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DES BRECHES DANS LA FORTERESSE DE LA DOCTRINE LIBERALE
L’un des signes de la profondeur de la crise de l’euro,du modèle libéral européen et du capitalisme en général,c’est qu’elle fait voler en éclats des « certitudes » longtemps assénées avec arrogance par la classe dirigeante européenne.Celle-ci est contrainte d’admettre,sous la pression des événements et du climat social, des idées qu’elle rejetait naguère avec dédain.Exemples.
La taxation des transactions financières,hier « totalement utopique »,est aujourd’hui officiellement sur la table,à la fois par nécessité de trouver des ressources nouvelles et pour endiguer le vent de révolte populaire contre les inégalités structurelles du système actuel.Certes,ce sont là des changements symboliques,mais ils ouvrent une brêche dans la forteresse,jusque là réputée imprenable,de la doctrine libérale.
Autre exemple: l’interdiction des produits financiers spéculatifs.Réclamer une telle mesure passait jusqu’à ces derniers mois pour une preuve d’incompétence économique et de dogmatisme politique.Or voilà que Parlement européen et Conseil (représentants des gouvernements) s’apprêtent à prendre une décision en ce sens: il sera sous peu interdit dans l’UE de détenir des « CDS à nu ».Ce produit permet de spéculer sur l’effondrement financier d’un Etat pour toucher une prime d’assurance contre sa faillite sans même posséder de titres de sa dette ! Là encore,la mesure aura un effet limité,mais c’est la première fois qu’il est admis qu’on puisse interdire ce type de pratique.Cela donne un surcroit de crédibilité à l’action pour changer l’Europe.
Un troisième exemple a,de loin,la portée la plus conséquente. Il concerne le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) et met l’accent sur son pouvoir illimité de créer de la monnaie,donc de l’argent,sans aucun recours aux tristement fameux « marchés financiers » ni à leurs effarantes agences de notation. Depuis que la BCE existe, le PCF -et aujourd’hui le Front de Gauche et tout le Parti de la Gauche européenne- demandent la refondation des missions de cette institution-clé:son pouvoir de création monétaire ,disons-nous,doit permettre de financer à taux zéro et dans la durée des investissements publics de développement social et environnemental.Jusqu’ici, tous les « officiels » invoquaient les traités européens pour écarter toute forme de soutien de la BCE aux Etats.Or, voilà que N. Sarkozy en vient à proposer (au grand dam de Mme Merkel )que la BCE use de son pouvoir de création monétaire pour financer le « Fonds européen de stabilité financière »,autrement dit les Etats! Certes,son but à lui n’est pas le développement social mais le sauvetage des banques!Mais,à son corps défendant,il vient d’ouvrir la « boîte de Pandore » au sujet d’une refonte possible du rôle de la BCE -qui est au coeur de notre projet alternatif pour l’Europe.
« L’évolution historique de l’Europe dépend entièrement des leçons que nos démocraties tireront de la crise » vient de déclarer JC Trichet, le Président sortant de la BCE. C’est vrai.Les contradictions des dirigeants actuels,en plein désarroi,peuvent nous aider à éclairer nos concitoyens sur les « leçons » en question.
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