Archive for 23 décembre 2021
MIEUX CONNAÎTRE LE MONDE, POUR AGIR ET NON SUBIR.
On entend dire que les questions internationales sont les parents pauvres de la campagne présidentielle parce que « les gens ne s’y intéressent pas » . De fait, comment ne pas être assommé par le lot quotidien des souffrances humaines qui font une bonne partie de l’actualité internationale et viennent s’ajouter à sa propre incertitude du lendemain ! Sans grille de lecture pertinente ni perspective d’action, cette avalanche de sombres nouvelles risque fort d’alimenter le sentiment frustrant de subir les événements sans la moindre prise sur leurs sources ni sur les réponses à leur opposer. Or, à l’ère des interdépendances où nous vivons, nous ne pouvons pas nous permettre d’ignorer les enjeux internationaux, car notre propre vie en dépend . Aussi gagnons-nous toutes et tous, pour commencer, à s’approprier quelques repères du monde contemporain.
A cet égard, le dernier livre de Pascal Boniface et Anne Sénéquier -« La géopolitique, tout simplement »(1)- est à signaler. Dans un style et une présentation agréables et résolument « grand public », avec une iconographie et une cartographie généreuses, les auteurs s’attachent à proposer de courtes synthèses sur une trentaine de sujets autour de trois axes clairement repérables : les étapes marquantes de l’évolution des relations internationales depuis la fin de la seconde guerre mondiale; les grands traits de la situation actuelle dans les principales puissances ou régions du monde; enfin un regard transversal sur les enjeux mondiaux de notre époque. Si l’on ne partage pas nécessairement toutes les analyses produites , le souci pédagogique des auteurs est à saluer. Il permet à chaque lectrice ou lecteur d’enrichir ses connaissances, qui sur le climat ou la santé publique, qui sur l’énergie ou le monde cyber…Un livre utile, donc, pour nous éclairer sur le monde d’aujourd’hui .
Le livre refermé, il appartiendra à tout un chacun de prolonger sa lecture par ses propres réflexions : par exemple, ne faut-il pas remettre en cause la conception des relations internationales avant tout fondées sur les rapports de force , fussent-ils enrobés de beaux principes ? Certains « intérêts nationaux » sont-ils légitimes quand ils contredisent, dans les faits, les intérêts de l’humanité dans son ensemble ? Que dire de la sacralisation des frontières qui fait « a priori » des « étrangers » qui frappent à la porte d’indésirables intrus potentiels ? Quel crédit peut-on apporter aux croisades « pour la démocratie » menées dans un esprit de « camp contre camp » digne de la guerre froide ? Bref : cessons de considérer les relations internationales comme un jeu à somme nulle, où les gains de l’un résulteraient nécessairement des pertes de l’autre. Le monde a besoin de mesures de confiance qui apaisent les relations et non de débordement d’arrogance qui attisent les tensions. Il a besoin de signes d’égalité et non d’affirmation de puissance , ainsi que de respect des autres et non d’humiliations. Au pseudo-règlement des conflits par la voie militaire, préférons leur prévention en traitant à temps les dynamiques sociales qui les nourrissent. Enfin, plutôt que de concéder aux États le quasi-monopole de l’action internationale, rendons justice aux innombrables initiatives des associations et des acteurs locaux. Et gageons, alors, que « les gens » auront un autre regard sur la politique, qu’elle concerne la France ou le monde.
—————(1) Editions Eyrolles, 2021 (300 pages, 26 euros.)
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