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UNE EUROPE DEMOCRATIQUE EST-ELLE POSSIBLE ?
Un quarteron de puissants s’attribuant le droit d’humilier toute une nation,de placer sous tutelle ses institutions,de sommer son peuple de « choisir » entre la soumission et l’exclusion : le spectacle hideux qu’offre l’ « Union » européenne,aux prises avec la plus grave crise de son histoire,met une fois encore,et plus vivement que jamais,à l’ordre du jour la question de sa légitimité démocratique.
Mais qui donc dirige aujourd’hui l’ « Europe »? Le Conseil européen des Chefs d’Etat et de gouvernement? Ce serait en soi le fruit d’une super-délégation de pouvoir fort contestable. Mais tel n’est même pas le cas! En réalité,les rênes sont tenus par la dirigeante de l’économie la plus riche -cautionnée par le soutien inconditionnel de son fidèle allié, flatté de jouer ainsi dans la cour des grands- auxquels s’ajoutent le président « indépendant » de la Banque centrale et le coordinateur des ministres des finances de la zone euro. Le fait que la seule évocation d’un référendum mette ce petit monde en transe en dit long sur une pierre angulaire de leur construction: la peur des peuples. Ce n’est pas chose nouvelle. Depuis qu’ont été posés les premiers jalons de ce projet, les affaires de l’Europe ont été jugées trop sérieuses pour être confiées aux Européens. Ceux-ci sont traités en « consommateurs » et, le moment venu, en électeurs,bien plus qu’en citoyens. La « méthode Monnet » (du nom du principal « père de l’Europe ») consistait dès le début à éluder tout débat politique,à tenir les peuples à l’écart des choix cruciaux,à mettre en place un « engrenage » (spill over) conduisant subrepticement d’une étape à l’autre,le tout étant gravé dans le marbre de traités réputés intangibles…
Alors,une Europe démocratique est-elle possible et à quelles conditions ?En accordant plus de prérogatives au Parlement européen? Il est déjà co-législateur et peut utilement voir encore élargir ses compétences.Mais il ne saurait à lui seul combler la carence rhédibitoire de cette construction en matière de démocratie, d’autant qu’il est tenu de respecter les traités… En impliquant effectivement et non symboliquement les parlements nationaux dans les décisions essentielles? C’est indispensable mais tout aussi insuffisant pour changer la donne en profondeur.
Le maillon manquant, ce sont les citoyens eux-mêmes, et il est décisif. La rupture radicale à opérer est bien de créer les conditions de leur intervention politique éclairée, comme en 2005,en France, mais de façon durable et non limitée à un seul pays. La profondeur de la crise du modèle libéral européen et la force des aspirations au changement dans toute l’Europe donnent à cette perspective une crédibilité absolument sans précédent. La question est:d’où peut partir l’impulsion d’un tel mouvement? Un gouvernement clairement de gauche, en France en 2012,pourrait prendre l’initiative de réunir des « Etats généraux de la refondation européenne » en y invitant toutes les forces politiques, syndicales et associatives disponibles en Europe pour dégager les axes majeurs d’un nouveau cours européen. Cette idée, familière aux lecteurs de cette chronique est désormais une proposition officielle du Front de gauche. Et un espoir de renouveau démocratique pour l’Europe.
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