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L’INTRANSIGEANCE COUPABLE DE LA FRANCE SUR LE NUCLEAIRE IRANIEN
Tous les observateurs avaient annoncé « un accord imminent », le 8 novembre dernier, lors des négociations de Genève entre les chefs de la diplomatie du groupe des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-Unies (USA, Chine, Russie, Grande-Bretagne, France) élargi pour l’occasion à l’Allemagne, d’une part, et le représentant du nouveau Président iranien, M. Hassan Rouhani, d’autre part. Mais cet espoir a été déçu. C’est l’intransigeance coupable de la France qui a empêché que ne s’ouvre , ce jour-là, une perspective de sortie de crise dans un conflit qui envenime le Moyen-Orient et empoisonne les relations internationales depuis plus de 30 ans, voire menace la paix mondiale en encourageant les jusqu’au-boutistes iraniens, israéliens et nord-américains. Dans ce contexte ultra-sensible, ce blocage de la part de la France apparait clairement comme irresponsable et injustifiable. Obtenir au plus vite la révision de cette posture est un impératif politique majeur.
Quoiqu’on pense du régime en place à Téhéran -je ne compte pas parmi ses amis!- il est indéniable que l’élection du nouveau Président iranien crée une nouvelle donne qui rompt avec la funeste ère Ahmadinejad. Cette opportunité historique doit d’autant plus être saisie qu’elle est fragile: voulue par la majorité de la population, tolérée par les plus hautes autorités religieuses, mais fermement combattue par les partisans de l’aile dure du régime, l’ouverture manifestée par le nouveau gouvernement a besoin d’être confortée par des succès rapides. Refuser , dans de telles circonstances, un projet d’ « accord préliminaire » prévoyant une levée partielle des sanctions en échange d’actes significatifs de bonne volonté de l’Iran, revient à jouer avec le feu. Cette attitude constitue, en outre, une caution inespérée pour les élus républicains américains foncièrement hostiles à l’Iran, et dont une bataille offensive au Congrès peut faire échouer tout accord futur.
Comment expliquer semblable aventurisme de la part de la France, avec qui les nouveaux dirigeants iraniens soulignaient il y a peu « le potentiel énorme » de coopérations possibles? Est-ce le produit de la volonté de « compter » en se singularisant? Est-ce une forme de revanche après le camouflet qu’a représenté pour Paris , alors à la pointe d’un projet d’intervention militaire contre Damas, l’accord américano-russe sur l’élimination des armes chimiques en Syrie? Est-ce un signe adressé aux dirigeants du Moyen-Orient qu’arrangerait une marginalisation durable de cette grande nation au rayonnement potentiellement puissant qu’est l’Iran -pensons aux grands démocrates au pouvoir dans les monarchies du Golfe ou en Israël…? Quoiqu’il en soit, exiger de l’Iran , comme l’a fait Paris, le renoncement à des mesures qu’aucune législation internationale n’interdit n’est pas acceptable. Il en va ainsi de la question de l’enrichissement (jusqu’à 20%) de l’uranium, autorisé par le Traité de Non Prolifération Nucléaire , dès lors que les inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique ont la possibilité de vérifier sur place qu’il s’agit bien d’activités purement civiles et pacifiques -ce que le ministre des Affaires Etrangères iranien a confirmé. Ajoutons que les postures de matamore n’ont pas tellement réussi aux Occidentaux jusqu’ici: entre le début des sanctions et aujourd’hui, les centrifugeuses pour l’enrichissement de l’uranium en Iran sont passées de 160 à…19000. Mieux vaut donc négocier.
Une nouvelle occasion va se présenter à cet égard autour du 20 novembre prochain. Espérons que d’ici-là la sagesse prévale et que la France sache témoigner à temps au peuple iranien ce à quoi il aspire plus que tout: le respect, la confiance et l’égalité de traitement.
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