SARKOZY DISQUALIFIE EN EUROPE!
27 septembre 2010 at 7:09 Laisser un commentaire
Tout lecteur régulier de cette chronique en conviendra: je n’ai pas l’habitude de ménager mes critiques à l’encontre des actuelles institutions européennes. Je n’en suis que plus à l’aise pour dire le mépris que m’inspire la démagogie antieuropéenne de Nicolas Sarkozy et de sa garde rapprochée à propos des réactions suscitées par la campagne de stigmatisation des Roms.
Oui, c’est la vocation et le devoir du Parlement européen de fustiger la rhétorique ouvertement discriminatoire d’un Etat membre, quel qu’il soit, et d’exiger, en l’occurrence de la France, de « suspendre immédiatement » les pratiques qui la concrétisent. Parler à ce propos de « diktat, comme l’a fait M. Besson, est indigne d’un ministre d’une démocratie. Les dernières protestations de ce type ont émané du gouvernement de droite-extrême droite d’Autriche, menacé de sanction en 2000, ou encore de la coalition xénophobe de Berlusconi, toutes ces dernières années -sans oublier le courroux manifesté par la droite française après la légitime admonestation que l’Assemblée de Strasbourg adressa à Jacques Chirac lors de la reprise des essais nucléaires par Paris, en 1995. Des références peu glorieuses!
De la même manière, si l’on peut reprocher quelque chose à la commissaire européenne « à la Justice et aux droits des citoyens » -poste occupé jusqu’à très récemment par… un Français proche de M. Sarkozy, Jacques Barrot- ce n’est pas d’avoir mis en cause la politique « honteuse » du gouvernement français à l’endroit des Roms, mais de s’y être résolue très tardivement, bien après le Comité de l’ONU contre la discrimination raciale, par exemple, sans parler de la gauche européenne, de la Confédération européenne des syndicats ou des associations de défense des droits de l’homme. E, effet, si la fameuse circulaire du 5 août demandant l’évacuation « en priorité » des camps Roms n’était connue que depuis peu, la réunion convoquée par le Président de la République au sujet des « problèmes posés par les gens du voyage et le Roms » remonte, elle, au … 28 juillet et la chasse aux Roms qu’elle a lancée a été délibérément médiatisée tout l’été. La Commission savait tout cela. Cela n’a pas empêché sa représentante (membre du PPE, comme l’UMP) d’afficher jusqu’à la mi-septembre une grande complaisance à l’égard de la France – tout comme vis-à-vis des autres pays membres qui traitent eux aussi, mais sans s’en vanter (à la notable exception de l’Italie), les Roms comme des parias.
Dans ce contexte, la sortie de Pierre Lelouche, le « Monsieur Europe » du gouvernement, à l’adresse de Madame Reding – « Ce n’est pas comme cela que l’on s’adresse à un grand Etat! » – fut un parfait condensé de l’arrogance que tant de « petits » pays reprochent à juste titre à la classe dirigeante française. M. Sarkozy lui-même avait enfoncé le clou en renvoyant la Commissaire à son pays d’origine, le Luxembourg. Curieusement, Paris supporte mieux les pratiques de Bruxelles quand il s’agit des règles de concurrence que lorsqu’il est question de droits des citoyens. En tout cas, l’espoir – sans doute vain – de grappiller quelques voix en désignant comme bouc émissaire une communauté humaine sans moyen de défense et réputée mal aimée et en relançant à cette occasion le populisme antieuropéen, aura un coût: l’image de la France est sévèrement ternie. Et son Président disqualifié.
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