« COMMENT SOMMES-NOUS DEVENUS PAUVRES? »
18 novembre 2010 at 8:22 1 commentaire
« Comment sommes-nous devenus pauvres? » C’est le thème choisi par un très dynamique cercle progressiste hongrois pour un colloque qui vient de se tenir à Budapest avec la coopération du réseau de fondations de la gauche européenne « Transform! ». Le cercle en question, le « Kossuth Klub », mériterait en lui-même qu’on lui consacre toute notre attention – ce sera chose faite à une prochaine occasion. Concentrons-nous aujourd’hui sur le sujet traité lors de cette riche confrontation d’idées et d’expériences.
« Année de la lutte contre la pauvreté » oblige: le Commissaire européen aux affaires sociales avait fait le déplacement. A l’entendre, le constat est, certes, navrant: 84 millions de personnes étaient considérées comme pauvres dans l’Union européenne …avant la crise de 2008! Mais, grâce à la nouvelle stratégie adoptée cette année, « UE2020 », on peut, selon Bruxelles, se fixer l’objectif « non pas de l’élimination de la pauvreté, ce ne serait pas réaliste, mais de la réduction de 20 millions du nombre de personnes » touchées par ce fléau. Des raisons de l’augmentation constante de l’étendue de ce drame il ne fut pas question. Pas plus que des changements politiques à opérer pour en enrayer la prolifération, « UE2020 » n’étant que la poursuite de la funeste « stratégie de Lisbonne 2000-2010 » qui a conduit où l’on sait.
Apportons donc quelques éclaircissements au sujet de ce qu’est devenu, dans toute l’Union européenne, un problème de société des plus brûlants. D’abord, contrairement aux dires du Commissaire, l’Union européenne affiche depuis un demi-siècle l’ambition d’éradiquer la pauvreté. Mais c’est en 2000 qu’elle s’était engagée le plus clairement à « donner un élan décisif à l’élimination de la pauvreté » (d’ici…2010) et d’ « assurer l’inclusion sociale active de tous ». L’existence, alors, de 55 millions de pauvres dans l’Europe des « 15 » (avant l’élargissement à l’Est) avait été déclarée « inacceptable ». Des moyens financiers furent mobilisés, des instruments juridiques créés et même une « clause sociale » intégrée au traité de Lisbonne prévoyant que soit évalué l’impact social de toutes les politiques européennes.
C’est donc à l’aune de cette expérience de 10 ans d’une stratégie économique de plus en plus libérale, matinée d’un « volet social » qu’il faut apprécier les résultats obtenus: la pauvreté n’a pas disparu, elle n’a pas même reculé, elle a augmenté jusqu’à frapper – avant le krach de 2008-2009 et l’hyper austérité qui a suivi! – un Européen ou une Européenne sur six… La vérité si difficile à reconnaitre par les promoteurs des orientations européennes actuelles est celle-ci: à force de laisser de plus en plus de pouvoirs aux marchés financiers; d’encourager la mise en concurrence des peuples et le « dumping social »; d’affaiblir encore et encore les capacités d’intervention des citoyens et des acteurs sociaux, les politiques coordonnées par les gouvernements européens, la Commission, la Banque centrale…sont devenues une véritable machine à fabriquer de la richesse insolente et de la pauvreté scandaleuse. C’est donc à ces niveaux-là que doivent être imposées des ruptures si l’on veut que la « Charte des droits fondamentaux » ait un sens lorsqu’elle affirme: « la dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée. »
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1.
Albert | 23 novembre 2010 à 8:48
Sortir de la machine à créer de la pauvreté
Comment ?
L’Article 49 A
1. Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.
2. L’ État membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. A la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet Etat un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. Cet accord est négocié conformément à l’article 188N , paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.
3. Les traités cessent d’être applicables à l’ État concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l’Etat membre concerné, décide à l’unanimité de proroger ce délai.
4. Aux fins des paragraphes 2 et 3, le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’Etat membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent.
La majorité qualifiée se définit conformément à l’article 205 , paragraphe 3, point b), du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
5. Si l’ État qui s’est retiré de l’Union demande à adhérer à nouveau, sa demande est soumise à la procédure visée à l’article 49 .
Pourquoi?
Quel est le but recherché ?
Le but recherché avec la sortie de la France ( et d’autres pays, il n’y a pas de raisons d’être égoïste ) de l’Union Européenne par le biais des négociations prévues par l’article 49 A, n’est pas très compliqué, il s’agit de retrouver des marges de manoeuvres pour appliquer les politiques qui conviendrait mieux. Il ne s’agit pas de revenir de manière brusque et non-concertée à une politique protectionniste ou d’isolement. Les dirigeants français et ceux des autres pays, Espagne, Allemagne, Italie, Grande Bretagne, Irlande, Tchéquie, Pays-Bas?, Luxembourg, Belgique, Finlande, Slovénie, Slovaquie, Autriche, Suède, Roumanie, Pologne, Grèce, Danemark, Bulgarie, Hongrie, Portugal,Lituanie, Lettonie, Malte, Chypre, Estonie, qui quitteraient l’UE garderaient les espaces de concertation entre dirigeants comme le Conseil de l’Europe, l’OCDE, l’ONU, l’espace de Schengen et tous les nombreux autres non-cités ici qui resteront pertinents. Cette sortie serait négociée, et des coopérations entre pays européens, sans centre de décision unique, sur des sujets divers semblent très souhaitables.
Pourquoi semble-t-il pertinent qu’il faille sortir de l’UE pour retrouver des marges de manoeuvre ?
Parce que premièrement les traités définissent de manière trop détaillée, centralisée et de manière rigide les politiques à suivre, deuxièmement, depuis le début, la construction européenne est pilotée en sous-main par les États-Unis et n’est pas capable de la moindre autonomie, troisièmement, cet espace est trop grand pour mener une politique économique et budgétaire optimale pour tous les pays, par exemple, il y a des pays où la politique appropriée serait de dévaluer la monnaie, dans d’autres il faudrait lutter en priorité contre l’inflation et dans d’autres relancer l’activité, avec une zone unique, une seule politique est imposée qui ne convient bien à personne, quatrièmement, les souhaits des populations sont ignorés et méprisés par ce système, nous l’avons lors des référendums et des ratifications abusives de traités.
Pourquoi se concentrer sur sortir de l’UE ou concourir à son abolition est prioritaire à se concentrer sur changer la politique en France ( ou celle d’un autre pays de l’UE ) ?
Parce que La France ou les pays suivants : Espagne, Allemagne, Italie, Grande Bretagne, Irlande, Tchéquie, Pays-Bas?, Luxembourg, Belgique, Finlande, Slovénie, Slovaquie, Autriche, Suède, Roumanie, Pologne, Grèce, Danemark, Bulgarie, Hongrie, Portugal,Lituanie, Lettonie, Malte, Chypre, Estonie, ont de moins en moins de libertés et de substance propre par le fait des transpositions de directives dans leurs législations nationales à l’initiative d’un organe non-élu, la Commission européenne. Changer la politique en France ou dans les pays pré-cités avec le carcan UE est de moins en moins possible. Sortons d’abord du carcan et ensuite seulement nous pourrons de manière efficace changer la politique sans être enserré dans des règles qui ne conviennent ni à nos partenaires, ni à nous-mêmes.