TAFTA : DÉCIDÉMENT, LA FATALITÉ N’EXISTE PAS !

8 septembre 2016 at 8:47 Laisser un commentaire

wurtz-l-humanite-dimancheQue conclure de l’annonce successive , fin août, par le patron des sociaux-démocrates allemands puis par le gouvernement français , d’un « échec » du TAFTA ( négociations pour l’ouverture d’un grand marché transatlantique ) ?
D’abord, qu’un vieux principe du mouvement ouvrier conserve  -à condition de l’adapter à la complexité nouvelle du combat pour l’émancipation sociale- toute son actualité : « la lutte paye ! » Sans les impressionnantes mobilisations , à la fois dans la rue et sur les réseaux sociaux ; sans les innombrables débats de fond dévoilant les enjeux de société de ce projet titanesque ; sans les coopérations , voire les coordinations, des partis et mouvements progressistes à l’échelle de l’Union européenne, pour mutualiser les expériences, l’accord aurait été conclu avant le terme du mandat de Barack Obama
. Les négociateurs européens auraient, comme d’habitude, recouru à la méthode bien connue du « donnant-donnant ». Exemple : « Si vous, Américains, vous cédez sur l’une de nos principales demandes en ouvrant les marchés publics américains à nos multinationales, nous « assouplissons » en retour les standards européens en matière sociale, sanitaire ou environnementale pour faciliter vos exportations vers l’Europe. Ou bien nous ouvrons plus largement nos marchés agricoles à la concurrence pour répondre à l’attente de votre « agro business ». Ou encore nous levons quelques « tabous français » en matière culturelle »pour permettre à vos puissantes industries du secteur de gagner encore des parts de marchés en Europe. Et, bien sûr, nous acceptons les « tribunaux d’arbitrage » pour protéger les investisseurs comme nous l’avons souvent fait lors d’autres négociations commerciales »…C’est ce traditionnel jeu de dupes que la politisation de millions de citoyens européens a fait voler en éclats. C’est un grand succès !

Dans le même temps, l’expérience nous apprend que les forces du capital n’abandonnent jamais définitivement un objectif qu’elles jugent stratégique. Cela vaut pour le TAFTA. Certes, le ministre français du commerce extérieur, Matthias Fekl, a affirmé vouloir demander fin septembre à la Commission un « arrêt clair, net et définitif » des négociations . Mais ce fut pour ajouter un peu plus loin qu’il faudra les « reprendre plus tard sur de bonnes bases »! Nous voilà prévenus. Quant à François Hollande, il devra nous expliquer pourquoi, pas plus tard que le 30 juindernier, lorsque la Commission européenne a posé à tous les Chefs d’Etat et de gouvernement la question: devons-nous arrêter ou poursuivre les négociations sur le TAFTA, le Président de la République  a, comme tous les autres, répondu : « poursuivre »!

C’est dire s’il faut rester vigilants ! Et notamment garder à l’esprit deux enjeux voisins de ceux du TAFTA sur lesquels le gouvernement est muet . Et pour cause ! Le premier est le traité CETA ( UE-Canada ) qui ressemble tant au projet de traité UE-USA qu’on l’appelle « le cheval de Troie du TAFTA ». Or la Commission prévoit que les 28 Etats de l’UE le signent sous peu. Puis ce sera au tour de chaque parlement national -en plus du parlement européen- de le ratifier…ou de le rejeter. Une bataille à ne pas manquer ! Le second enjeu de même nature à suivre attentivement est l’Accord TISA sur le commerce des services, en négociation depuis trois ans dans l’opacité la plus totale entre une cinquantaine de pays du monde dont les 28 de l’UE.

Mais le plomb dans l’aile du TAFTA montre qu’aucune bataille n’est perdue d’avance ! Il y a trois ans, lorsque le TAFTA nous était présenté comme un projet irrésistible des deux grandes puissances commerciales, nous écrivions ici-même : « les jeux ne sont pas faits.Les contradictions en présence sont énormes. D’autres  offensives pour le même projet ont échoué. Celle de 1995 fut enrayée par le véto français sur l’AMI (Accord Multilatéral sur l’Investissement).Celle de 1998 s’enlisa avec la guerre d’Irak en 2003 et le refroidissement des relations avec Washington.Celle de 2007 se fracassa sur la crise financière.Celle d’aujourd’hui doit être contrée par un appel résolu à l’intelligence des citoyens et l’exigence d’un vrai débat démocratique sur l’Europe qu’ils appellent de leur voeux. » (1) Nous y sommes. La fatalité n’existe pas.
——-
(1) « Le « Grand marché transatlantique: attention danger ! » (Humanité-Dimanche 18/2/2013)

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