EMMANUEL MACRON, AIGUILLON SOCIAL DE L’EUROPE ?
26 octobre 2017 at 9:15 Laisser un commentaire
Le Président de la République fait grand cas de son prétendu rôle personnel dans la bataille pour la révision de la directive européenne sur les travailleurs détachés. Dans le discours très médiatisé qu’il a récemment tenu à la Sorbonne, il a parlé à ce propos du « combat que JE mène aujourd’hui (…) pour revoir cette directive ». Dans la foulée, il avait ajouté, dans la même veine, qu’à ses yeux, il fallait « une discussion concrète » sur ce qu’est le « socle social européen ». Il a même, d’emblée, formulé une proposition : « définir un salaire minimum adapté à la réalité économique de chaque pays ». Le « Président des riches » se révèlerait-il être en fait un authentique aiguillon social de l’Europe ? Pas vraiment .
Reprenons chacune de ces affirmations. La définition d’un « socle social européen » ? Emmanuel Macron ne fait là que reprendre à son compte , quasiment mot pour mot, une idée lancée par la Commission européenne il y a deux ans , qui a donné lieu à une initiative au mois d’avril dernier, sous la forme d’un texte intitulé : « le socle européen des droits sociaux » et décliné en « 20 principes clés » axés autour de trois thèmes : « accès au marché du travail »; « conditions de travail équitables »; « protection et insertion sociales ». Prenant tardivement conscience de la profondeur de la crise de confiance entre la majorité des Européens et l’UE, la Commission européenne a également avancé une série de propositions concrètes. Il s’agit de toute une série de normes sociales minimales qui , si ces projets étaient adoptés par les gouvernements et les députés européens , s’appliqueraient dans toute la zone euro ou dans toute l’UE : elles concernent le congé parental ; le congé de paternité ; les jours de disponibilité à accorder pour s’occuper d’un proche; la révision de la directive sur le temps de travail de 2003 (et qui comporte tellement de dérogations patronales que la Commissaire concernée reconnait elle-même que « plus personne ne sait quelles sont les obligations des employeurs ») . Ces (petites) avancées ne doivent donc rien, à ce stade, au Président français !
Il en va de même de SA proposition d’un salaire minimum dans chaque pays membre. Il faut savoir que cette proposition…de Jean-Claude Juncker est sur la table du Conseil européen depuis janvier de cette année !
Quant au projet de révision de la directive sur le détachement des travailleurs -dont Emmanuel Macron s’attribue allègrement l’initiative- , elle est en cours de discussion dans les institutions européennes depuis…le mois de mars 2016 ! Ce texte affirme pour la première fois le principe : « A travail égal salaire égal » (même si le problème du paiement des cotisations patronales dans le pays d’origine du travailleur « détaché » reste entier). Le Président français prend donc là encore le train en marche, tout en faisant beaucoup de bruit médiatique à ce sujet, sauf sur un point : la prétention du très réactionnaire Premier Ministre espagnol, Mariano Rajoy, de ne pas appliquer ce principe d’égalité salariale aux entreprises du transport routier en Europe , qui resteraient dès lors libres de poursuivre la pratique du dumping social sur le dos des chauffeurs-routiers ! Sur l’Europe, Jupiter a le verbe facile, mais les actes hésitants…
Trackback this post | Subscribe to the comments via RSS Feed