Posts tagged ‘Politique’
L’internationale « brune » se retrouve à Tokyo…
Le 15 août 2010 correspond au 65e anniversaire de la capitulation du Japon à l’issue de la Secon-de Guerre mondiale. Pour ses voisins, ce jour symbolise également la fin des agressions militaires et de la domination coloniale de l’Empire nippon. Geste appréciable : cette année, pour la première fois depuis plus d’un quart de siècle, aucun ministre Japonais n’est venu visiter, en cette journée historique,le sanctuaire de Yasukuni. Le nouveau chef du gouvernement de Tokyo a même annoncé sa décision – contrairement à ses prédécesseurs – de ne pas se rendre dans ce lieu pendant toute la durée de son mandat. C’est ce que réclamaient avec force et depuis longtemps les mouvements pacifistes du pays, également très engagés dans la commémoration à la mémoire des victimes des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, comme dans la mobilisation pour la prohibition de l’arme nucléaire.
Yasukuni est, en effet, une institution dédiée à la glorification du passé le plus exécrable du Japon : le militarisme, le nationalisme, le colonialisme et la guerre. Les 14 anciens dignitaires, condamnés à mort à la Libération par le tribunal international au procès de Tokyo (1946-1948) comme criminels de guerre « de classe A », y sont également vénérés !
Voilà où a décidé de se rendre, sans « aucun complexe », la veille de ce 15 août, Jean-Marie Le Pen, accompagné de son fidèle lieutenant – et spécialiste du… Japon, Bruno Gollnisch, par ailleurs rival de sa fille dans la bataille pour la succession ouverte au FN. Par cette nouvelle ignominie, le Front national espère sans doute reprendre la main après le lancement en haut lieu de l’entreprise de recyclage de ses thèmes favoris en France. De quoi confondre ceux qui cultivent l’illusion mortifère qu’en pillant le (bas) fonds de l’extrême droite, on tarirait sa source. L’histoire nous enseigne, au contraire, que la banalisation de cette idéologie, si l’on ne voit pas toujours où elle
commence, on sait désormais où elle peut finir.
« NOUS POURRONS TUER 20 MILLIONS D’HOMMES »
Le Général De Gaulle expliqua le principe de la « force de dissuasion », le 4 mai 1962, à son porte parole, Alain Peyrefitte, en ces termes: « D’ici la fin de l’année prochaine, nous aurons ce qu’il faut pour tuer vingt millions d’hommes deux heures après le déclenchement d’une agression. » Puis, il précisa: « Nous ne les tuerons pas, parce qu’on saura que nous pourrions le faire. Et, à cause de ça, personne n’osera plus nous attaquer (…) Nous allons devenir un des quatre pays invulnérables. »
En quelques mots, tout était dit. C’est pour tenter de prévenir la contagion de ce raisonnement à tous les Etats désireux de se rendre, aux aussi, « invulnérables » en se rendant capables de « tuer vingt millions d’hommes » en deux heures, que fut signé le Traité de Non Prolifération nucléaire (TNP) en 1968 (entrée en vigueur en 1970). Trois pays refusèrent d’y adhérer: L’Inde, la Pakistan et Israël. D’autres trainèrent les pieds pour le ratifier. En particulier la France qui mit 22 ans à s’exécuter (1992)! C’est que ce texte, d’une importance primordiale pour la sécurité planétaire, comportait des obligations tant pour les pays non détenteurs de la bombe – s’engager à ne pas l’acquérir et laisser l’Agence internationale de l’Energie atomique (AIEA) effectuer ses contrôles – que pour les cinq puissances nucléaires alors reconnues comme telles – s’abstenir de toute attaque on menace contre des pays non dotés de « la bombe », se porter à leur secours en cas de besoin, et surtout « poursuivre de bonne foi des négociations » sur un désarmement nucléaire généralisé (c’est le fameux « article 6 » du TNP). C’est pour vérifier le respect de ces engagements qu’une « Conférence d’examen » du TNP est réunie tous les cinq ans. La prochaine s’ouvre ce 3 mai à New York. A lire nombre de commentaires, un seul problème se poserait: quelles sanctions contre l’Iran, signataire du TNP, pour le contraindre à abandonner son projet supposé de fabriquer des armes nucléaires. La réalité est bien plus complexe.
La vérité, c’est que la sécurité internationale ne se divise pas. Elle ne peut reposer sur le privilège des uns et le harcèlement des autres. Elle exclut les exceptions à la règle commune. Elle suppose la coopération de tous, le respect de chacun, la confiance mutuelle. En un mot: l’égalité de traitement. Or, il n’en est rien. Qu’a-t-on fait, depuis les 40 ans qui nous séparent de l’entrée en vigueur du TNP pour placer Israël devant ses responsabilités et travailler à faire du Moyen Orient une « zone exempte d’arme nucléaire »? Où est la limite entre une prolifération acceptable en Israël et une prolifération proscrite (si elle est prouvée) en Iran? La même question vaut pour l’Inde, à laquelle Washington a signé un passe-droit en 2005, entrainant ipso facto l’exigence du Pakistan (parrains des talibans afghans) de voir, lui aussi, légitimer « sa » bombe.
Alors, que faire pour sauver le TNP et lutter efficacement contre TOUTE prolifération nucléaire? L’affaire est avant tout entre les mains des cinq puissances nucléaires reconnues. D’abord, elles doivent prouver au monde leur « bonne foi » en faveur du désarmement nucléaire généralisé- y compris, donc, en ce qui les concerne elles-mêmes. Il faut aller de l’avant au lieu de mégoter comme le fait le gouvernement français, paniqué à l’idée de devoir toucher à son tour à ses 300 têtes nucléaires. Ensuite, cela suppose des actes significatifs de la part de l’OTAN. Par exemple, retirer les quelques 200 armes atomiques américaines toujours stationnées en Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, en Italie et en Turquie, et renoncer définitivement à installer un système de défense antimissile – fût-il « allégé » – en Europe centrale. Enfin, la dénucléarisation du Moyen Orient est la vraie – et sans doute la seule – solution durable à la crise nucléaire iranienne.
Puisse la relance du débat sur le désarmement nucléaire faire murir un nouveau paradigme de la sécurité internationale qui fasse disparaitre des esprits l’idée monstrueuse qu’il faille prouver sa capacité à « tuer 20 millions d’hommes » pour vivre en paix.
Chronique pour l’H.D.
25/04/2010
ZONE EURO : LA MAISON BRULE!
Le drame de la Grèce n’en finit pas de révéler les dangers que recèle la perpétuation de l’actuel modèle européen. Ses principaux promoteurs n’hésitent plus à fouler au pied des principes constitutifs du projet européen. On mesure chaque jour un peu plus l’urgence d’une relance d’un débat de fond sur un « nouvel ordre économique européen » (Voir H.D du 18/02/2010).
Le recours au Fonds monétaire international (FMI) pour « aider » un pays membre de la zone euro -la Grèce – est, à cet égard, très symbolique. Angela Merkel a imposé cette solution et tous ses collègues de l’ « Eurogroupe » s’y sont finalement pliés. Or, que n’avaient-ils dit à ce propos, encore quelques heures avant de s’aligner.
Le Président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet en personne, y voyait une « humiliation », un « très très mauvais » choix « qui irait dans le sens de la déresponsabilisation des membres de la zone euro ». Un éminent membre du directoire de la BCE, Lorenzo Bini Smaghi, estimait, lui, carrément, que le fait de laisser le FMI se mêler de nos affaires donnerait à l’euro « l’image d’une devise qui ne peut survivre que grâce à l’aide d’une organisation où les Américains et les pays asiatiques ont de plus en plus d’influence ». Nombre de chefs d’Etat se sont eux aussi désolés de ce cinglant aveu d’impuissance politique. Autant en emporte le vent… L' »accord » Merkel-Sarkozy, confirmé jeudi dernier par tout l’Eurogroupe, appelle bel et bien à la rescousse l’institution financière de Washington. Jusqu’alors, le Président français considérait qu’une telle intervention serait « un échec » de l’eurozone. A présent, il se félicite de voir « la zone euro prendre son destin en main » !
Toutes ces tergiversations, ces voltefaces, ces compromissions auront-elles, à tout le moins, abouti à satisfaire la demande minimale du Premier ministre grec, à savoir la possibilité d’emprunter sur les marchés internationaux à des taux d’intérêts « normaux » les 15 milliards d’euros dont le pays a besoin dans le mois qui vient ? Absolument pas! L' »aide » décidée n’est disponible que dans le cas ultime où la Grèce n’arriverait plus à se refinancer sur le marché. Pas question de court-circuiter les spéculateurs en prêtant l’argent à moindre coût. Pire: alors qu’Athènes avait – à force d’écraser son peuple sous une avalanche de mesures d’austérité – « rassuré » le marché et obtenu un léger abaissement des taux d’intérêt, ceux-ci se sont à nouveau envolés suite aux menaces de la Chancelière allemande de refuser tout concours financier! Ses collègues de l’eurogroupe n’ont rien trouvé à redire. L’Europe livre le peuple grec aux usuriers.
Dernière exigence de Berlin, elle aussi acceptée sans coup férir: le renforcement des « instruments de prévention et de sanction » contre les Etats fautifs. Cette super-police budgétaire ne vise pas que la Grèce mais tous les suivants de liste désignés par les « agences de notation ». Déjà a sonné le tour du Portugal -malgré les gages que son chef du gouvernement avait donnés aux « investisseurs » en annonçant un sévère plan d’austérité ainsi qu’une vague de 18 privatisations ! Que l’Espagne et l’Italie se préparent. L’agence Fitch vient même d’avertir la France: elle pourrait « dégrader sa note », faute de mesures « plus crédibles » de réduction des déficits publics. Une enquête d’opinion révèle qu’une majorité de citoyens de ces pays redoute de connaître le même sort que les Grecs.
C’est dire si nous gagnerions à développer le dialogue et l’action avec les mouvements sociaux et les forces de progrès des pays voisins et de l’Union européenne en général ! Et d’abord sur la question des questions: changer le pouvoir sur l’argent pour sortir de cette dépendance étouffante et paralysante des marchés financiers. Ce qui passe par un changement profond des missions de la BCE et un contrôle sur l’utilisation de l’argent, depuis les entreprises jusqu’a la Banque centrale européenne.
Commentaires récents