Archive for 20 octobre 2019

LES TROIS LEÇONS DE « L’AFFAIRE GOULARD »

wurtz-l-humanite-dimanche« Sylvie Goulard doit expliquer pourquoi une enquête qui l’a contrainte à démissionner de son poste de ministre en France ne l’empêcherait pas de devenir commissaire européenne »: comment Emmanuel Macron a-t-il pu supposer que cette question de bon sens ne serait pas posée à sa candidate au poste de Commissaire lors de ses auditions par les parlementaires européens ? D’autant qu’à ce qui avait été reproché à l’ex-Ministre de la Défense venait de s’ajouter désormais un autre grief -et de taille- : celui d’avoir touché 10 000 € par mois de la part d’un grand lobby américain durant son mandat de députée européenne.  La sous-estimation par l’Elysée du handicap que représenterait ce passif dans une période où la question du rapport entre éthique et politique est devenue particulièrement sensible constitue une première leçon à retenir de « l’affaire » Goulard. Il ne suffit pas de se gargariser de belles paroles sur le « nouveau monde » pour s’imposer. Comme le disait Engels, « la preuve du pudding, c’est qu’on le mange ». 
Mais il y a un deuxième enseignement à tirer de ce fiasco politique de la « Macronie »: l’arrogance des « élites » françaises suscite un véritable phénomène de rejet en Europe ! Celle du Président de la République est suffisamment connue pour qu’il ne soit pas nécessaire de s’y appesantir. On se souvient aussi de la finesse de la tête de liste LREM aux élections européennes, Nathalie Loiseau. Elle avait dû renoncer à son poste -pourtant virtuellement garanti- de Présidente du groupe libéral européen, suite aux propos immodestes et insultants dont elle avait usé à propos de ses propres collègues ! Quant à Sylvie Goulard elle-même, elle n’a pas trouvé mieux que de répondre à ceux qui l’interrogeaient sur la contradiction entre sa démission du gouvernement français et sa candidature à la Commission européenne alors que l’enquête en cause à l’époque était toujours en cours : « Les standards sont plus élevés en France qu’au niveau européen. Vous ne voudriez pas qu’on impose aux autres pays les standards français » ! Outre la grossièreté du propos, on relèvera l’énormité de la bourde, quand on sait, par exemple, que dans les pays nordiques, les ministres ne bénéficient ni d’une voiture ni d’un appartement de fonction et peuvent être poussés à la démission pour une peccadille…
L’ « affaire » révèle enfin à qui l’ignorait une troisième réalité -que « l’Européen » Macron n’aurait pas dû oublier- : le Parlement européen dispose de pouvoirs non négligeables , y compris en matière de contrôle de la Commission. Sans son aval, un ou une Commissaire ne peut entrer en fonction ni la Commission tout entière entamer son mandat. Si le Parlement le décide, toute la Commission peut même être renversée. Il est donc particulièrement déplacé -et très marqué « ancien monde »- de reprocher, comme l’a fait Emmanuel Macron à la Présidente de la Commission, de ne pas tenir ses troupes, sa concertation avec deux présidents de groupe (droite PPE et social-démocrate) n’ayant finalement pas permis de faire adouber, comme prévu, Madame Goulard ! Eh oui : les élus européens  ne sont pas soumis aux arrangements politiciens des « premiers de cordée ». 

20 octobre 2019 at 6:07 Laisser un commentaire


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