LA TORPILLE DES JUGES ALLEMANDS RELANCE LE DÉBAT SUR LA BCE
14 mai 2020 at 11:24 Laisser un commentaire

C’est un ultimatum sans précédent que les 8 juges de la Cour constitutionnelle allemande viennent d’adresser à la Banque centrale européenne (BCE). Celle-ci est sommée de prouver « dans les trois mois » qu’en lançant en 2015 son programme de rachat de titres de dettes des Etats de la zone euro, elle n’a pas outrepassé son mandat (qui lui interdit de financer des Etats membres). Faute de quoi, la Cour de Karlsruhe menace d’ ordonner à la Banque centrale allemande (première actionnaire de la BCE) de se retirer de ces rachats de titres et de revendre les 534 milliards d’euros d’obligations publiques qu’elle détient ! En clair, les juges allemands reprochent à la BCE d’avoir aidé financièrement les pays d’Europe du Sud au détriment des « actionnaires, propriétaires, épargnants ou détenteurs de police d’assurance » allemands, lésés par la baisse des taux d’intérêt qu’a entraînée l’action de la BCE !
Cela ressemble fort à une bombe à retardement ! En effet, ce jugement va encourager d’autres recours contre la BCE. Celle-ci ne vient-elle pas, face à la crise du coronavirus, de prendre l’initiative d’un nouveau programme de rachats massifs de dette publique ? Circonstance aggravante, aux yeux des adeptes de l’orthodoxie monétaire : elle a, cette fois, expressément privilégié les pays du sud de l’Europe (en plus grande difficulté) en rachetant beaucoup plus de dette italienne, française ou espagnole qu’allemande. Il y a peu de chances que la BCE, jalouse de son « indépendance », ne plie devant la Cour allemande. Mais les pressions sur elle risquent fort de s’accentuer. La torpille que viennent de lancer les juges constitutionnels allemands relance spectaculairement le débat sur le rôle à faire jouer à la BCE !
Attention dans ce contexte, à ne pas confondre deux types de critiques -diamétralement opposés- qui sont adressées à cette dernière ! D’un côté, celui dans lequel excelle le courant national-libéral allemand, rejoint, de ce côté-ci du Rhin, par la droite anti-européenne : pas question de mettre le doigt dans ce qui pourrait conduire, même modestement, à une logique de solidarité et de résistance commune aux pressions des marchés financiers ! De l’autre, celui que porte, en France, de longue date, le PCF et qu’expriment d’une façon ou d’une autre des voix de plus en plus nombreuses : la monnaie créée doit être impérativement assortie de critères qui l’orientent vers la création de richesses. Ces masses d’argent doivent permettre de financer gratuitement (voire, dans certains cas, à taux négatif) des investissements publics pour sécuriser l’emploi, développer la formation et la recherche, favoriser la transition écologique, promouvoir les services publics et les biens communs de l’Union (santé, climat, industrie…) Depuis plus de dix ans, le PCF (puis, à son initiative, toutes les composantes du Parti de la Gauche Européenne) proposent dans cet esprit la création d’un « Fonds européen de développement social, environnemental et de solidarité » financé grâce à la création monétaire de la BCE et placé sous un contrôle démocratique. C’est le moment ou jamais de relancer ce débat.
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JE VEUX RENDRE HOMMAGE À CECILE ROL-TANGUY, UNE FIGURE DE LA RÉSISTANCE QUI A, TOUT AU LONG DE SA VIE, FAIT HONNEUR À SON PARTI ET À LA FRANCE
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