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      10 ÉVÉNEMENTS DE CET ÉTÉ A SUIVRE AVEC ATTENTION

     

Le fait d’assister impuissant, jour après jour, à un génocide de plus en plus avéré à Gaza et à la poursuite impitoyable de la guerre en Ukraine pèse sur notre capacité à apprécier à leur juste valeur d’autres événements significatifs de cet été dont les développements sont pourtant à suivre avec attention.

Tout d’abord, des accords de paix ont mis fin à plusieurs conflits : entre la RDC (Congo) et le Rwanda; l’Arménie et l’Azerbaïdjan; la Thaïlande et le Cambodge, l’Inde et le Pakistan…Certes, la situation y reste souvent fragile et la médiation américaine, là où elle s’est réellement exercée, laisse des traces délétères. La vigilance s’impose donc, mais le progrès est sensible.

Par ailleurs, le fait que les présidents des deux principales puissances nucléaires se parlent est en soi une bonne chose, même s’il ne leur appartient pas de décider de l’avenir de l’Ukraine.

Un autre événement de portée considérable est le rapprochement spectaculaire entre la Chine et l’Inde, qui, tout comme le Brésil de Lula, ont tenu tête à l’autocrate de la Maison Blanche. C’est une défaite politique majeure pour Washington et un gage de coopération et de paix au cœur du Sud global. 

A l’inverse, la soumission de Madame Von der Leyen à Trump dans l’affaire des taxes douanières et les flagorneries des dirigeants européens à l’égard de leur « papa » (dixit le secrétaire général de l’OTAN !) ont humilié l’Europe dans le monde et risquent de coûter très cher aux Européens.

A suivre également la voie ouverte par le dirigeant kurde Öcalan vers le désarmement du PKK au profit de la lutte politique pour la pleine reconnaissance des droits de son peuple. Significatif est également le mandat d’arrêt émis par le Tribunal pénal international à l’encontre du chef suprême des talibans pour « persécution » des femmes afghanes.

Concernant l’Ukraine, faut-il taire plusieurs faits entachant l’image de Volodimyr Zelensky, comme la tentative avortée de mettre fin à l’indépendance de deux organisations de lutte contre la corruption, ou l’arrestation en Italie du responsable présumé de l’attentat perpétré en 2022 contre le gazoduc Northstream , qui s’avère être le chef d’un commando ukrainien , ou encore le lancement par l’armée ukrainienne d’un drone sur la centrale nucléaire de la ville russe de Koursk ? Je ne le pense pas : la solidarité légitime avec le peuple ukrainien agressé ne doit pas se traduire par un renoncement à l’esprit critique à l’égard de ses dirigeants. Pas de justice sans vérité.

Dans un tout autre domaine : quiconque voit dans la lutte pour le climat l’une des priorités de notre époque ne peut que se réjouir de la décision de la Cour Internationale de Justice (23/7/2025) de considérer la violation des obligations climatiques comme un « fait internationalement illicite » engageant la responsabilité des États.

Enfin, on appréciera hautement les différentes formes de sursaut humaniste qui se manifestent face aux vents mauvais qui balaient le monde : depuis ces figures du Parti social-démocrate allemand qui ont lancé un manifeste pour s’opposer au surarmement et « arrêter la course insensée à la guerre »,  jusqu’aux désormais innombrables initiatives de solidarité avec le peuple palestinien, y compris de la part de personnalités israéliennes de référence. Leur dignité nourrit notre espoir.

4 septembre 2025 at 4:23 Laisser un commentaire

14 JUILLET 2015 : RETOUR SUR UN ACCORD DE PAIX EXEMPLAIRE 

La « guerre préventive » d’Israël contre les sites nucléaires iraniens et les assassinats ciblés de scientifiques iraniens, complétés par les super-bombes américaines, ont-ils mis fin au programme nucléaire de Téhéran ? La plupart des experts en doutent. A l’inverse, cette folle aventure militaire coûte très cher au peuple iranien : outre les centaines de victimes civiles de l’agression israélienne, elle a entraîné une vague de répression du régime contre ses opposants sous couvert de chasse aux espions. Les seules frappes israéliennes sur la (tristement célèbre) prison d’Evin ont coûté la vie à 71 personnes parmi lesquelles nombre de détenus politiques, de proches en visite, de gardiens respectés. Elles ont « fragilisé la lutte des dissidents » note « L’Orient-le Jour ». S’ajoutent à ce désastre le projet de l’Iran de refuser désormais les contrôles de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, voire de se retirer du Traité de Non-Prolifération nucléaire (qui entraînerait la fin définitive des contrôles internationaux), ainsi que la certitude, selon des spécialistes de la région,  que  cette guerre va « alimenter au Moyen-Orient la haine de l’Occident et le désir de vengeance » (1). Un chaos qui tranche tragiquement avec le résultat prometteur obtenu il y a tout juste 10 ans grâce à un accord de paix exemplaire conclu entre la communauté internationale et l’Iran : l’emblématique Accord de Vienne. Retour sur ce succès historique, torpillé par Trump 1 en 2018, avec les conséquences que l’on sait. 

Tout avait commencé, en 2002, par des révélations sur la construction clandestine d’un site d’enrichissement de l’uranium en Iran. Le pays se préparerait-il à se doter de l’arme atomique ? La France, l’Allemagne et la Grande Bretagne prirent ensemble la bonne initiative d’engager, à partir de 2003, des négociations avec Téhéran. Ils furent rejoints en 2006 par les Etats-Unis, la Chine et la Russie, ainsi que par l’Union européenne comme telle. Cette coalition exceptionnelle travailla en relation étroite avec l’AIEA. Les bases de la négociation étaient, en principe, claires (même si la France en eut une lecture volontiers plus exigeante que d’autres) : dès lors que l’Iran, signataire du Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP), respecte les règles de celui-ci -qui interdisent l’usage militaire mais autorisent l’usage civil du nucléaire sous la supervision de l’AIEA- le pays échappera aux sanctions économiques internationales et pourra trouver sa place dans les relations  internationales (2).

 La structure très particulière du pouvoir iranien -celui, archi-dominant, du « Guide », celui des inflexibles « gardiens de la révolution », mais aussi celui du Président élu, auquel le guide peut laisser une certaine marge de manœuvre en fonction des rapports de force dans le pays- n’a pas simplifié les pourparlers. Après 10 années de langage de sourds sans  résultats concluants -malgré l’application de sanctions internationales de plus en plus sévères à l’économie Iranienne- la situation se débloqua en 2013, après l’élection d’un Président iranien « modéré » : Hassan Rohani. Celui-ci dépêcha à Genève puis à Vienne des négociateurs brillants, avec un mandat réaliste : obtenir la levée des sanctions contre l’acceptation d’une limitation stricte du nombre de centrifugeuses et du niveau d’enrichissement de l’uranium ainsi que d’un contrôle international conséquent. L’AIEA confirma le plein respect de ces engagements. Un pari historique était gagné. 

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(1) Robert Malley, ancien négociateur américain de l’accord de Vienne de 2015, éminent spécialiste du Moyen-Orient (in « Le Monde » , 25/6/2025)

(2) Israël est la seule puissance nucléaire du Moyen-Orient. Elle n’a pas signé le TNP et ne fait donc l’objet d’aucun contrôle de l’AIEA

10 juillet 2025 at 1:42 Laisser un commentaire

ISRAËL-PALESTINE : QUAND LE PASSÉ ÉCLAIRE LE PRÉSENT

Rendons hommage à la Chaîne parlementaire (LCP) et à Jean-Pierre Gratien pour avoir, ce 5 juin, consacré un « Débatdoc » à l’indicible massacre des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et de Chatila, au Liban(1). Est-ce vraiment le moment de revenir sur une tragédie de 1982 ? Hélas, oui car , en l’occurrence, le passé éclaire le présent…

Rappelons les faits. Nous sommes il y a 43 ans. Il n’existe alors ni Hezbollah ni Hamas. C’est le Fatah de Yasser Arafat que Sharon, alors ministre israélien de la défense, veut éradiquer. Le Chef de l’OLP et ses combattants sont retranchés à Beyrouth-Ouest. L’armée israélienne envahit le Sud-Liban en janvier, puis Beyrouth en septembre, avec la bénédiction des milices libanaises de droite, rassemblées dans les « Forces libanaises » (FL) sous la direction de Bachir Gemayel, élu Président du Liban en pleine guerre civile : un personnage aussi inféodé à Israël que violemment anti-Palestiniens. « C’est la première fois qu’une capitale arabe était occupée ! C’était un traumatisme pour tout le monde arabe », se souvient le Directeur  de « L’Orient-le-Jour ».  Les objectifs communs à Sharon et aux FL : détruire l’OLP et tuer Arafat et les « terroristes » qui le suivent. 

Défavorables à cette issue,  Washington, Paris et Rome obtiennent l’évacuation des combattants palestiniens et de leur Chef vers Tunis ainsi que la « garantie » de la vie sauve pour les civils palestiniens , réfugiés dans les camps. Une fois Beyrouth vidé de la résistance militaire, l’armée israélienne, prenant prétexte de l’assassinat de son proche allié, Béchir Gemayel -alors qu’aucun Palestinien n’est impliqué dans cet acte- , imposera le couvre-feu, encerclera les deux camps de réfugiés, laissera pénétrer la milice phalangiste et, durant cinq jours et quatre nuits, massacrer par familles entières hommes, femmes et enfants par centaines, jusqu’à des bébés dans leur berceau. L’armée israélienne aidera même ses supplétifs à perpétrer leurs exactions en déployant de puissantes fusées éclairantes pendant les quatre nuits en question. « Les  Israéliens contrôlaient tout; ils avaient tous les moyens de tout arrêter » soulignent deux experts sur le plateau de LCP (2).

 Le résultat de ce carnage est effroyable. Le documentaire montre un journaliste tétanisé et submergé par l’émotion devant  l’horreur inimaginable qu’il vient de découvrir.  Le Hezbollah naîtra de l’expérience de cette sauvagerie et tissera des alliances avec l’Iran et la Syrie…Non seulement le recours à la force la plus barbare n’aura pas « éradiqué » les combattants, mais il aura puissamment contribué à leur radicalisation :  une leçon élémentaire dont les responsables du génocide du peuple de Gaza ne veulent toujours pas admettre l’évidence. « Il est absurde d’imaginer faire disparaître un peuple ou une idéologie par les armes ! On peut sortir du cycle de la violence dans un processus politique à condition de voir que la racine des problèmes est l’occupation », rappelèrent les deux invités. Puisse cette vérité de base être enfin reconnue tant par la société israélienne que par les alliés occidentaux d’Israël ! 

À cet égard, rappelons qu’après l’horreur de Sabra et Chatila, des manifestations de masse, rassemblant jusqu’à 400 000 à 500 000 personnes en Israël ont permis d’obtenir une Commission d’enquête dont les conclusions conduisirent à la démission de Sharon. Aujourd’hui, des prémices d’un sursaut moral existent, certes, en Israël, et nous exprimons à leurs auteurs toute notre solidarité. Mais ce ne sont encore que des prémices. Quant à l’Occident, s’il se mobilisa à l’époque, à tout le moins pour permettre le départ de l’OLP de Beyrouth, il a, aujourd’hui, sauf exceptions, choisi la connivence contre la conscience et l’impunité contre le droit international. Il revient aux citoyennes et aux citoyens de relever le défi de la mobilisation solidaire en faveur d’une paix juste et durable, tant pour les Palestiniens que pour les Israéliens.

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(1) Le réalisateur du documentaire est Nicolas Jallot (2023)

(2) Agnès Levallois, vice-présidente de l’iReMMO (Institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient) et Ziad Majed, professeur à l’Université américaine de Paris.

13 juin 2025 at 9:13 Laisser un commentaire

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