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« PLAN DE RELANCE » DE L’UE : POURQUOI CETTE LENTEUR ?
Huit mois déjà que les 27 Etats membres de l’Union européenne se sont mis d’accord sur le fameux « Plan de relance » de 750 milliards d’euros, dont 390 milliards de subventions. Cet argent est majoritairement destiné aux pays les plus durement touchés par la pandémie et la crise économique et sociale qui l’accompagne.
C’est donc immédiatement qu’ils ont besoin d’aide…et pourtant, on attend toujours que le premier euro leur soit effectivement versé ! « Bureaucratie européenne ! » est-on tenté de s’écrier. Pas sûr. Voyons de plus près où le bât blesse.
En premier lieu, le choix a été fait d’emprunter cette somme considérable sur les marchés financiers, plutôt que de faire appel à la création monétaire de la Banque centrale européenne -un tabou qui ne relève pas de la simple bureaucratie, mais d’une idéologie néolibérale particulièrement rigide (« l’ordolibéralisme » allemand ) , ce qui est bien plus grave. Il en résulte que les 27 parlements nationaux (et les parlements régionaux là où ils existent) doivent ratifier l’accord pour autoriser la Commission européenne à emprunter en leur nom. Or, le 21 avril dernier, pas moins de 10 pays membres n’avaient toujours pas voté sur ce texte !
En outre, le versement de telles sommes nécessite un contrôle du respect des critères (un peu vagues) décidés en commun pour l’utilisation des financements : 37% doivent s’inscrire dans les priorités environnementales (notamment climatiques) ; 20% dans la transition numérique; par ailleurs, l’ « État de droit »doit permettre de s’assurer que les fonds européens n’atterrissent pas dans des circuits parallèles, etc…La Commission de Bruxelles a donc été chargée de vérifier avec chaque État membre la bonne application de ces règles . Si elle s’en était tenue à cela, on pourrait, certes, parler de bureaucratie, mais, pas condamnable dans son principe. Beaucoup plus grave a été la volonté de la Commission d’imposer une condition supplémentaire à l’obtention des crédits : celle d’appliquer ses « recommandations » du type « réformes structurelles », qui ont donné lieu à de longs bras de fer avec certains gouvernements !
Cerise sur le gâteau -qui, cette fois, n’est pas imputable à « l’Europe » : le 26 mars dernier, la Cour constitutionnelle allemande -saisie par l’un des co-fondateurs du Parti d’extrême-droite AfD pour vérifier si ce « Plan de relance » n’entraînait pas des risques financiers pour l’Allemagne…- suspendait la ratification de Berlin pendant près d’un mois !
Aux dernières nouvelles, l’argent commencera à être débloqué en juillet…Il restera alors un dernier défi à relever dans les années à venir : trouver de nouvelles ressources financières pour l’UE, pour rembourser -progressivement, entre 2028 et 2058- les 390 milliards de subventions à la place des États bénéficiaires.
Le débat est lancé à ce propos. C’est le moment de relancer l’exigence de mesures telles que la taxe sur les transactions financières ou la taxe « GAFAM » sur les géants du numérique . Quant à un impôt conséquent sur les profits et les fortunes, utilisons sans modération l’ « effet Biden » sur les Européens ..
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