Y-A-T-IL UNE ALTERNATIVE AU « PROJET EUROPEEN » ?

23 mai 2013 at 7:47 1 commentaire

wurtz-l-humanite-dimanche          « Il y a une alternative au projet européen, c’est le repli national, préconisé à droite de la droite et à gauche de la gauche par tous ceux qui vantent le mot d’ordre: seuls, nous seront plus forts. »  Cette -grosse- sottise sort de la bouche du président du Parlement européen, le social-démocrate allemand Martin Schulz. D’abord, sa formule à l’emporte-pièce conduit de fait , pour la France, à amalgamer les traditionnels adeptes du nationalisme lepeniste et les internationalistes de toujours qui se reconnaissent dans le Front de gauche. J’ai connu Martin Schulz plus perspicace. Je lui conseille de laisser à d’autres ce genre d’ignominie. Mais je veux m’arrêter sur l’autre message que véhicule son propos: derrière tout opposant à l’ Europe de la « troïka » se cache un tenant du « repli national » – ce qui n’est vraiment pas sérieux- et, plus généralement, « hors de l’Europe libérale, point de salut pour l’Europe » en quelque sorte. Si c’était vrai, tous ceux que révulse le nationalisme – dont je suis- n’auraient plus que les yeux pour pleurer, tant l’actuelle « Europe » provoque désormais le rejet, jusque dans les pays les plus profondément « européïstes » comme l’étaient jusqu’à ces tout derniers temps l’Italie ou l’Espagne. « La popularité de l’Union européenne est à son niveau le plus bas dans la plupart des pays européens » peut-on lire dans la dernière étude annuelle d’un institut de recherche qui fait autorité (1). Et pour cause! On ne tombe pas amoureux d’une construction devenue symbôle non de solidarité et de paix mais d’austérité et d’arrogance, et dont le bilan est sans appel: 12% de chômage; un citoyen sur quatre en situation de pauvreté; une économie plongée dans la récession; une écrasante domination « nord »-« sud » au sein même de la zone euro, qui a, par aileurs, besoin de recourir au Fonds monétaire international pour « régler » ses problèmes!…fw23

Mais, fort heureusement, Martin Schulz a tort: il y a une vie pour l’Europe après celle du fric et du père fouêtard ! Mieux: il est absolument nécessaire de s’opposer à cette caricature d’ « Union » et de rompre avec la logique « austéritaire » et les structures autoritaires qui l’accompagnent si on veut donner ses chances à un projet européen alternatif. C’était déjà ce qu’avaient entrepris,en 2005, des millions de Françaises et de Français favorables au non de gauche au traité constitutionnel. Aujourd’hui, il est vital pour la démocratie sur tout le continent que le légitime désenchantement que suscite le projet Merkel-Barroso-Draghi (Banque centrale européenne) se transforme en une force solidaire et constructive autour d’une nouvelle ambition européenne dans laquelle les peuples puissent se reconnaitre et s’investir. On imagine aisément autour de quel type d’axes fondamentaux il est aujourd’hui possible de se rassembler largement, de Paris à Rome et d’Athènes à Madrid et…jusqu’à Berlin:  « Non à l’austérité – priorité au développement social et à la transition écologique »;  « Non à la soumission aux marchés financiers – changer les missions de la Banque centrale européenne pour que ses prêts quasi-gratuits permettent de financer la création d’emplois et l’essor des services publics »;  « Non à la centralisation des pouvoirs et à l’opacité des lieux de décisions – restaurer la démocratie, promouvoir l’intervention des citoyens,respecter la souveraineté populaire et la dignité des nations »…

Hélàs, le Président français ne prend pas ce chemin!  « Sa ligne est européo-socialo-libérale » reconnait Jacques Attali, l’ancien conseiller de François Mitterrand, qui précise: « Mais ces faits ne peuvent pas être dits aussi franchement, car la pire des choses qui puisse lui arriver, c’est de perdre sa gauche sur un malentendu idéologique ».(2)
Et si on s’appliquait à clarifier ce « malentendu »?

(1) Pew Research Center (14/5/2013)
(2) « Les Echos » (16/5/2013)

Entry filed under: Berlin, Chroniques de l' "Humanité-Dimanche, Europe, France, Francis Wurtz, Parlement européen.

UNE AUTRE RELATION FRANCO-ALLEMANDE EST POSSIBLE « PARTENARIAT TRANSATLANTIQUE « : COMMENT PESER ?

Un commentaire Add your own

  • 1. Paul Gonze  |  23 mai 2013 à 9:39

    Je ne peux qu’être tristement d’accord et reconnaitre ma profonde désillusion par rapport à la dérive neolibérale du projet européen.
    Dans ce contexte, il importe aussi de dénoncer le rôle des lobbyistes des multinationales qui orientent, dans une totale opacité, les décisions des commissions: les restrictions envisagées sur les semences sauvages, les médicaments naturels, la taille des exploitations agricoles… ont pour conséquence, au-dela de la main-mise sur le champ économique, de restreindre l’autonomie des citoyens et l’exercice de leurs droits démocratiques.
    Par ailleurs, en tant que bruxellois, je ne me reconnais pas dans la caste des eurocrates qui, par le biais de salaires, d’avantages de passe-droits injustifiés, ont pris possesion de la ville, provoquant notamment une spéculation immobilière qui rend l’accès à un logement décent quasi impossible pour de plus en plus d’indigènes.

    Réponse

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Trackback this post  |  Subscribe to the comments via RSS Feed


Entrer votre adresse e-mail pour vous inscrire à ce blog et recevoir les notifications des nouveaux articles par courriel.

Rejoignez les 5 282 autres abonnés

Chronique européenne dans l’Humanité Dimanche

Intervention au Parlement européen (vidéo)

GUE/NGL : vidéo

mai 2013
L M M J V S D
 12345
6789101112
13141516171819
20212223242526
2728293031  

Archives

Articles les plus consultés

Catégories

Pages

Pages


%d blogueurs aiment cette page :