Archive for 7 novembre 2013
« NSA » COMME : »NON À LA SOUMISSION À L’AMÉRIQUE » !
« En agissant ensemble , l’Union européenne et les États-Unis peuvent constituer une formidable force au service du bien dans le monde » : cette perle est extraite de la « Stratégie européenne de sécurité », document adopté en 2003 par tous les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE et pompeusement intitulé « Une Europe plus sûre dans un monde meilleur « . Ce texte,toujours en vigueur, avait été élaboré à la veille d’une rencontre officielle entre les dirigeants européens de l’époque et le Président américain George W.Bush, quelques semaines seulement après que celui-ci a eu proclamé fièrement , depuis le porte-avions USS Abraham Lincoln, son fameux « Mission accomplie! »dans la guerre en Irak .
Cette allégeance au « leader du monde libre » , véritable péché originel de l’actuelle construction européenne, s’est tout naturellement manifestée tout au long de la période de « guerre froide ». Mais le plus étonnant est qu’elle se poursuive contre vents et marées malgré la chute du mur de Berlin et la disparition de l’Union soviétique il y a plus de vingt ans,au nom de prétendues « valeurs communes ». Les révélations qui tombent comme à Gravelotte depuis six mois -grâce au courageux Edward Snowden, qui entrera dans l’Histoire- sur les dimensions invraisemblables de la surveillance américaine au sein-même de la « famille occidentale » apportent à cet égard un éclairage nouveau . On peut même dire qu’elles couvrent de ridicule les adorateurs zélés de l’Oncle Sam qui se targuaient de leurs « liens de confiance » avec la Maison Blanche et placent les dirigeants européens face à un dilemme stratégique: assumer leur servilité atlantiste au grand jour, devant leurs concitoyens ou prendre enfin le taureau par les cornes pour s’émanciper de la tutelle cynique de Washington . Et , accessoirement, mettre Londres devant ses responsabilités.
En effet, voilà qu’on apprend qu’il existe une « Five Eyes Intelligence Community » , une communauté de services secrets de cinq nations anglophone-saxonnes (États-Unis,Canada,Australie,Nouvelle Zélande et…Grande Bretagne ) , autrement dit un club très fermé de partenaires « sûrs », qui ne s’espionnent pas entre eux,mais coopèrent étroitement dans l’interception des communications des autres, à commencer par leurs « alliés stratégiques » aux « valeurs communes ». Circonstances aggravantes pour le Royaume Uni, jusqu’à nouvel ordre toujours membre de l’Union européenne : plus « cheval de Troie » que jamais, il a créé en 2011 le programme de surveillance électronique Tempora , grâce auquel il recueille secrètement pour le compte des États-Unis toutes les données de ses partenaires européens qui transitent sur fibre optique par la zone que le suzerain américain lui a assignée. On croit lire un polar!
La plupart des États membres de l’UE, ont estimé,comme la France, que toutes ces pratiques étaient « inacceptables »…avant de les accepter et de passer à autre chose. L’Allemagne n’a pas fait exception: ses dirigeants actuels rêvent de pouvoir intégrer à leur tour le « groupe des cinq », le saint des saints du renseignement occidental, et se contentent donc de quelques remontrances à l’égard de ceux qui ont poussé la délicatesse jusqu’à mettre sur écoute le portable de la Chancelière. Mais l’opinion outre-Rhin ne l’entend pas de cette oreille: une majorité de citoyens s’y déclare favorable à un gel des négociations européennes sur le « grand marché transatlantique ». Même le Président , social-démocrate allemand, du Parlement européen , Martin Schulz, se sent obligé de défendre l’idée d’une « pause » des négociations pour ne pas se couper de la gauche allemande et européenne ! Voilà qui permet de travailler à une véritable contre-offensive. Puissent ces révélations salutaires faire mûrir cette exigence incontournable dans une optique de refondation de la construction européenne : NSA, comme Non à la Soumission à l’Amérique!
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