LA BRÈCHE
30 janvier 2015 at 12:05 Laisser un commentaire
À partir de maintenant, le combat -certes de longue haleine!- pour « changer l’Europe » devient un objectif concret, tangible et à effet immédiat ! Le peuple grec et sa force de gauche, Syrisa, viennent d’ouvrir une brèche sans précédent dans une forteresse réputée inexpugnable : cette « Europe libérale », dont la majorité des Françaises et des Français avait, il y a bientôt dix ans, par un investissement citoyen exemplaire, ébranlé les fondements. Toutes les aspirations sociales, écologiques et démocratiques qu’elle avait alors foulées aux pieds n’ont fait, depuis, que s’exacerber de pays en pays , jusqu’à faire craquer enfin la carapace de la coalition des puissants . Merci au peuple grec, à Syrisa et à son Président ! Leur réussite est désormais un enjeu stratégique pour tout le « peuple de gauche ». Face à la caste dirigeante européenne , pour laquelle il est inconcevable que son pouvoir absolu puisse être menacé, il va falloir être à la hauteur de nos nouvelles responsabilités. Il en va de nos propres réussites futures. Nous bénéficions pour cela de précieux enseignements de l’expérience grecque.
Le premier d’entre eux, c’est la force incomparable que représente la mobilisation d’un peuple, dès lors qu’elle est large et politiquement déterminée, pour faire avancer le débat d’idées ! Avez vous remarqué le nombre d’observateurs , y compris parmi ceux peu suspects de sympathie excessive pour Syrisa, qui ont, ces derniers jours, soudain découvert « le bilan social calamiteux du plan de sauvetage » de la Troïka; « les nombreuses erreurs et mensonges des gouvernements européens » durant ces « six années humiliantes et épuisantes »; « la gestion du cas grec mal engagée depuis le premier jour (1) ; ou qui relèvent que « le fait que le poids de la dette grecque est difficilement soutenable (…) fait son chemin » (2) . On ne saurait que s’en réjouir ! Mieux vaut tard que jamais… Même le très orthodoxe Rédacteur en chef de l’Agence « Europe », a récemment reconnu du bout des lèvres, à propos des prêts consentis à la Grèce, que « les bénéficiaires de ces opérations sont parfois (sic) les banques qui les effectuent ». Quant au Président du groupe socialiste au Parlement européen, Gianni Pittela, réagissant aux menaces d’Angela Merkel à l’égard de Syrisa, il a jugé « inacceptable que les forces de droite allemandes tentent de se conduire en Grèce comme un shérif ». La seule perspective de la victoire d’une gauche authentique a fait sauter de vieux blocages de la pensée. À méditer.
Une deuxième leçon à retenir de l’expérience grecque est, à mes yeux, la capacité remarquable qu’a montrée Alexis Tsipras à déjouer le piège tendu à la fois par le leader de la droite grecque, Samaras, et les principaux dirigeants européens, visant à le faire passer pour un « gauchiste » ignorant les rapports de force , prônant des mesures démagogiques et conduisant le pays à l’isolement. Le leader de la gauche grecque s’en est tenu avec une calme assurance au quatre piliers de son programme -« la lutte contre la crise humanitaire; la relance de l’économie; la reconquête du travail; la réforme de l’Etat »- et à des mesures précises totalement indiscutables. Il s’est montré, sur cette base, ouvert à des négociations européennes et prêt à des compromis acceptables. Son autorité incontestée doit beaucoup à cette intelligence politique.
Félicitations et bon vent !
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UNE REPONSE DE GAUCHE A LA MONDIALISATION « LA FRANCE DOIT CHANGER DE POLITIQUE INTERNATIONALE »
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