DES BRECHES DANS LA FORTERESSE DE LA DOCTRINE LIBERALE
4 novembre 2011 at 10:40 1 commentaire
L’un des signes de la profondeur de la crise de l’euro,du modèle libéral européen et du capitalisme en général,c’est qu’elle fait voler en éclats des « certitudes » longtemps assénées avec arrogance par la classe dirigeante européenne.Celle-ci est contrainte d’admettre,sous la pression des événements et du climat social, des idées qu’elle rejetait naguère avec dédain.Exemples.
La taxation des transactions financières,hier « totalement utopique »,est aujourd’hui officiellement sur la table,à la fois par nécessité de trouver des ressources nouvelles et pour endiguer le vent de révolte populaire contre les inégalités structurelles du système actuel.Certes,ce sont là des changements symboliques,mais ils ouvrent une brêche dans la forteresse,jusque là réputée imprenable,de la doctrine libérale.
Autre exemple: l’interdiction des produits financiers spéculatifs.Réclamer une telle mesure passait jusqu’à ces derniers mois pour une preuve d’incompétence économique et de dogmatisme politique.Or voilà que Parlement européen et Conseil (représentants des gouvernements) s’apprêtent à prendre une décision en ce sens: il sera sous peu interdit dans l’UE de détenir des « CDS à nu ».Ce produit permet de spéculer sur l’effondrement financier d’un Etat pour toucher une prime d’assurance contre sa faillite sans même posséder de titres de sa dette ! Là encore,la mesure aura un effet limité,mais c’est la première fois qu’il est admis qu’on puisse interdire ce type de pratique.Cela donne un surcroit de crédibilité à l’action pour changer l’Europe.
Un troisième exemple a,de loin,la portée la plus conséquente. Il concerne le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) et met l’accent sur son pouvoir illimité de créer de la monnaie,donc de l’argent,sans aucun recours aux tristement fameux « marchés financiers » ni à leurs effarantes agences de notation. Depuis que la BCE existe, le PCF -et aujourd’hui le Front de Gauche et tout le Parti de la Gauche européenne- demandent la refondation des missions de cette institution-clé:son pouvoir de création monétaire ,disons-nous,doit permettre de financer à taux zéro et dans la durée des investissements publics de développement social et environnemental.Jusqu’ici, tous les « officiels » invoquaient les traités européens pour écarter toute forme de soutien de la BCE aux Etats.Or, voilà que N. Sarkozy en vient à proposer (au grand dam de Mme Merkel )que la BCE use de son pouvoir de création monétaire pour financer le « Fonds européen de stabilité financière »,autrement dit les Etats! Certes,son but à lui n’est pas le développement social mais le sauvetage des banques!Mais,à son corps défendant,il vient d’ouvrir la « boîte de Pandore » au sujet d’une refonte possible du rôle de la BCE -qui est au coeur de notre projet alternatif pour l’Europe.
« L’évolution historique de l’Europe dépend entièrement des leçons que nos démocraties tireront de la crise » vient de déclarer JC Trichet, le Président sortant de la BCE. C’est vrai.Les contradictions des dirigeants actuels,en plein désarroi,peuvent nous aider à éclairer nos concitoyens sur les « leçons » en question.
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1.
Albert | 6 novembre 2011 à 12:37
Les évènements auxquels vous avez échappé :
Papandréou doit partir.
BHL a rencontré les rebelles grecs du Conseil d’Union Nationale à Salonique et dénonce la famille Papandréou au pouvoir depuis trois générations en Grèce. Selon BHL, après l’échec de son référendum-plébiscite, Papandréou doit partir.
Les trois chefs d’État français, allemands et américains réaffirment leur volonté de ramener la paix en Grèce dans le cadre de l’ONU.
Avec leurs alliés de l’Otan et leurs partenaires de la coalition, la France, l’Allemagne et les États-Unis ont été unis au Conseil de sécurité ainsi qu’à la conférence de Paris qui a suivi pour construire une coalition large pour répondre à la crise en Grèce. Nous restons unis sur les mesures à prendre pour y mettre fin. Tout en poursuivant les opérations militaires pour protéger les populations civiles, nous voulons regarder vers l’avenir. Nous sommes convaincus que des temps meilleurs attendent le peuple Grec, et qu’un chemin peut être tracé pour y arriver.
Nous ne devons jamais perdre de vue les raisons qui ont initialement obligé la communauté internationale à agir. Lorsque la Grèce a plongé dans le chaos à la suite des attaques de Papandréou contre son peuple, L’Union Européenne a exigé des actes. L’opposition Grecque réunie dans le Conseil d’Union Nationale a appelé à l’aide. Dans ce moment de détresse, le peuple Grec s’est tourné vers la communauté internationale. Le Conseil de sécurité des Nations unies, dans une résolution historique, a autorisé la communauté internationale à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la population Grecque contre les attaques qu’elle subissait. En réagissant immédiatement, nos trois pays ont arrêté la progression des forces de Papandréou. Le bain de sang dont il avait menacé les habitants d’Athènes, assiégée, a été évité.
Des dizaines de milliers de vies ont été épargnées, mais Papandréou continue d’infliger jour après jour des atrocités au peuple Grec. Son austérité et ses privatisations s’abattent sur les civils sans défense. Il essaie d’étrangler la population sur la place Syntgma, qui subit un siège digne du Moyen Âge, pour l’obliger à se soumettre. Les témoignages d’atrocités lors des manifestations contre le régime sont chaque jour plus nombreux.
Les trois chefs d’État français, allemands et américains soutiennent les efforts du Conseil d’Union Nationale Grec pour un changement de régime en Grèce.