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LA PRÉSIDENCE FRANÇAISE DE L’UE EN 10 REPÈRES
Pour la première fois depuis 2008, c’est au tour de la France -après la Slovénie et avant la République tchèque- de présider pendant les six prochains mois le Conseil européen des 27 Chefs d’Etat et de gouvernement.
Cela ne confère pas à Paris de pouvoirs spéciaux, les décisions étant collectives et le fruit de longues négociations, tant entre les Etats membres qu’avec le Parlement européen, en coopération avec la Commission européenne. Certes, un Président français, un Chancelier allemand ou un Président du Conseil italien peut y trouver, plus facilement que leurs homologues de pays moins influents, l’occasion de prendre des initiatives politiques marquantes , de pousser tel dossier qu’il juge prioritaire, de stimuler le débat sur les changements qu’il estime nécessaire de promouvoir…
Il n’en fallait pas plus pour qu’Emmanuel Macron dresse devant les journalistes un panorama de « priorités de la France » digne d’un programme de super-Leader de l’Europe pour les deux prochains quinquennats, quitte à s’attribuer le mérite de projets élaborés à 27. Dans cette fresque luxuriante, il nous faut donc démêler les mesures concrètes de la communication politique.
Nous y retiendrons 10 repères, à suivre de près durant le prochain semestre…
Le Président de la République a choisi de commencer son récit par le « défi migratoire » -un thème qu’il estime sans doute porteur dans la campagne électorale. Les Etats de l’UE sont, du reste, d’ores et déjà d’accord pour… renforcer le contrôle des frontières et les « reconductions » de migrants.
En matière de défense européenne, ensuite, l’accord se fera vraisemblablement sur l’évaluation des « menaces » et quelques objectifs « stratégiques » communs -évidemment sans la moindre remise en cause de l’OTAN. Le troisième point mérite intérêt : celui -déjà engagé depuis plusieurs années- des investissements dans des filières industrielles d’avenir ( hydrogène vert, batteries pour voitures électriques, espace, semi-conducteurs, santé…) pour réduire la dépendance de l’Europe dans les domaines clés.
Ces investissements pourraient ne plus être comptés dans les « dettes publiques excessives ». D’autres projets intéressants sont en discussion, tels que la taxe carbone aux frontières (destinée à contrer la concurrence d’entreprises étrangères soumises à des normes environnementales moins strictes que les nôtres) ; la taxation des multinationales au taux minimal de 15%; la régulation des grandes plates-formes numériques ( du type des Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft…) ou encore l’instauration de « salaires minimaux adéquats » dans l’UE (dont il ne faut, cependant, pas attendre qu’ils terrassent le dumping social !) À l’opposé, est réaffirmé avec force l’objectif d’une « Europe financière intégrée ».
Enfin, l’accent mis sur « la relation avec l’Afrique » et « le réengagement » dans les Balkans est en rapport direct avec l’influence acquise par la Chine dans ces régions : il reste à voir le contenu de ces dernières « priorités ».
On notera pour finir l’évocation express (moins d’une seconde !) par Emmanuel Macron d’un enjeu aussi essentiel et actuel qu’une « Union de la santé publique ».
Au total, un agenda qui nous rappelle que l’Europe est un terrain d’intervention politique plus incontournable que jamais.
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