L’UNION EUROPEENNE APRES LE 6 MAI
10 mai 2012 at 9:15 Laisser un commentaire
On l’imagine:l’élection de François Hollande suscite beaucoup d’espoirs parmi les peuples européens,particulièrement ceux qui n’en peuvent plus de subir la descente aux enfers que leur inflige la coalition des croisés de l’austérité: feu Merkozy; Draghi (BCE) ; Barroso (Commission). Ne pas les décevoir devra être une obsession de la « France de gauche ». Changer l’Europe doit être notre objectif commun.
Mais qu’en est-il des gouvernements,très majoritairement conservateurs,avec lesquels vont commencer dès juin de rudes négociations? Apparemment,certains d’entre eux ne voient pas d’un mauvais oeil l’idée de François Hollande d’ajouter un « volet croissance » au traité sur la discipline budgétaire.Ils en attendent, face au risque d’explosion sociale,un effet d’amortisseur de nature à faire passer le noyau dur du traité. Ce débat ne date pas d’aujourd’hui.
Cela fait des semaines qu’un certain nombre de dirigeants européens tentent de déssérer l’étau qui les paralyse en cherchant à concilier deux exigences contradictoires des marchés financiers:désendetter à marche forcée les Etats membres sans asphyxiet l’économie. Même le très orthodoxe M. Barroso a poussé l’audace jusqu’à déclarer que « ce n’est pas suffisant de se concentrer sur la stabilité financière ».(Une -petite- pierre dans le jardin de la Chancelière allemande.) En février dernier,ce ne sont pas moins de 12 Chefs de gouvernement, dont ceux d’Italie,d’Espagne,de Grande-Bretagne,des Pays-Bas,de Suède…-en fait les plus libéraux !- qui ont adressé une lettre ouverte au Président du Conseil européen pour exiger des mesures à même de doper la croissance.
Lesquelles? Plus de libéralisation des services;plus d’ « assouplissement » du marché du travail;plus de concurrence…Est-il besoin de le dire: on attend de la gauche française une tout autre ambition! François Hollande a formulé quatre demandes en faveur de la croissance.La première -des obligations européennes permettant à l’UE de financer par l’emprunt des infrastructures de transports ou d’énergie- est un « classique ». D’ailleurs la Commission y travaille…en prévoyant des « partenariats public-privé » chers aux Anglo-saxons.Cela ne va pas nous libérer de l’emprise des marchés sur l’économie,mais au contraire nourrir leur appétit. Les trois autres propositions ne posent pas de problème: augmentation du capital de la Banque européenne d’investissement (sauf que ses statuts actuels l’obligent elle aussi à emprunter sur les marchés et non auprès de la BCE !);utilisation des fonds structurels non encore alloués;création d’une taxe sur les transactions financières « d’un certain niveau ». En principe, tout le monde est aujourd’hui d’accord là dessus. Même Angela Merkel! Un coup de pouce français pour passer des paroles aux actes est donc bienvenu et salutaire. Cependant, attention à ne pas laisser noyer ces mesures dans un « paquet-croissance » incluant l’avalanche de « réformes » ultralibérales mises sur la table par les « 12 » au premier rang desquels l’Italien Monti,l’Espagnol Rajoy,le Britannique Camerone ou la Commission Barroso ! Et surtout ,tout cela laisse intact le traité lui-même,ses disciplines,ses contrôles,ses sanctions et ses propres « réformes structurelles »! On nous dira que,le rapport des forces étant ce qu’il est dans l’UE…Mais il y a un bon moyen de changer la donne à cet égard: laisser entrer le peuple dans la négociation en organisant un référendum! Il n’est pas trop tard pour le décider.
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