soit dix ans après l’adoption de la directive ) et les tests seront désormais réalisés en condition réelle. Cool ! Mais comme cette souplesse ne suffit pas aux industriels de l’automobile, Bruxelles vient de leur consentir un « seuil de tolérance » de 110% jusqu’à 2020 puis, durablement, une « marge d’erreur » de 50% au-delà de cette date. Le lobbying, ça marche en Europe !

Mais ce n’est pas tout ! Le deuxième scandale, c’est que cette capitulation devant les groupes de pression -en particulier allemands, très virulents, mais aussi français, britanniques, etc- n’ émane ni du Conseil des ministres européens ni du Parlement européen , autrement dit les deux institutions qui ont adopté ensemble la directive en 2007, mais…d’un « Comité technique » ! Kesako ? Il en existe plus de 300 ! Institués au moment du grand tournant libéral de la fin des années 80, ils n’ont cessé de proliférer depuis. Ils sont composés d’ « experts » appelés à assister la Commission européenne dans l’exécution des décisions des co-législateurs ( en l’occurrence, assurer l’application effective de la directive sur les gaz polluants ) . En principe donc, ils ne prennent pas de décision. Mais si une majorité qualifiée de ces « experts » s’oppose à un projet de la Commission , celui-ci tombe. Ce fut le cas cette-fois-ci. Mais, au fait : qui sont ces « experts » dotés de pouvoirs occultes aux lourdes conséquences ? C’est là le troisième scandale qui -telle une poupée russe- s’emboîte dans les deux premiers : nul ne les connaît ! Au départ, il s’agissait de fonctionnaires représentant chaque gouvernement. Depuis l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, ce sont des « professionnels issus d’Etats membres quels qu’ils soient, voire même des experts internationaux, choisis par la Commission » (1) . Certes, Parlement et Conseil des Ministres sont censés être tenus informés de ces « consultations » et peuvent, le cas échéant, se saisir du litige. Ce qu’ils vont sans doute faire, finalement, …après l’indignation suscitée par l’ « affaire ». Comme quoi, l’implication de citoyens dûment informés est décisive pour déjouer les pièges de la démocratie mitée de l’actuelle Union européenne.

———-
(1) REIF No 54 ( Décembre 2014 )

5 novembre 2015 at 10:38 Laisser un commentaire

Older Posts Newer Posts


Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire à ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par courriel.

Rejoignez les 5 297 autres abonnés

Chronique européenne dans l’Humanité Dimanche

Intervention au Parlement européen (vidéo)

GUE/NGL : vidéo

décembre 2025
L M M J V S D
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293031  

Archives

Catégories

Pages

Pages